Aucun sélectionneur des équipes nationales qui seront présentes en Afrique du Sud prochainement ne voudrait être à la place de Rabah Saâdane.
Pendant qu’ils peaufinent la préparation en ayant, pratiquement, leur formation-type en tête, Saâdane en est toujours à une quasiprospection et aux tests. Il n’est pas question aujourd’hui de commenter les causes de cette situation plutôt banale et surprenante par les temps qui courent, mais plutôt d’analyser cette rencontre où l’on a eu à découvrir de nouveaux joueurs.
Saâdane, qui n’est pas tombé de la dernière pluie, avait annoncé la couleur: «Le résultat importera peu», relayé par son capitaine Mansouri: «Contre l’Eire, il ne faut pas voir le résultat, mais la manière, car c’est ce qui sera le plus important».
Au rayon des circonstances atténuantes, on dira que le groupe a été affecté par les blessures de plusieurs cadres et, surtout, les retombées physiques après le stage en altitude à Crans Montana. Saâdane, et à son corps défendant, n’avait que quinze joueurs de champ et trois gardiens.
En outre, et c’est là l’une des grandes nouveautés, le sélectionneur national a opté, au départ, pour un 4-4-2 avec Ghezzal et Djebbour en pointe, car il est conscient que ce problème de l’attaque perdure plus que de raison. Nous avons constaté que nos deux fers de lance étaient constamment en infériorité numérique face aux trois défenseurs irlandais, ce qui explique, en grande partie, la stérilité de ce secteur clé.
Tantôt pris à l’individuelle, tantôt surpris par la ligne du hors-jeu, Ghezzal et Djebbour ne sont pas arrivés à leurs fins. Profitons-en pour marquer notre étonnement de les voir tomber (8 fois) dans le piège du horsjeu alors qu’il s’agit de joueurs expérimentés. Un hors-jeu sifflé, c’est une série d’actions et beaucoup d’efforts réduits à néant par une loi fondamentale du football.
Ceci dit, nous pensons que le score est trop lourd et qu’il ne reflète pas fidèlement la physionomie de ce débat. Les fautes commises par le gardien Chaouchi et les défenseurs ont été exploitées à merveille par des Irlandais plus réalistes et très physiques. Halliche – par ailleurs excellent – aurait pu éviter de pousser avec les mains un attaquant adverse.
Sur le coup franc, la caméra nous a montré deux attaquants de l’Eire en position de hors-jeu passif, le but ayant pour auteur Green (31′) qui, lui, a surgi pour reprendre le ballon d’une tête plongeante. Le second but est le moins impardonnable, car Chaouchi aurait dû intercepter le ballon sur le centre de Duff. Au lieu de cela, il a «offert» le cuir à Keane, qui n’en demandait pas tant pour inscrire le second but. La troisième réalisation est issue d’un tacle de Mesbah dans la surface.
M’bolhi s’est fait berner par «l’arrêt» de Keane dans l’exécution. Et pourtant, cette particularité dans l’exécution des penaltys a été tout récemment expliquée et commentée en direction des joueurs par Hadj Belaïd Lacarne, un expert en la matière. Ceci dit, à certains moments, les protégés de Saâdane ont développé un bon jeu collectif au milieu du terrain, ce qui dénote leurs aptitudes.
Au rayon des satisfactions, les nouveaux comme Mesbah, Guedioura, Boudebouz et Belaïd ont répondu aux attentes. Leur mérite n’est pas mince face à un adversaire plus affûté et qui prépare sa campagne pour l’Euro 2012. Et puis, ces Irlandais au caractère bien trempé voulaient prouver qu’ils méritaient d’aller en Afrique du Sud. Sur le plan tactique, Saâdane a tenté de mettre de l’ordre en seconde période.
Les Lacen, Mansouri, Belhadj n’ont pas apporté le soutien attendu dans l’élaboration des attaques, Ziani se trouvant de ce fait esseulé et qui n’a pas l’âme d’un stratège. Le recours aux balles longues ne peut être «expliqué» autrement. Face à des Irlandais dont c’est le «pain quotidien» en championnat d’Angleterre, c’était facile de trouver la parade. De ce fait, de nombreuses balles ont été offertes à leurs adversaires. On considère que les fautes commises sur les trois buts auraient pu être évitées.
Et, en dépit de ce score, les véritables satisfactions, et cela pourrait paraître très paradoxal, viennent de ce secteur défensif où Halliche s’est montré à son aise, tandis que Mesbah, Belaïd et Guedioura ont prouvé leurs qualités. Ce dernier, soulignons-le, a évolué à un poste inhabituel de défenseur alors qu’il s’agit d’un milieu récupérateur. Les dernières remarques seront le fait de Saâdane: «Nous avons joué avec les moyens du bord et nous avons encore une marge de progression.
Nous essayerons de trouver des alternatives sur certains postes». Cela veut dire que Saâdane est satisfait du rendement des nouveaux et qu’il s’attend à une meilleure production des joueurs qu’il utilisera pour résoudre – du moins en partie – ce sacré problème de l’attaque.
Adjal Lahouari