Le blocage de tous les comptes bancaires du groupe met sérieusement en danger sa survie financière.
Le groupe KouGC est confronté à une situation de blocage total, suite à la mise en détention provisoire, le 24 avril dernier, de son gérant et de ses principaux actionnaires, les frères Kouninef, nous affirment des sources proches de l’entreprise. En attendant la prise de fonction officielle de l’administrateur désigné récemment par les instances judiciaires pour assurer la gestion des affaires administratives du groupe, le fonctionnement de KouGC, mais aussi de sa filiale Nutris, est “presque complétement bloqué”, assurent nos sources, en mettant en avant la détresse des quelque 3 000 employés de l’entreprise qui, non seulement “ne pourront pas toucher leurs salaires à la fin du mois, mais risquent aussi à terme de perdre leur emploi si cette situation venait à perdurer”.
Selon nos interlocuteurs, le blocage de tous les comptes bancaires du groupe met sérieusement en danger sa survie financière, d’autant que depuis l’incarcération des principaux actionnaires de l’entreprise celle-ci s’est vu écarter de toutes les soumissions à de nouveaux projets publics ou autres et a même perdu des marchés qu’elle avait obtenus précédemment et dont certains ont atteint des taux de réalisation très avancés. Dans le cas de Nutris, filiale en charge notamment de la réalisation du fameux projet à polémique d’un complexe de trituration de graines oléagineuses à Jijel, “les entraves viennent surtout du blocage de ses comptes bancaires”, expliquent nos sources.
Pour le reste du groupe en revanche, la situation est encore plus complexe du fait de l’absence d’un fondé de pouvoir pour assurer le fonctionnement de l’entreprise en remplacement de son ancien gérant, mis en détention provisoire, et en attendant les décisions et les éventuelles solutions auxquelles pourrait donner lieu l’installation officielle de l’administrateur désigné par la justice. Pour autant, l’avenir et la survie financière du groupe KouGC et de sa filiale Nutris resteront sans doute entourés d’incertitudes, dès lors qu’il ne parvient plus à accéder à la commande publique et commence même à perdre certains des marchés qui lui ont été attribués auparavant. De fait, nous révèlent nos sources, KouGC a déjà été écarté de tous les projets qu’il avait la charge de réaliser pour le compte du ministère de la Défense, soit surtout des infrastructures hospitalières.
Groupe familial en pleine expansion depuis les années 2000, KouGC, faut-il le rappeler, active dans diverses branches, dont notamment le bâtiment et les travaux publics, l’hydraulique, la téléphonie et l’industrie agroalimentaire. Propriété de la famille Kouninef, réputée pour sa proximité et son influence auprès du clan du président déchu Abdelaziz Bouteflika, KouGC a longtemps bénéficié d’un accès privilégié à la commande et aux marchés publics, dont entre autres de nombreux projets d’ouvrages routiers, d’hydraulique et d’équipements pour le métro d’Alger et pour le secteur énergétique, ainsi que pour de grandes firmes pétrolières activant en Algérie.
Durant ces cinq dernières années, le groupe affiche un chiffre d’affaires de l’ordre de 15 milliards de dinars en moyenne annuelle. En avril dernier, trois des principaux actionnaires de KouGC, les frères Kouninef, ainsi que le gérant du groupe ont été placés en détention provisoire pour des chefs d’accusation liés notamment au non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, de trafic d’influence avec des fonctionnaires de l’État pour l’obtention de privilèges et de détournement du foncier et de concessions.
Akli Rezouali