La Pharmacie centrale des hôpitaux s’en lave les mains, mettant plutôt en cause la “lenteur de la distribution” et les dysfonctionnements administratifs “mineurs”.
En ce mois de Ramadhan, le mot rupture ne rime pas seulement avec le jeûne, mais aussi et surtout avec les médicaments dont la rareté sur le marché pénalise bien des malades. Cette réalité met à mal, depuis quelque temps, nombre de patients et leurs parents souvent obligés de recourir à l’étranger pour se procurer certains médicaments introuvables dans les pharmacies algériennes. Le problème concerne aussi bien le marché civil que celui hospitalier.
Si le manque de médicaments est déjà largement vérifié au niveau des pharmacies (privées), nous apprenons de sources biens informées que la crise a atteint, ces derniers jours, certaines officines d’hôpitaux. Selon nos sources, il est question de la rupture de certains anticancéreux dans les structures spécialisées de la capitale. Ces dernières, précises nos sources, manqueraient notamment de l’indispensable Trastuzumab (nom commercial Herceptine).
Il s’agit d’un anticancéreux indiqué notamment pour le traitement des cancers du sein. Il consiste en une thérapie ciblée prescrite aux femmes ayant subi l’ablation d’un ou des deux seins pour prévenir une récidive de la maladie. Le traitement à l’aide de ce médicament très coûteux (environ 800 000 DA pour une seule cure) nécessite quelque 16 cures d’une période de 21 jours chacune.
La personne malade n’a pas le droit de rater la moindre cure, sous peine de se voir obligée de reprendre le traitement de zéro. Ceci, si elle a la chance que la tumeur ne récidive pas entre-temps. C’est d’ailleurs cela qui oblige les cancérologues à être très ponctuels dans leurs prévisions qu’ils transmettent régulièrement aux services de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH).
La PCH nie l’existence de pénurie
S’il est du devoir de la PCH d’approvisionner dans les délais les hôpitaux, conformément aux prévisions des chefs de service, il lui arrive parfois de ne pas honorer sa tâche.
Cela serait dû, selon son premier responsable, à quelque défaillance du réseau de distribution. Contacté hier au téléphone, le directeur de la PCH, Mohamed Ayad, a nié l’existence d’une pénurie de médicaments au niveau de tous les hôpitaux. Selon lui, les quelques “perturbations” qui affectent sporadiquement le secteur seraient liées à des défaillances du réseau de distribution, ou encore à des dysfonctionnements administratifs “mineurs”.
M. Ayad précise à ce titre que l’Herceptine est disponible pour au moins les trois mois à venir au niveau de la PCH. “Nous avons toujours dit aux chefs de service des structures hospitalières de s’adresser à la PCH chaque fois qu’ils constatent que les stocks arrivent à épuisement au niveau de leurs services. Souvent, cela ne dépend ni d’eux, en tant que professionnels occupés à soigner les malades, et encore moins de nous.
Les rares ruptures qui surviennent sont généralement provoquées par la lenteur des réseaux de distribution ou de l’administration”, a expliqué le directeur de la PCH, en indiquant que la quantité de médicaments distribuée aux hôpitaux du 1er janvier à fin mai est en augmentation de 30% par rapport à celle distribuée durant la même période l’année dernière. “Il n’y a jamais eu de pénurie ces dernières années, du moins pas depuis le dernier appel d’offres lancé (en 2012) pour une période de 3 ans.
On attend un nouvel arrivage déjà annoncé pour ce mois de juillet, alors que les stocks ne sont pas encore arrivés à épuisement. Et en prévision de l’année 2016, un appel d’offres (international et national) sera lancé dès la semaine prochaine”, a indiqué le premier pharmacien de l’Algérie. M. Ayad prévoit une baisse de la facture d’importation “grâce, dit-il, au développement de la production nationale”.
F .A.