Pour le groupe, les retards auraient été causés par les quatre avis d’appels d’offres infructueux pour le choix de l’entreprise de réalisation.
Devant être lancée en 2014, l’implantation industrielle en Algérie de Total à travers une unité de production de lubrifiants accuse un retard considérable. Une situation qui ne semble pas plaire au ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qui l’a fait savoir aux responsables de la firme française lors de sa visite de travail dimanche dernier dans la région d’Oran.
Le ministre s’est montré ferme et intransigeant quant au retard qu’enregistre ce projet. S’adressant aux responsables de la firme Total présents sur place, le ministre a souligné : “C’est un produit qui, dans notre politique économique, est important. Nous avons mis tous les moyens pour vous accompagner et, au bout d’un an, rien n’est fait.” Pour Total Algérie, les retards auraient été causés par les quatre avis d’appels d’offres infructueux pour le choix de l’entreprise de réalisation. Ce qui n’a pas convaincu le ministre qui a fait part du besoin d’investisseurs plus efficaces dans leurs investissements. “Ceux-là auront tout notre appui”, a-t-il souligné, ajoutant que deux options sont possibles : “Soit on joue le jeu, et vous avez tous les appuis nécessaires, soit on ne joue pas le jeu, alors on fera appel à la concurrence.” Et de souligner que “le message est clair : nous n’avons pas le temps.” À l’origine, l’unité industrielle Total Algérie devait avoir une capacité de production annuelle de 40 000 tonnes. Alors que le potentiel du marché algérien est estimé entre 180 000 à 200 000 tonnes par an, la capacité serait appelée à croître afin de passer, ensuite, à la phase d’exportation. Total s’est même avancé sur une date, en annonçant “le premier bidon” pour la fin du premier trimestre 2017. Mais à deux mois de cette échéance, le projet n’a pas encore démarré. Cette mise en garde du ministre de l’Industrie et des Mines, à l’égard de Total, intervient dans un contexte délicat suite à la polémique dont ont fait l’objet Sonatrach et Total depuis l’été dernier lorsque le groupe français avait décidé de lancer une procédure d’arbitrage pour protester contre la façon dont Alger avait modifié le partage des profits tirés du pétrole et du gaz. L’arbitrage est toujours en cours, selon une source de Sonatrach.
Cette démarche de Total a conduit Sonatrach à réagir en engageant une procédure contentieuse contre la multinationale pour défaillance dans l’exécution du contrat d’exploration portant sur le gisement d’Ahnet situé au sud-ouest du pays. Le contrat d’Ahnet, signé par Total, prévoit un dédommagement de 100 millions en cas de défaillance de la compagnie française. Certes, il y a quelques semaines, un rapprochement entre les deux compagnies avait été opéré à travers la conclusion d’un accord dans le domaine de la pétrochimie portant sur la réalisation d’une étude de faisabilité en vue de la construction d’un complexe pétrochimique de “taille mondiale”. Mais, il n’est pas dit que ce projet va aboutir. C’était d’ailleurs le cas de l’ambitieux projet de vapocraquage d’éthane négocié durant plusieurs années, mais qui est tombé à l’eau en mars 2014, en raison d’un désaccord sur le lieu de livraison du gaz, entre Arzew et Hassi-R’mel. L’intransigeance du ministre de l’Industrie et des Mines sur la conduite du projet d’unité de production de lubrifiants met encore une fois le groupe français dans une mauvaise posture qui risque de lui faire perdre un créneau très lucratif.