À l’orée de ses 72 ans, et à quelques jours de la célébration du 108e anniversaire de la Journée mondiale de la femme, Nouara, la prima donna de la chanson kabyle, vient d’être glorifiée par l’Onda (Office national des droits d’auteur et droits voisins), à l’issue d’un récital musical animé samedi dernier au théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa, en présence d’une panoplie de personnalités du monde de la culture. À l’occasion, un trophée lui a été remis par le directeur général de l’Onda, Sami Bencheikh El-Hocine, en guise de reconnaissance pour sa dévotion pour la culture en général et la chanson kabyle en particulier durant ses 54 ans de carrière artistique.
Nouara est l’une de ces femmes ambassadrices de la culture algérienne en général et kabyle en particulier. Sa voix eurythmique a su se cramponner à l’auditoire et mystifier le monde artistique. Surnommée “la diva de la chanson kabyle”, cette dernière s’illustre par son attachement indescriptible aux traditions de sa Kabylie natale. Native de Azazga (wilaya de Tizi Ouzou), le 15 août 1945, Nouara, de son vrai nom Hamizi Zahia, a vécu aux côtés de sa famille à la Casbah, dans la capitale. À peine adolescente, elle commença à côtoyer le monde artistique, en 1963, en participant à l’émission enfantine animée par Abdelmadjid Bali avec de petites chansons comme Afus afus a laâmbar. Arriva ensuite le “Music Hall”, une émission de Taleb Rabah où elle chantonnait les chants de Bali en plus du courrier des auditeurs qu’elle lisait sur antenne. Sa voix surprenante n’a pas tardé à lui ouvrir la brèche vers le grand monde artistique tant elle a fomenté l’intérêt chez ceux qui pilotaient ce volet, à l’instar de Cherif Kheddam qui l’avait découverte.
Sans ambages, ce dernier sollicita alors ses talents avant de la perfectionner davantage pour faire d’elle une vraie star. Ainsi, beaucoup d’artistes ont remarqué que les textes et la musique de ce grand maître, ainsi que cette voix d’une rareté absolue ont fait de Nouara la vedette de l’auditoire kabyle. Elle a chanté l’amour, les droits de l’humain, la cause berbère et surtout la femme avec abnégation. Sa célébrité a aussi fait d’elle une chanteuse briguée par des chanteurs et compositeurs de renom, comme Medjahed Hamid, le poète Ben Mohamed, Ahcène Mezani, Hacène Abassi, Matoub Lounès, Farid Ferragui…
Cependant, en plus de la chanson, Nouara est connue dans le domaine de la comédie, dans la mesure où elle avait interprété plusieurs rôles dans des pièces de théâtre diffusées sur les ondes de la radio Chaîne 2. C’est d’ailleurs sur ces mêmes ondes qu’elle animait, durant les années soixante-dix, Urar Lkhalath (chorale féminine). Pour revenir à la chanson, autant reconnaître que Nouara s’est distinguée notamment dans ses duos avec Cherif Kheddam avec lequel elle avait partagé des couplets sublimes comme Nemfaraq ur nxemmem (on s’est quitté sans réfléchir)… Nonobstant, son répertoire a longuement fait vibrer le cœur des auditeurs qui étaient et sont nombreux à la comprendre. Conjuguant la voix à la parole, Nouara a séduit plus d’un avec Win i tûzadh yedjak iruh (Tu es abandonnée par celui que tu respectais), Lewjab ik m id yehder yidh (J’appréhende la tombée de la nuit).