Après ota Djezzy, c’est au tour d’El Izz Steel de plier bagages : L’ombre des évènements du caire…

Après ota Djezzy, c’est au tour d’El Izz Steel de plier bagages : L’ombre des évènements du caire…

Les évènements du Caire reviennent sur la scène publique algérienne. La «bombe à retardement» qui mine les relations Algero – égyptiennes après les tumultueux matches explosifs entre les Sélections des deux pays, commence vraisemblablement à avoir raison des «relations bilatérales excellentes et exceptionnelles entre les deux pays frères».

Ce jeudi, Hamid Temmar, ministre de l’Industrie, déclare que «le projet égyptien d’El Izz Steel du projet sidérurgique de Bellara (Jijel) a été gelé à cause des évènements du Caire et de la crise mondiale ».

Même si cette déclaration semble anachronique par rapport aux évènements du Caire, les off iciels ont adopté le silence même si elle résume quelque peu l’avenir des affaires égyptiennes en Algérie. Plus qu’un symbole cette déclaration a été faite devant les députés de l’Assemblée Populaire Nationale (APN). Et c’est aussi la première fois qu’un off iciel algérien lie, en direct, une décision politique aux évènements du Caire.

Quelques heures auparavant, le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, a encore une fois réaff irmé la volonté de l’Etat d’exercer son droit de préemption sur une éventuelle vente de Djezzy (Orascom Télécom Algérie), f iliale du Groupe Egyptien OTH. Ce droit concernera 100% du capital d’OTA. Au même moment, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, fermait la porte à toute possibilité pour le groupe ORASCOM de vendre librement sa filiale.

FINIR AVEC «L’AFFAIRISME ÉGYPTIEN»

Les déclarations de Hamid Temmar, veulent-elles se sustenter des traumatises algériens de cette crise pour avoir plus de crédit et plus d’impact ? Est-ce que désormais tous les moyens justif ient la f in, la f in de «l’affairisme » égyptien en Algérie, ou c’est encore une fois un autre épisode de la guéguerre pour le leadership dans un monde arabe en crise ?

Les images traumatisantes des drapeaux algériens brûlés et piétinés, des malapprises et des malappris qui invectivent l’Histoire millénaire et héroïque des Algériens, ces supporters en couleurs nationales lynchés par une foule barbare et sans merci, les appels aux meurtres faits en direct sur les chaines satellitaires, les déclarations tarabiscotées et burlesques des off iciels égyptiens et à leur tête le Président Hosni Moubarek…Sont les stigmates indélébiles qui resteront dans la mémoire collective. Exploiter ces traumatismes serait de jouer aux apprentis sorciers.

Ce qui est sûr, c’est que les off iciels algériens sont en position de force et veulent en finir avec l’«affairisme» des égyptiens en Algérie, déclare un responsable. Depuis l’épisode de la cession de la cimenterie par Naguib Sawiris au Français Larfage, à l’insu de l’Etat algérien, le groupe Orascom n’est plus toléré en Algérie.

D’après les observateurs externes, cette cession à Lafarge constitue un précédent grave dans les relations Algéroégyptiennes, surtout que les Sawiris sont très liés avec les Moubarek au pouvoir.

LUTTE POUR LE LEADERSHIP ARABE

Quant à la lutte pour le leadership dans le monde arabe, l’Algérie a gagné beaucoup de points. Cette nouvelle affaire réveille de vieilles querelles et des rivalités qui datent de très longtemps.

Une rivalité sportive, d’abord, mais aussi une course au leadership d’une région, appelée monde arabe en manque de repères depuis la f in du nationalisme nassérien et son sous baathiste. Avec une proximité, dans tous les sens du terme, avec Israël et ses implications, presque évidentes, dans le conflit israélo-palestinien, le pays de Moubarak a pris de manière unilatérale le leadership de l’ensemble Arabo-musulman.

Les premiers couacs diplomatiques entre les deux pays sont donc nés en 2005, lorsque l’Algérie a abrité le Sommet de la Ligue Arabe. Sans verser dans une polémique publique, Alger avait tout fait pour «réformer les institutions de la Ligue arabe». Et, par réforme, les Algériens voulaient d’abord que le poste de Secrétaire général soit «élu» et que le siège soit «à tour de rôle» entre les pays membres.

Un haut responsable algérien avait même qualif ié le siège de la Ligue arabe d’«annexe du ministère égyptien des Affaires étrangères». Cette position algérienne, qui a jeté le pavé dans la marre des privilèges égyptiens, a f ini par déclencher une polémique et la réforme proposée par l’Algérie a définitivement été enterrée.

Cet événement a jeté aussi un froid entre les deux pays même si pour les besoins de consultations diplomatiques, les deux présidents se rencontrent épisodiquement, et ce sans qu’il y ait de visites off icielles. La conjoncture du match avec l’Egypte a été une opportunité pour les Algériens de gagner des points. L’invective égyptienne a fait que l’Algérie soit mieux considérée dans le monde arabe.

LA MENACE DU GAZ PLANE TOUJOURS SUR LE CAIRE

Les fausses annonces, véhiculées par certains journaux portant sur le gel de l’approvisionnement, au mois de février dernier, du Caire en gaz algérien, ont été conf irmées par un expert pétrolier égyptien, Ibrahim Zahrane, qui a déclaré que l’Algérie « a cessé son approvisionnement en gaz vers l’Egypte.

Et cela après que le gouvernement égyptien n’a pu honorer des factures précédentes du gaz provenant d’Algérie ». «l’Algérie a fixé des conditions strictes pour rouvrir les vannes gazières, entre autre, le règlement des dettes de l’Egypte en la matière», a-t-il ajouté ..

Même si Chakib Khelil a nié catégoriquement ce fait, en déclarant que «les approvisionnements en gaz de l’Egypte sont assurés et le gouvernement égyptien a honoré tous ses engagements quant au paiement des factures», cet épisode constitue une menace directe et potentielle contre la politique énergétique égyptienne.

Egalement, plusieurs journaux ont rapporté que Ryad (Arabie Saoudite) est d’accord avec Alger pour geler l’approvisionnement, en guise de représailles contre la vente du gaz égyptien à Israël.

En effet, l’Egypte se targue d’exporter l’équivalent de la quantité du gaz provenant d’Alger vers Israël. Durant cette période, le Caire a vécu une crise d’approvisionnement en gaz butane pour les ménages.

Benachour Med