Le scénario d’un quatrième mandat présidentiel pour Abdelaziz Bouteflika, que de nombreux observateurs donnaient pourtant impossible, à cause de son hospitalisation et de ses lourdes séquelles, est en train de se mettre progressivement en place, par petites touches successives et décisives. Avec la sortie hier d’Abdelkader Bensalah, la boucle est bouclée, pour ainsi dire.
En effet, hier lors d’un rassemblement à la Maison du peuple, il a annoncé le soutien du RND pour un quatrième mandat. « Le RND annonce clairement que son choix est dans le maintien de la stabilité et la poursuite des réformes dont les fondements ont été posés par le président Abdelaziz Bouteflika (…) Parce que nos positions ne sont pas régies par des humeurs et des états d’esprits, mais des principes, notre soutien sera, encore une fois pour le frère président Abdelaziz Bouteflika »a-t-il dit en expliquant que ce choix « découle de la position classique du parti » Jeudi, Amar Saïdani, en éclaireur du projet, a invité les organisations de « la famille révolutionnaire », dont la toute puissante ONM (Organisation nationale des Moudjahidine) à se mettre en ordre de bataille. Comment ? En lançant un appel en faveur de la candidature de Bouteflika.
Le démarchage de ces organisations n’est pas encore organiquement acté. Mais questions de jours seulement, à coup sûr. Le temps pour elles de formaliser la démarche avec la convocation de leurs adhérents pour des assemblées générales extraordinaires qui se solderont à coup sûr par cet appel. Et, historiquement, quand l’ONM entre en action, pour apporter sa légitimation, c’est un signal fort.
Un signal qui veut dire que le choix est fait en haut lieu. Faut-il rappeler à ce propos son soutien pour la candidature de Zeroual et de Bouteflika pour son premier et troisième mandat. Les décisions qu’auront à prendre les organisations de « la famille révolutionnaire » découleront de la même logique de marketing électoral que les déclarations enflammées d’Amar Saïdani la semaine dernière à Blida.
Devant les militants et cadres du centre il avait levé le mystère sur les intentions du FLN en soutennant affirmativement que « Bouteflika est le candidat naturel de notre parti » Ne se limitant guère à dire les oracles cercles décideurs, comme dans la tradition grecque, Saïdani avait même décliné un projet de programme de campagne présidentielle, après un plaidoyer en faveur des trois mandats de Bouteflika « l’homme des grandes réalisations » pour reprendre les propos de Sellal à Sétif. Car, lui aussi en faisant assaut de superlatifs à l’égard du chef de l’Etat, il n’a fait que suggérer sa candidature pour un quatrième mandat. Il ne pouvait aller plus loin et faire comme Saïdani, du fait que son poste de Premier ministre exige un minimum de réserve.
Mais en parlant de « changements ordonnés », d’une « transition sans remous » tout le monde a compris le message de Sellal : « un quatrième mandat pour Fakhamatouhou » Hier Bensalah, juste avant lui Saïdani. Les deux devancés par Amar Ghoul et Amara Benyounès, montés plus tôt au créneau pour se faire les chantres zélés du quatrième mandat. Avec la décision que prendront les organisations des familles révolutionnaires, le compte y sera et le dispositif de soutien au complet. Restera ensuite, pour le président Bouteflika, à trouver le bon timing, la fenêtre de tir pour annoncer sa candidature. C’est une autre étape. Et le clan présidentiel aura ainsi réussi son pari. Mais certainement pas une réussite pour l’Algérie condamnée pour un quatrième mandat aléatoire.
Omar Zekri
