L’image effective de l’Algérie “n’a absolument rien à voir avec celle donnée par Politico”, a souligné le ministre des Affaires étrangères, estimant que ces déclarations émanent de “personnes faisant preuve de haine envers notre pays”.
Les autorités algériennes ont finalement réagi aux déclarations de responsables de l’Union européenne rapportées par le journal américain Politico. C’est par la voie de Ramtane Lamamra, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, qu’Alger a répliqué aux “affirmations” du journal qui a évoqué des sources anonymes au sein de l’UE qui s’inquiétaient des “blocages” politiques en Algérie. Ces blocages, a souligné Politico, ne seraient dus qu’à la persistance du règne d’Abdelaziz Bouteflika.
En réaction à ces déclarations, Ramtane Lamamra a rappelé qu’Alger s’était déjà exprimé à ce sujet, refusant au passage “de commenter toute déclaration émanant de personnes faisant preuve de haine envers notre pays”. Pour le chef de la diplomatie algérienne, “ces déclarations ne reflètent aucunement la réalité algérienne”. Il a invité, à cet effet, les médias nationaux à donner l’image effective de l’Algérie. “Cette image n’a absolument rien à voir avec celle donnée par Politico”, a souligné le ministre. Sauf que la réaction du ministre des Affaires étrangères n’a concerné que ce volet où des responsables européens auraient exprimé leur souhait de voir le changement politique en Algérie s’opérer avec célérité, alors que d’autres questions, pourtant, ont été abordées par le journal américain, de façon plus ou moins directe.
Il s’agit, entre autres, de l’engagement de l’Union européenne à aider l’Algérie pour lutter contre l’immigration qui touche le continent européen, à diversifier son économie, à assurer un soutien financier… Dans une déclaration écrite et transmise hier à notre rédaction, l’économiste Abderrahmane Mebtoul dit y voir aussi une volonté des Européens de mettre au point un plan d’investissement en Algérie en échange d’une ouverture économique du pays, notamment dans le secteur de l’énergie, en contrepartie d’une sécurité des approvisionnements en gaz de la part d’Alger.
Il a relevé que, selon Politico, des responsables européens sont convaincus que l’Algérie dispose de deux choix seulement : développer sa production de gaz et devenir “la Norvège du Sud” pour l’UE, ou laisser son industrie gazière décliner encore pour être, en raison de la croissance de sa demande interne, un importateur net de ce produit. À souligner que Politico, dans sa livraison, a évoqué le projet du nouveau pipeline entre l’Espagne et la France, le Mid Cat, dont l’objectif de sa réalisation est de revoir à la hausse les livraisons de gaz algérien vers l’Europe. Selon l’article, poursuit M. Mebtoul, “l’Europe reste très critique envers la règle des 51/49% qui donne l’avantage à Sonatrach et à l’Algérie sur tous les gisements exploités, la législation algérienne étant jugée la pire de toute la région”. Il est vrai que de telles réformes passent nécessairement par des changements politiques réels, car c’est souvent les blocages politiques qui rendent impossible toute vraie réforme économique. Il est tout aussi vrai que de tels blocages, s’ils venaient à persister, pourraient, à terme, occasionner de vives tensions sociales.