Plusieurs facteurs ont favorisé la tension sur l’essence sans plomb et le gasoil.
La semaine dernière, différentes régions du pays ont connu une vive tension sur les carburants. Elle était visible dans les stations-services qui étaient littéralement prises d’assaut par des automobilistes. Il faut savoir que le réseau national de stations-services comprend entre 2250 à 2300 stations, dont 1500 à 1600 sont privées. Pour sa part, Naftal dispose entre 600 à 700 stations, dont 300 sont en gérance libre. Au-delà des chiffres, il est utile de relever la nature du réseau des stations-services, notamment dans la capitale qui a vécu la tension. En effet, les stations-services de la capitale sont dans leur majorité vétustes, avec une faible capacité de stockage. En plus, plusieurs stations-services ont été fermées, soit à cause de la réalisation de certains projets publics, tels le métro et le tram, soit pour des motifs sécuritaires. Selon un propriétaire de station-service, l’extension des capacités est soumise à une autorisation qui souvent n’est pas accordée. Même à la périphérie, il y a des problèmes d’autorisation. Par ailleurs, les investisseurs ne sont pas incités à investir dans les stations-services, parce qu’elles ne sont pas rentables. Les marges sont administrées et n’ont pas évolué depuis une décennie. Les différents dépôts de stockage de carburants du pays sont approvisionnés, faut-il le rappeler, à partir des raffineries d’Arzew et de Skikda, en plus des grosses quantités importées. Les quantités de carburants transférées par cabotage (transfert maritime) de la raffinerie de Skikda subissent les aléas météorologiques. Pour Alger, l’approvisionnement de fait essentiellement par voie maritime. Et il suffit d’un contre-temps pour créer la tension. Comme confirmé par l’Epal (Entreprise portuaire d’Alger) à travers un communiqué, un BMS de l’ONM (Office national de la météorologie) pour trois jours, à compter du 5 avril, avait contraint deux “tankers” à rester en rade par mesure de sécurité. Sur la base du bulletin météorologique spécial de l’ONM reçu le 5 avril par l’Epal et qui fait état de l’arrivée d’une grande tempête de force 8, avec des vents violents de nord-est et est pour une durée de 3 jours, le port d’Alger avait mis en exécution les mesures urgentes et nécessaires en maintenant en rade ces deux tankers. Les deux pétroliers transportant du carburant ont été autorisés à partir de mercredi 8 avril, à titre exceptionnel et prioritaire et malgré les conditions météorologiques difficiles, à accoster en vue de leur déchargement. Cette situation soulève le problème de la dépendance de la distribution, notamment au Centre, de l’approvisionnement maritime, d’autant que les capacités de stockage sont minimes. D’ailleurs, le ministre de l’énergie et des Mines, Youcef Yousfi, qui s’est exprimé jeudi dernier, a reconnu le déficit actuel de notre pays en matière de stockage des produits pétroliers. Ce qui est à l’origine des tensions cycliques sur le carburant. Selon les capacités actuelles, notre pays ne dispose que d’une autonomie de 7 à 10 jours. “Si un dysfonctionnement est constaté au niveau des ports pendant cinq jours, il y aura forcément une tension sur les stations-services”, avait-il expliqué. Derrière cette tension qui a provoqué le rush des citoyens sur les stations-services, n’y a-t-il pas un problème de maîtrise et d’anticipation de la demande ? Saïd Akrètche, PDG de Naftal, avait affirmé que “rien ne justifie la crainte des automobilistes à se précipiter vers les stations. Le carburant est disponible suffisamment et le système de distribution fonctionne correctement”. Reste que les scènes des files d’attente constatées dans les stations-services étaient là pour faire douter des propos du P-DG. Voir les stations tomber en rupture de stock, dès la fin de la matinée, pouvait suggérer qu’elles n’ont pas disposé de leur quota habituel. Selon des responsables de certaines stations-services, “la quantité des carburants mise sur le marché est insuffisante depuis quelque temps. Ce qui a engendré une grande tension”.