Les incidents à la frontière algéro-tunisienne se multiplient et la situation prend des allures de crise. En plus de la taxe de passage imposée aux Algériens se rendant sur son territoire, la Tunisie s’attaque maintenant aux activités d’importation en créant des obstacles pour les produits d’origine algérienne.
Si la crise de la taxe de 30 DT imposée aux automobilistes algériens voulant se rendre en Tunisie continue d’alimenter les discussions et occupe les manchettes des médias des deux côtés de la frontière, une autre affaire vient de surgir, celle des semi-remorques chargés de pomme de terre algérienne, importée par un opérateur économique tunisien, bloqués au poste-frontière de Bouchebka, dans la wilaya de Tébessa.
L’importateur en question avait finalisé toutes les démarches auprès des services algériens mais une fois arrivé aux services douaniers tunisiens, ces derniers ont clairement refusé l’entrée de la pomme de terre algérienne sur le sol tunisien. Les semi-remorques sont bloqués depuis quatre jours en attendant une issue favorable. Le directeur général tunisien de la protection et la prévention des produits agricoles, Tarek Chiboub, a justifié, lors de son intervention sur le site d’un journal électronique, la position des services douaniers tunisiens par la maladie qui affecte la pomme de terre algérienne. Un argument qui ne tiendrait pas la route, puisque l’exportateur, M. Boudebouz, affirme détenir un dossier en bonne et due forme concernant la transaction commerciale.
Les transporteurs algériens détiennent, quant à eux, des certificats de fumigation et de santé pour le produit comme l’exigent les procédures d’importation et d’exportation à l’international. D’autre part, le même produit est
exporté dans le monde, notamment les pays du Golfe, la Russie et d’autres pays européens et dont les restrictions d’entrée de produits étrangers sont sévères. Aussi, le ministre tunisien du Commerce a accordé plusieurs fois l’autorisation d’importer la pomme de terre pour réguler le marché tunisien. Cependant, ce problème d’interdiction ne se pose pourtant pas de l’autre côté de la frontière avec les Libyens au poste de Ras Jedir. Les semi-remorques libyens pénètrent en territoire tunisien chargés de marchandises dont la pomme de terre, sans restriction. Il en est de même pour la taxe de 30 dinars tunisiens imposée aux ressortissants étrangers. La Libye n’a pas attendu longtemps pour réagir. Elle a imposé, le 13 décembre 2015, aux Tunisiens une taxe douanière de 120 DT, à la sortie de son territoire, autrement dit, elle a appliqué le principe de réciprocité.
Enfin, nous apprenons auprès de Mohamed Zergui, président de l’Association pour le développement local dans la commune de Bir El-Ater, que les deux postes frontaliers relevant de la wilaya de Tébessa, à savoir Betita et Ras El-Ayoun, seront fermés dès aujourd’hui. Notre interlocuteur avance que les habitants des zones frontalières sont déterminés à aller jusqu’au bout dans leurs revendications. “Nous appelons les hauts responsables à appliquer la réciprocité aux Tunisiens voulant se rendre en Algérie. Il y a des gens qui vont en Tunisie deux fois par jour, cette situation commence à peser”, dira-t-il.