Deux soldats guinéens de l’ONU et un civil ont été tués samedi dans une attaque à la roquette contre un camp de la Mission de l’ONU au Mali à Kidal. Le groupe djihadiste Ansar Dine a revendiqué cet attentat. « N otre camp à Kidal a été attaqué tôt ce matin par des terroristes.
Ils ont utilisé des roquettes » qui ont tué « deux Casques bleus de nationalité guinéenne » et un « civil contractuel », a déclaré un responsable de l’ONU, alors qu’une autre source onusienne a fait état de « quatorze blessés », dont trois dans un état grave. La Minusma devient ainsi la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, en proportion du nombre de militaires engagés. L’attaque a été revendiquée en fin de journée par le groupe sanguinaire et criminel d’Ansar Dine.
Pourtant, les djihadistes ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
Grande preuve de la difficile maîtrise du terrain, l’attaque le 20 novembre contre le grand hôtel Radisson Blu de la capitale Bamako qui a fait vingt morts outre deux assaillants, après que des hommes armés y eurent retenu environ 150 clients et employés. L’attentat a été revendiqué le jour même par le groupe djihadiste de Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, avec la participation de groupuscules liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Un autre groupe djihadiste du centre du Mali, le Front de libération du Macina (FLM), a aussi revendiqué l’attentat « avec la collaboration d’Ansar Dine ».
Ce qui indique, selon des analystes de sécurité, que les groupes djihadistes sont entrés dans une nouvelle phase dans leur mode opératoire et pourraient collaborer entre eux dans leurs attaques terroristes. « Je tiens à réitérer que ces attaques ne vont pas entraver la détermination des Nations Unies à soutenir le peuple malien et le processus de paix », a néanmoins déclaré Mongi Hamdi, le chef de la mission de l’ONU.
Une déclaration qui a son importance, puisque les djihadistes cherchent à étendre leur portée plus au sud, comme ce fut le cas avec l’attaque d’un restaurant fréquenté par les étrangers au mois de mars, tuant cinq personnes et une autre dans un hôtel de la ville Sévaré centrale du Mali en août. Dans un communiqué, le SG de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré dans un communiqué qu’il est indigné par les attentats.
Il a ajouté que les attaques ne vont pas nuire à la détermination de l’ONU et le Gouvernement malien, les parties signataires de l’accord de paix, et le peuple du Mali, dans leurs efforts pour parvenir à une paix durable et à la stabilité. Plusieurs analystes indiquent que ce pic dans les attaques djihadistes est conçu pour perturber la mise en oeuvre l’accord de paix signé en Juin.
Pour la première fois aussi, l’intervention française sera renforcée : l’Allemagne a déclaré qu’elle est prête à envoyer jusqu’à 650 soldats pour renforcer la force de l’ONU, qui n’a pas encore atteint sa pleine force de 12,680 hommes et est principalement composée de troupes africaines. Ce qui semble difficile à atteindre vu que les autres pays ouest-africains sont également aux prises le groupe terroriste Boko Haram, le plus ancien de ces groupes dans la région et qui a cette année étendu ses attaques en provenance du Nigeria vers les pays voisins du Niger, le Cameroun et le Tchad.
Dans un rapport daté du 25 novembre dernier, l’ONU a estimé que « sans l’aide internationale pour améliorer l’éducation et l’emploi, la région du Sahel, en Afrique sub-saharienne va devenir un terrain fertile pour le recrutement de terroristes parmi ses dizaines de millions de personnes défavorisées ». L’Envoyé spécial du Secrétaire général Ban Ki-moon pour le Sahel, Hiroute Guebre Selassie, a déclaré, en citant les récents attentats terroristes de Bamako, au Cameroun, au Nigeria, à Paris et au Liban ainsi que l’attentat contre un avion russe sur l’Egypte.
« Il est très inquiétant de constater que des jeunes et des femmes dans le Sahel, qui constituent la grande majorité de la population, sont les cibles de recrutement dans les mouvements radicaux. Jusqu’à 41 millions de jeunes de moins de 25 ans au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger et tous sont exposés au risque de radicalisation ou de la migration.
« Si on ne fait rien pour améliorer l’accès à l’éducation, accroître l’emploi et l’intégration des opportunités pour les jeunes, le Sahel, je le crains, va devenir une plaque tournante de la migration de masse, et le recrutement et la formation des groupes terroristes et des individus, ce qui, en fin de compte, risque d’avoir des conséquences graves pour la paix et la sécurité mondiales. « , a-t-elle estimé.
Les trafiquants de drogue sont de plus en plus pointés du doigt comme étant de connivence avec les groupes armés et les mouvements terroristes qui leur accordent un passage sûr en échange d’avantages financiers.
A. B.