En plein processus, après la convocation du corps électoral, pour la tenue de la présidentielle vers la fin de l’année, plusieurs walis viennent d’être remplacés. Un mouvement partiel a été opéré mardi dans ce corps par le Chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah « conformément aux dispositions de l’article 92 de la Constitution », indiquait un communiqué de la Présidence de la République. Bensalah a ainsi nommé 8 walis à Skikda, M’sila, Mascara, Oran, Ouargla, El Bayadh, Bordj Bou-Arréridj et Illizi, et 13 walis délégués pour différentes circonscriptions administratives à travers le pays. Certes, de tels mouvements sont fréquents dans la vie politique en Algérie. Mais, force est d’admettre que ce dernier intervient en plein débat autour du rôle de l’administration dans les élections.
Par Houria Moula
Lequel rôle est désormais dévolu à l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), instituée à l’issue du dialogue mené par le panel de Karim Younès. On ne peut donc ignorer que ce lifting est directement lié à la présidentielle du 12 décembre.
D’ailleurs, le bruit courrait depuis le mois d’avril déjà sur une demande du Premier ministre, Noureddine Bedoui, adressée à son ministre de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, pour l’étude de plus d’une centaine de cas de walis, walis délégués, secrétaires généraux et chefs de daïra. L’objectif étant de répondre partiellement à des revendications exprimées dans différentes wilayas pour mettre fin à la mission de commis de l’Etat, soupçonnés de corruption et d’appartenance à l’ancien régime. Avec l’entame du travail par l’Autorité indépendante des élections et l’élection, à sa tête de l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, réputé pour avoir eu un différend avec l’ancien président Bouteflika, en 2013, le pouvoir semble multiplier les gestes pour gagner en sympathie et donner du crédit à sa feuille de route qui peine à trouver l’adhésion et de la classe politique et du peuple. Cette autorité aura pour mission l’organisation et la surveillance de toutes les étapes du processus électoral, depuis la convocation du corps électoral jusqu’à l’annonce des résultats préliminaires.
« Toutes les prérogatives des autorités publiques, à savoir administratives en matière électorale, ont été transférées, en vertu de ce texte, à l’autorité indépendante en charge des élections », avait assuré, dernièrement à l’APN, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati. Ce qu’a confirmé, hier, Mohamed Charfi, affirmant que le ministère de l’Intérieur a transféré l’ensemble de ses prérogatives pour l’organisation des élections à l’Autorité qu’il préside.
Ainsi, bien qu’écartés du processus, ce mouvement dans le corps des walis se veut un autre geste du pouvoir pour nettoyer l’administration locale des têtes en lien avec l’ancien régime. Plus que ça, cette démarche est par excellence une mesure politique visant à convaincre. Il est un secret de Polichinelle que l’élection présidentielle du 12 décembre ne suscite pas pour le moment l’enthousiasme de toute la classe politique, particulièrement les acteurs de l’opposition qui pourraient lui donner de la crédibilité, voire le peuple dont l’adhésion constituerait un début de la fin de la crise. Pour, si l’on puisse dire, « compenser » cette faiblesse, on multiplie les mesures d’accompagnement qui feraient changer d’avis pour les plus récalcitrants.
En résumé, à travers un dialogue mené par des personnalités présentées comme « intègres », une autorité indépendante présidée par un ancien ministre limogé pour ses différends avec l’ancien régime et un personnel administratif local remanié, le pouvoir installe un nouveau logiciel pour s’assurer de l’organisation d’une présidentielle libre et transparente. Mais, est-ce suffisant pour pousser les citoyens à aller vers les urnes, et avant, les candidatures crédibles à se manifester ? <