L’intérêt grandissant des autorités sanitaires à la filière indienne pour s’approvisionner en médicaments ne cesse de susciter des interrogations compte tenu du passif de cette filière en Algérie. En effet, malgré les multiples défaillances des laboratoires indiens en Algérie, le ministre de la Santé vient de les solliciter à nouveau pour fournir un stock de médicaments en rupture dans les plus brefs délais.
Il est à rappeler que le représentant du laboratoire indien Sérum Institute of India a été condamné par le tribunal d’Alger pour l’importation de vaccins périmés par l’Institut Pasteur ; le laboratoire Okasa a été mis en cause pour avoir fourni un médicament générique n’obéissant à aucune norme nationale ou internationale et qui avait causé le décès de quatre personnes au Centre Pierre et Marie-Curie d’Alger.
Cependant, la demande du ministère de la Santé vient d’être rejetée par un grand laboratoire indien. Ce dernier aurait précisé son incapacité de fournir toute la liste des médicaments manquants dans un délai ne dépassant pas les 20 jours, selon nos sources, qui précisent qu’il y a un autre motif pour le refus signifié et qui consiste en une clause du contrat proposé relative à une forte amende en cas de non-respect des délais de livraison.
Pourquoi cet intérêt alors ? la question reste posée et les différentes supputation surgissent surtout suite à la réclamation qui aurait été transmise par les grands laboratoires étrangers et même des laboratoires nationaux concernant l’attribution «contestée» de la PCH en février dernier d’un grand marché d’approvisionnement en médicaments à une firme indienne qui n’a même pas de représentativité en Algérie. L’avis d’appel d’offres national et international lancé par la Pharmacie centrale des hôpitaux il y a plus d’une année pour l’approvisionnement en médicaments a été attribué à une firme indienne.
Cette firme, selon les spécialistes, dispose dans sa gamme d’une trentaine de produits dont les dossiers d’enregistrement n’ont été introduits qu’après l’ouverture des plis et ces produits ont été enregistrées uniquement pour ce marché, ceci en contradiction aux dispositions du cahier des charges de la PCH adopté par le conseil d’administration en 2010 et le code des marchés publics sur instruction du chef de cabinet du ministre de la Santé, et ce, en plus des prix affichés qui ne sont pas compétitifs.
Plusieurs grands laboratoires se sont indignés, mais pour des raisons de «politique d’investissement», ils ont préféré diffuser l’information de manière plus discrète en soumettant les dossiers à des câbles journalistiques. Mais dernièrement, l’on évoque avec insistance la dénonciation de ce marché par le biais d’une correspondance adressée au Premier ministre en personne. Le dossier transmis tient compte des produits de cette firme indienne qui doivent obligatoirement être 30% moins chers que les produits princeps selon la réglementation algérienne, mais ils ne le sont pas en réalité.
I. T.