Après ses mises en garde à Accra à propos de la démocratie en Afrique Washington admoneste la Tunisie et agit contre le Kenya

Après ses mises en garde à Accra à propos de la démocratie en Afrique Washington admoneste la Tunisie et agit contre le Kenya

La réélection de Zine El-Abidine Ben Ali « préoccupe » les États-Unis, qui n’ont pas apprécié l’absence d’observateurs lors de ce scrutin présidentiel. Le département d’État américain prend également des mesures contre le Kenya en annulant le visa d’un de ses hauts responsables, auquel il reproche de faire obstacle aux réformes décidées après la crise postélectorale de début 2008.

Le président américain Obama avait averti les chefs d’État africains depuis Accra : plus d’ingérence des États-Unis dans les affaires internes africaines, mais plus de complaisance s’agissant de la démocratie, des droits de l’homme et de la gouvernance.



Il vient de passer aux actes. Les États-Unis ont qualifié de “préoccupante” la réélection de Zine El Abidine Ben Ali à la présidence de la Tunisie, mettant en avant l’absence d’observateurs internationaux durant le scrutin de dimanche. La réélection du président tunisien sortant “nous préoccupe”, a dit Ian Kelly, le porte-parole du département d’État qui a toutefois souligné que Washington avait l’intention de travailler avec le président tunisien et avec son gouvernement afin d’approfondir les relations entre la Tunisie et les États-Unis.

“(…) Nous poursuivrons notre travail pour que des réformes politiques aient lieu et que les droits de l’homme soient respectés en Tunisie”, a néanmoins précisé le porte-parole du département d’État. Ben Ali a remporté 89,62% des voix, ce qui lui permet d’entamer son cinquième mandat successif. Par ailleurs, le Kenya qui est le pays des origines de Barack Obama, car son géniteur est kenyan, est touché par une mesure à son encontre. En effet, Washington a annulé le visa d’un haut responsable du gouvernement kényan accusé de faire obstacle aux réformes décidées après la crise postélectorale de début 2008. L’annonce a été faite par le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson, qui n’a pas révélé l’identité de l’indésirable aux États-Unis, mais qui a dit que c’est un homme d’influence.

“Soulignant notre détermination quant à la nécessité de réformes au Kenya, j’annonce aujourd’hui que le gouvernement américain a pris la décision de révoquer le visa d’un haut responsable du gouvernement kényan”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Nairobi. L’administration américaine à travers ce haut fonctionnaire rappelle au pouvoir kenyan ses promesses de réformes, ses engagements à enrayer le cycle d’impunité et à lutter contre la corruption. Le sous-secrétaire d’Obama a annoncé que ce n’est pas fini, que les États-Unis étudiaient activement la mise en œuvre de mesures similaires contre trois autres hauts responsables. Le 24 septembre, l’ambassadeur américain au Kenya avait annoncé l’envoi de lettres d’avertissement à 15 responsables kényans, dont des ministres, des parlementaires et des hauts fonctionnaires, menacés d’interdiction de voyager aux États-Unis.

Il faut rappeler qu’au moins 1 500 personnes ont été tuées et environ 300 000 déplacées dans les violences qui ont éclaté à la suite de la réélection du président Mwai Kibaki, le 27 décembre 2007, entachée de fraudes selon son principal rival Raila Odinga. Les deux hommes, sous la pression de la communauté internationale, avaient signé un accord de partage du pouvoir et Odinga est devenu le 13 avril 2008 Premier ministre d’un gouvernement de coalition régulièrement dénoncé pour sa lenteur à mettre en place des réformes (nouvelle Constitution, réforme agraire, etc.) et son incapacité à juger les auteurs des violences.