Loin de la nature de la sanction, le verdict de la Fifa se veut une autre victoire symbolique pour l’Algérie et Raouraoua qui exige des excuses des Egyptiens.
La vérité a fini par éclater dans l’affaire de l’agression égyptienne contre le bus de la sélection nationale. Six mois après l’acte vandale des Pharaons au Caire, dont a été victime l’équipe nationale de football, la Fifa a décidé de condamner la fédération égyptienne de football et de donner gain de cause à l’Algérie.
La première instance mondiale de football a confirmé dans son verdict que les Algériens ont, bel et bien, été agressés au Caire et que la Fédération égyptienne de football n’a pas assuré la protection de la délégation algérienne.
«La Fédération égyptienne de football n’avait pas pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour assurer la sécurité de la délégation algérienne ainsi que la sécurité et l’ordre dans le stade international du Caire lors du match de qualification pour la Coupe du monde 2010 disputé entre l’Egypte et l’Algérie le 14 novembre 2009», a remarqué la commission de discipline de la FIFA, dans son communiqué publié mardi dernier.
Comme sanction, la Fifa a infligé à l’Egypte une interdiction d’organiser les deux premiers matchs de qualification de son équipe nationale de football au Mondial-2014 à «moins de 100 km» du Caire et une amende de 100.000 francs suisses (71.000 euros). Loin de la nature de la sanction, la Fifa vient de donner un camouflet aux Egyptiens. Il s’agit, tout simplement, d’une gifle pour l’Egypte et une victoire symbolique pour l’Algérie.
En vertu de ce verdict, les Pharaons viennent de subir une autre «défaite» de nature différente. Cela sur tous les plans. Primo, cette sanction se veut un démenti catégorique aux affabulations des Egyptiens qui prétendaient que le bus a été callaissé de l’intérieur par les joueurs de l’équipe nationale.
Cela confirme que la fédération égyptienne cherchait à tout prix à fuir sa responsabilité en inventant des mensonges. Secundo, cette «victoire» symbolique conforte la position de l’Algérie qui revendique toujours des excuses de l’Egypte.
Désormais, le président de la Fédération égyptienne de football, (FEF), Samir Zaher, n’a d’autre choix que d’abdiquer aux exigences de Raouraoua et de tous les Algériens en présentant des excuses officielles afin qu’il puisse espérer voir les relations entre les deux pays se normaliser. Tertio, l’autre défaite pour Zaher se résume, également, dans ce que ce dernier et la presse de son pays ont nommé «les événements d’Om Dormane». La Fifa vient de donner à ce sujet une autre claque aux «frères» du côté du Nil. En effet, l’instance de Blatter ne reconnaît pas la plainte déposée par la FEF.
La commission de discipline de la même instance considère que «les conditions pour l’ouverture d’une procédure disciplinaire n’avaient pas été remplies». Mieux encore, elle considère que le dossier relatif à la plainte égyptienne est totalement clos et qu’elle n’a rien à signaler sur le sujet en question. Samir Zaher qui prétendait avoir en sa possession «un dossier lourd» à présenter à la Fifa témoignant que les supporters algériens avaient agressé les Egyptiens, n’est en réalité, qu’un coup de bluff pour tromper la rue égyptienne. Bien en contraire, la Fifa juge que c’est au Cairo Stadium que la sécurité n’a pas été assurée La commission a noté que «la sécurité et l’ordre n’avaient pas été garantis dans le stade, puisqu’un nombre excessif de spectateurs s’étaient vu accorder l’accès au stade et que les entrées et les escaliers étaient obstrués».
De plus, à la fin du match, «le bus de la délégation algérienne avait été retenu pendant plus de 45 minutes», conclut le texte. Ce qui confirme que le film, made in Egypte, réalisé par Zaher et les médias égyptiens, n’a pas eu l’effet escompté. C’était juste une tactique adoptée par ce dernier afin de gagner plus de temps et surtout faire éviter à l’Egypte un tsunami de contestation qui aurait touché même la famille Moubarak qui règne sur le pays depuis octobre 1981, au lendemain de l’assassinat de l’ancien président, Mohammed Anouar Al-Sadat. N’etant à l’origine qu’une question sportive, cette affaire a failli déraper et devenir une affaire politique égypto-égyptienne. Zaher et les deux fils Moubarak avaient tout tenté pour désamorcer la bombe afin qu’ils règnent encore quelques longues années.
Question d’absorber la tension de la rue égyptienne. Bref! Le soulagement des Egyptiens au lendemain de la décision de la Fifa ne reflète, réellement, qu’une contradiction dans leurs opinions. Le fait qu’ils s’attendaient à des sanctions plus lourdes est une façon de remettre en cause et d’apporter un auto-démenti à toutes les histoires qu’ils avaient inventées. En se référant «à la guerre froide» déclenchée entre les présidents des deux fédérations, Raouraoua vient d’arracher une autre victoire sur son «homologue» égyptien.
Tahar FATTANI