Ils ne sont pas des « marcheurs », mais ils battent quand même le pavé. A l’appel d’un collectif baptisé « Front social », plusieurs milliers de personnes, selon les organisateurs, ont manifesté à Paris au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République.
« Urgence sociale et écologique », « pour l’égalité des droits contre un précariat généralisé » ou encore « En Marx », proclamaient les pancartes des participants, qui ont marché lundi après-midi entre la place de la République et celle de la Bastille.
A l’initiative de cette mobilisation émaillée d’incidents: des sections des syndicats CGT, Sud ou Unef et des associations opposées à la loi Travail adoptée en 2016.
« Ne pas baisser la tête »
Le collectif, qui avait appelé entre les deux tours à « battre les deux candidats » Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qualifiés de « peste ou choléra », n’aura donc pas laissé une minute de répit au nouveau président.
« Nous avons décidé de ne pas baisser la tête dans les premiers jours de mandature », a confirmé Romain Altmann, responsable du syndicat Info’Com, auprès de l’AFP. Car le militant en est convaincu:
« Ce qui nous attend est assez grave, comme une loi travail n°2, qui va voir le jour dans les prochaines semaines ».
« Il y aura un problème », prévient Mailly
Si les centrales syndicales ne se sont pas associées à la manifestation du 8 mai, elles aussi ont mis en garde le président-élu contre ses projets en matière sociale. Notamment la réécriture du code du travail par le biais d’ordonnances dès l’été.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a prévenu au micro de Franceinfo ce lundi:
« S’il (Emmanuel Macron) persiste dans l’idée de faire des ordonnances au mois de juillet, ça veut dire qu’il va balayer le dialogue social et la concertation: il y aura problème d’une manière ou d’une autre ».
« Macron est quelqu’un de très attentionné »
Dans une interview au Parisien parue le même jour, Jean-Claude Mailly a toutefois salué l’ouverture d’une « concertation préalable » entre les syndicats et le mouvement En Marche!.
Des discussions confirmées par Anne-Marie Idrac, membre de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, ce lundi sur BFMTV. L’ex-secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy s’est employée à rassurer:
« Emmanuel Macron est quelqu’un de très attentionné (…). Les ordonnances, ça permet le débat avec les organisations avec les syndicats en amont et ça permet de le débat à l’Assemblée ».
La vigilance, plus que l’affrontement, apparaît donc de mise. Il faut dire que tant que les législatives n’ont pas eu lieu, difficile de mesurer la marge de manœuvre du nouveau locataire de l’Elysée.
Mélenchon à l’offensive
La gauche de la gauche va en tout cas s’employer à la réduire le plus possible. Le ton très offensif de Jean-Luc Mélenchon dimanche, après l’annonce des résultats du second tour, en témoigne.
Le leader de la France insoumise avait résumé ainsi le programme d’Emmanuel Macron: « la guerre contre les acquis sociaux du pays et l’irresponsabilité écologique ».
Il avait notamment appelé ses 7 millions d’électeurs du premier tour à se mobiliser aux législatives pour « gagner la bataille ». Et faire d’Emmanuel Macron un roi sans couronne.