A la lumière du dernier remaniement du gouvernement, Chakib Khelil, Hachemi Djaâboub et Hamid Bessalah ont été démis de leurs portefeuilles ministériels, alors que Noureddine Yazid Zerhouni, Abdelhamid Temmar, Smaïl Mimoune et Saïd Barkat ont été mutés à gérer d’autres départements.
Cinq sur les sept ministères concernés par ce remodelage appartiennent à la sphère économique. Un signe incontestable de la banqueroute des stratégies concoctées afin d’apporter une réponse concrète aux attentes de développement socio-économique de l’Algérie.
La question qui s’impose devant ce changement de tête sur ces secteurs- clés est inhérente au sort réservé aux dossiers ouverts et aux programmes tracés ou lancés par les ministres déchus de leurs fonctions et les ministres appelés à administrer d’autres départements ministériels.
Seront-ils poursuivis, envoyé aux calendes grec ou carrément remplacés par d’autres feuilles de route qui vont paraître de plus en plus appropriées? Assisterons-nous, dans proche avenir, à un autre cap de la stratégie économique de l’Algérie ?
Stratégie industrielle et mise à niveau des entreprises, découpage administratif, e-Algérie 2013 ou encore les plans de lutte contre la spéculation sur les prix et l’anarchie des marchés, l’adhésion à l’OMC et à la Zone arabe de libre échange (ZALE), sont entre autres quelques dossiers dont la mise en application et la stratégie à mener pour leurs aboutissements seront indubitablement revues par les nouveaux arrivés à la tête des ministères pour lesquels ses dossiers y afférent.
Respectivement ministres de l’Énergie et des Mines, de la Poste et des Technologies de la communication et de l’information et ministre du Commerce, Chakib Khelil, Hachemi Djaâboub et Hamid Bessalah s’ils sont appelés à d’autres fonctions, cela incombe sans aucun doute à la gestion désastreuse par laquelle ont été administrés leurs départements.
Chakib Khelil, terrassé par de déferlantes vagues de scandales financiers liés à la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et BRC, son limogeage n’est guère une surprise pour personne.
Mais cela pourrait avoir un impact négatif sur l’avenir du secteur eu égard à la notoriété de Chakib Khelil de par le monde du pétrole et du gaz. Hachemi Djaâboub, se rappellera sans aucun doute de certaines phrases du président de la République prononcées à son encontre à l’issu d’un Conseil des ministres concernant sa gestion pacifiste du ministère du Commerce. «Mais cessez donc de me raconter les mêmes histoires à chaque fois !»; «Ecoutez, la politique des prix, c’est vous et je ne veux plus entendre parler de cette anarchie.
Faites travailler les contrôleurs», lui a-t-il martelé. Vraisemblablement, les flambées des prix répétitives et injustifié des produits de large consommation, l’anarchie qui caractérise les marchés, le retard accusé en ce qui concerne l’accession à l’OMC, les retombées négatives de l’intégration de la ZALE, la recrudescence des produits contrefaits et de la contrebande sont inévitablement les raisons menant Djaâboub à la petite porte.
Cette anarchie qui a tant entaché les structures dépendant du ministère du Commerce a atteint son paroxysme sans pour autant inquiéter le premier gestionnaire du secteur qui ne trouve rien pour mettre de l’ordre que de faire recours à l’importation (plan spécial mois de Ramadhan 2010), une mesure en déphasage avec les grandes orientations relatives à la réduction maximale des importations. Hamid Bessalah, désormais ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, laissera derrière lui moult programmes qui s’inscrivent dans son projet cher : e-Algérie.
Que sera le destin des projets du lancement de la 4G, le portail du e-citoyen, e-commerce, Ousratic II, e-éducation, e-santé, é-commune, ou encore le projet de la charte des cybercafés ? Par ailleurs la mauvaise gestion de l’affaire du scandale qui a secoué Algérie Télécom, mais surtout l’affaire Orascom Telecom Algérie (OTA) qui n’arrive pas jusqu’à présent à connaître son épilogue pourrait être une des raisons qui ont dicté le limogeage de Bessalah.
Autre affaire de corruption et autre ministre appelé à prendre les rênes d’un autre département ministériel : Smaïl Mimoune, désormais ministre du Tourisme et de l’Artisanat, lui également est confronté à l’odeur de la corruption, connue notamment, sous le nom de l’affaire du thon rouge.
Abdelhamid Temmar, dorénavant ministre de la Prospective et des Statistiques ne verra pas sa fameuse stratégie industrielle, qui n’arrive pas à prendre forme depuis son inscription en 2007, changer d’axes et de priorités.
La démarche choisie pour créer les 13 sociétés championnes et le plan de relance de l’industrie agroalimentaire verront- ils le jour à la façon voulue par Hamid Temmar ?
Ce qui est sûr et certain, les politiques de mise à niveau des entreprises n’auront plus deux ministres de tutelle comme avant, étant donné que le chef de l’État a décidé de fusionner le ministère de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement avec celui de la Petite et Moyenne entreprise. Un problème de moins résolu !
Hamid Mohandi