Impressionnante de maîtrise et d’efficacité dès la première seconde de ce quart de finale, l’Allemagne administre à l’arrivée à l’Argentine l’une des plus grosses humiliations de son histoire.
– Comme lors des deux premiers quarts de finale, la veille, Javier Mascherano et Philipp Lahm, les deux capitaines, ont lu un petit texte contre le racisme d’une manière générale et dans le football en particulier.
« Je déclare que nous refusons de tolérer toute discrimination dans le football et je demande à tous les gens qui nous entourent de nous aider à éradiquer le racisme dans notre société. Ensemble, nous pouvons y arriver, dites non au racisme. »
– Une nouvelle fois titularisé en pointe de l’attaque allemande, Miroslav Klose honorait ce samedi contre l’Argentine sa centième sélection sous le maillot de la Nazionalmannschaft. Buteur à deux reprises dans le tournoi avant ce face à face avec les Argentins, l’avant-centre du Bayern Munich en totalise douze sur les trois phases finales de Coupe du Monde qu’il a disputées (1998, 2002 et 2006).
Trois buts de plus et il rejoindrait le Brésilien Ronaldo (15 réalisations) sur les tablettes. Avec ce doublé, Klose n’est donc plus qu’à une longueur d’Il Fenomeno.
– La vidéo a fait le tour du web durant les dernières heures précédant ce quart de finale entre l’Argentine et l’Allemagne. En mars dernier, en marge d’un match amical entre les deux équipes (victoire 1-0 de l’Argentine), Diego Maradona avait refusé de débuter sa conférence de presse en raison de la présence sur la même table à ses côtés d’un ramasseur de balle allemand.
Le ramasseur en question était en fait Thomas Müller, l’un des meilleurs joueurs de ce Mondial en Afrique du Sud. Le jeune attaquant du Bayern avait fêté le lendemain sa première sélection en équipe nationale et avait été convié la veille devant la presse. Informé de sa méprise, Maradona était revenu s’asseoir avant de déclarer gêné « Je ne pouvais pas savoir que c’était un joueur allemand ».
Les faits du match
2eme minute (0-1)
Sur le premier coup-franc du match, l’Argentine qui n’avait encore jamais été menée dans cette Coupe du Monde 2010, encaisse le premier but. Une tête au premier poteau de Müller qui jaillit devant Mascherano et surprend complètement Romero sur un superbe service de Schweinsteiger.
22eme minute
Une-deux en deux temps entre Tevez et Messi qui retrouve l’attaquant de Manchester City, lancé dans la surface, mais Neuer, bien sorti, est le premier sur le ballon.
24eme minute
Erreur d’Heinze côté gauche sur une déviation de Khedira, Müller prend le ballon et déboule dans la surface avant de servir parfaitement Klose en retrait. La reprise de l’attaquant allemand passe au dessus.
31eme minute
Coup-franc bien placé pour l’Argentine suite à une faute de Podolski sur Tevez. Messi enroule son coup-franc au dessus.
33eme minute
Lancé sur le côté droit par Tevez, Di Maria fixe Boateng, le crochète et frappe. Neuer capte le ballon sans problème.
35eme minute
Ballon d’Otamendi dans l’espace pour Higuain cette fois. L’attaquant du Real se défait de Friedrich et tente lui aussi sa chance à ras de terre. Neuer se couche bien.
37eme minute
Suite à un coup-franc de Messi repoussé par le mur, Otamendi lance Tevez dans la surface. Le n°11 argentin adresse un caviar devant le but à Higuain qui égalise. But logiquement refusé avec quatre Argentins en position de hors-jeu au départ de l’action.
39eme minute
Grosse frappe croisée de Podolski à une vingtaine de mètres. Le ballon passe tout près du poteau droit
48eme minute
Di Maria contrôle le ballon côté droit et repique dans l’axe d’où il déclenche une frappe puissante de l’extérieur du gauche légèrement trop croisée.
63eme minute
Tevez reçoit le ballon dans l’axe. Il frappe mais Neuer n’est pas surpris.
68eme minute (0-2)
Sur le côté gauche, Müller exploite une hésitation de Demichelis et parvient à tacler le ballon devant lui dans la course de Podolski qui prend tout son temps pour servir Klose. Le meilleur buteur allemand de l’histoire contrôle tranquillement le ballon et le pousse au fond des filets.
74eme minute (0-3)
Schweinsteiger reçoit le ballon le long de la ligne de touche sur l’aile gauche. Le canonnier du Bayern accélère, passe toute la défense argentine en revue et sert parfaitement en retrait Friedrich qui marque de près son premier but en sélection.
89eme minute (0-4)
Sur une nouvelle contre-attaque ultrarapide des Allemands, Podolski décale Özil qui dépose son centre, hors de portée de Burdisso, pour Klose qui ne laisse aucune chance au gardien sur sa reprise de volée parfaitement exécutée.
Jeu, joueurs et arbitre
Le jeu
Depuis le coup d’envoi de cette Coupe du Monde en Afrique du Sud, l’Allemagne était de loin l’équipe qui avait fait la plus forte impression.
D’entrée contre l’Australie, les Allemands avaient annoncé la couleur, avant de confirmer trois matchs plus tard face à l’Angleterre qu’il faudrait indubitablement compter sur eux pour la victoire finale. Alors, certes, tout le monde faisait de la Mannschaft après ces deux premières semaines de compétition l’un des grands favoris. Beaucoup de spécialistes voyaient même l’Allemagne battre l’Argentine sans trembler, ce samedi en quart de finale.
Mais de là à se dire que l’équipe de Joachim Löw allait infliger une telle correction aux joueurs de Diego Maradona, ça, personne ne pouvait l’imaginer. Pourtant, en marquant le premier but dès la 2eme minute, l’Allemagne a pris le meilleur départ possible.
En débloquant aussi rapidement la situation, Philipp Lahm et ses partenaires, déjà parfaitement organisés, ont en plus pu s’offrir le luxe d’attendre tranquillement les Argentins et de sortir en contre-attaque, leur exercice préféré. Un schéma de jeu qui a fait davantage que payer face à cette équipe d’Argentine incapable de développer son jeu ni de trouver des solutions. A l’image d’un Messi complètement absent à la construction et invisible à la finition.
Passée complètement au travers de ce match si important, l’Albiceleste a donc fait merveilleusement le jeu d’une équipe allemande enquillant les buts lors d’une fin de match complètement débridée. Après le carton face à l’Angleterre, la leçon face à l’Argentine, il sera très difficile d’empêcher l’Allemagne d’aller au bout.
Les Argentins
ROMERO : Abandonné par sa défense et donc livré à lui-même sur les quatre buts allemands, il a vécu un cauchemar dans son but.
OTAMENDI : Impliqué dans le jeu offensif, il a laissé des espaces aux Allemands en oubliant parfois de se replacer. Des problèmes de relance également. Remplacé par PASTORE (70eme).
DEMICHELIS : Pas toujours très attentif, il a commis quelques erreurs coupables face à des Allemands à l’affût. Sur le deuxième but, sa bévue permet sans le vouloir à Müller de lancer idéalement Podolski.
BURDISSO : Trop court sur les deux derniers but, il a beaucoup souffert quand les Allemands ont accéléré le jeu.
HEINZE : Beaucoup de bruit pour rien. Mis sous pression, le Marseillais a peiné et n’a rien trouvé d’autre que de s’en prendre à l’arbitre pour exprimer sa déception.
MASCHERANO : Souvent en retard, il a commis de nombreuses fautes. Son match avait très mal commencé puisqu’il laisse tout loisir à Müller de marquer sur le premier but.
MAXI RODRIGUEZ : Très discret, il n’a jamais rien tenté et a subi les intentions adverses en milieu de terrain.
DI MARIA : Quelques initiatives intéressantes mais surtout beaucoup de problèmes dans la finition.
Remplacé par AGÜERO (75eme)
MESSI : Complètement paralysé par le système mis en place par l’Allemagne, il a énormément décroché et n’a pratiquement jamais fait la différence individuellement.
TEVEZ : L’un des seuls Argentins à avoir fait bonne figure, même s’il n’a plus eu aucune occasion en deuxième mi-temps.
HIGUAIN : Sevré de ballon devant, il n’a pas su exploiter les quelques opportunités qu’il a eues.
Les Allemands
NEUER : Jamais mis en difficultés dans son but, il s’est surtout illustré en début de match sur une belle sortie dans les pieds de Tevez.
LAHM : Très brillant et présent sur son côté droit, il a bien pris Di Maria et a apporté le surnombre sur ses quelques montées.
MERTESACKER : Seul dans le domaine aérien et presque imprenable dans la surface, il a aussi remonté quelques ballons parfois.
FRIEDRICH : En plus de marquer en fin de match son premier but avec la Mannschaft, il a livré un très gros match, réussissant de nombreuses interventions propres.
BOATENG : Pas toujours bien placé, il a quelques fois laissé trop d’espaces sur son côté gauche. Mais il a compensé par beaucoup d’engagement physique. A l’image de son impressionnante entame de seconde mi-temps. Remplacé par JANSEN (72eme)
SCHWEINSTEIGER : Tout simplement énorme. Conquérant du début à la fin de cette rencontre, il a transformé en or la plupart des ballons qu’il a touchés. Sur le troisième but, il réussit un slalom incroyable dans la défense argentine. Il avait aussi offert l’ouverture du score à Müller.
KHEDIRA : Toujours bien placé, il a intercepté de nombreux ballons et donné beaucoup de rythme aux offensives allemandes. Peu d’occasions en revanche. Remplacé par KROOS (78eme)
ÖZIL : Moins inspiré que lors des matchs précédents, il s’est encore avéré très précieux cependant en attaque, avec beaucoup de courses et d’efforts. Un centre caviar pour Klose sur le dernier but de son équipe.
MÜLLER : Que le jeune meneur de jeu allemand, qui sera suspendu en demi-finale, va manquer à l’Allemagne ! Auteur du premier but, à l’origine du deuxième, la révélation de ce Mondial 2010 a en plus encore confirmé ses qualités de passeur et un immense et indéniable talent individuel. Remplacé par TROCHOWSKI (84eme)
PODOLSKI : On comprend mieux pourquoi Joachim Löw avait tout mis en œuvre ces derniers jours pour ménager son attaquant d’origine polonaise. Insaisissable, il est lui aussi à l’origine de plusieurs buts allemands. Une passe parfaite pour Klose sur le deuxième.
KLOSE : Plutôt décevant en première mi-temps, il a passé la vitesse supérieure après la pause et s’offre un doublé qui lui permet de revenir à un but de Ronaldo. C’est dire la portée de son exploit une nouvelle fois ce samedi.
L’arbitre du match : M.Irmatov (OUZ)
Malgré de nombreux contacts entre les joueurs des deux équipes, il a eu l’intelligence de ne pas sortir les cartons de manière excessive.
Aurélien CANOT
