Finalement, le déplacement de Bouteflika à Club-des-Pins, jeudi dernier, n’est pas synonyme d’une reprise de ses sorties publiques qu’il n’effectue plus depuis son AVC.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui s’était rendu, il y a moins d’une semaine, à Club-des-Pins, pour inaugurer le Centre international des conférences, n’a pas assisté à la prière de l’Aïd el-Adha à la grande mosquée d’Alger. En effet, le chef de l’État n’a pas fait le déplacement à Djamae el-Kebir pour accomplir la prière et recevoir, comme le veut la tradition, les vœux des citoyens, de hauts responsables de l’État, des membres du gouvernement, des représentants de partis politiques et de la société civile, ainsi que des membres du corps diplomatique de pays arabes et musulmans accrédité à Alger.
Ce sont, une nouvelle fois, les présidents du Conseil de la nation et de l’Assemblée populaire nationale, respectivement Abdelkader Bensalah et Mohamed Larbi Ould Khelifa, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui l’ont suppléé à cette cérémonie politico-religieuse.
Comme toutes les années qui ont suivi sa maladie, l’AVC, qui, depuis 2013, l’a maintenu éloigné de la scène publique. Et ce n’est certainement pas de gaieté de cœur que Bouteflika a manqué la prière de l’Aïd el-Kebir, un rituel politique instauré par ses prédécesseurs à la tête de l’État et qu’il a lui-même perpétué, après son accession au pouvoir suprême en 1999. Finalement, son déplacement à Club-des-Pins, jeudi dernier, n’est pas synonyme d’une reprise des sorties publiques. Depuis son accident vasculaire, Bouteflika n’a fait que de rares apparitions, lesquelles consistent, le plus souvent, en des visites éclair, à l’instar du recueillement à la mémoire des martyrs de la Révolution au cimetière d’El-Alia et l’inauguration tout récemment du CIC à Club-des-Pins.
Lors de sa dernière activité de terrain, Bouteflika est apparu au meilleur de sa forme. Il avait donné l’impression d’avoir opéré un come-back sur la scène publique en signant la reprise de ses visites sur le terrain, qu’il affectionnait durant ces trois premiers mandats. Mais voilà que l’occasion de l’Aïd el-Adha vient faire remarquer qu’il n’en est rien. Son absence n’est pas sans susciter les commentaires les plus divers. L’absence du chef de l’État à la prière de l’Aïd el-Adha risque de relancer la polémique sur sa capacité à assumer pleinement ses fonctions présidentielles, et à mener des activités politiques, à proprement parler.
C’est la problématique que certains partis de l’opposition ont soulevée et assumée depuis la fin du troisième mandat et le début du quatrième pour Bouteflika. Des partis qui avaient demandé l’application de l’article 88 de l’ancienne Constitution qui permet de déclarer l’état d’empêchement, lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions. Cependant, cette demande est abandonnée. Elle n’est plus de mise depuis un temps, puisque les leaders de l’opposition, qui faisaient du départ de Bouteflika leur cheval de bataille, n’en parlent presque plus. La dernière fois que le doute sur la capacité de Bouteflika à gouverner a été mis en exergue, c’était lorsque le groupe des personnalités politiques, dits “des 19”, avait demandé à rencontrer le chef de l’État pour s’assurer que c’est bien lui qui gouverne. Une initiative qui a fait long feu.