Armée-Gendarmerie : Limogeages en série

Armée-Gendarmerie : Limogeages en série

Après la police, c’est l’autre grand corps de la sécurité nationale, en l’occurrence la Gendarmerie nationale, qui vient de connaître un nouveau patron : depuis mardi dernier, le général Ghali Belekcir est le nouveau commandant de la Gendarmerie nationale, en remplacement du général-major Menad Nouba. C’est ce qu’annonce un communiqué officiel du ministère de la Défense nationale rendu public.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – «Le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, a présidé, cet après-midi mercredi 4 juillet 2018, la cérémonie de passation de pouvoirs et l’installation du général Ghali Belekcir en tant que nouveau commandant de la Gendarmerie nationale en succession au général-major Menad Nouba.»

Gaïd Salah précisera, selon le communiqué de la Défense nationale, qu’il procédait à ce changement « conformément au décret présidentiel du 3 juillet 2018». Le général-major Menad Nouba avait été nommé à ce poste, le 10 septembre 2015. Il aura accompli l’un des mandats les plus courts à la tête d’un corps de sécurité, une semaine à peine après la surprenante chute de son homologue de la police, le général Abdelghani Hamel. Difficile, en effet, de ne pas faire le lien entre ces deux limogeages touchant, en si peu de temps, les patrons de deux grands corps de la sécurité nationale. Des limogeages qui ont concerné, également, d’autres hauts responsables et cadres militaires et sécuritaires comme le chef de Sûreté de la wilaya d’Alger ou encore le directeur des personnels au niveau du ministère de la Défense nationale, le général-major Mokdad Benziane.

S’agissant, en tout cas, de Abdelghani Hamel et du désormais ex-patron de la Sûreté de la wilaya d’Alger, il est clair qu’il s’agit de sanctions directement liées à l’affaire de saisie de la cocaïne au port d’Oran et de ses ramifications. Mais qu’en est-il des autres responsables, en particulier le général-major Menad Nouba ? Contrairement à Hamel, lui n’a fait aucune déclaration au sujet de l’affaire de la cocaïne et qui aurait pu lui valoir le même sort que l’ex-patron de la police. S’agit-il alors de défaillances ? Fort possible. En tout cas, à se fier aux «non-dits» du discours du vice-ministre de la Défense nationale, à l’occasion de la cérémonie d’installation du nouveau commandant de la Gendarmerie nationale. «J’avais évoqué, lors de quelques occasions passées, la question de la responsabilité et je le réitère devant, aujourd’hui, la responsabilité de conduire des hommes avec vive conscience, avec mérite professionnelle, avec intégrité et loyauté en s’acquittant du devoir, est une responsabilité de grande noblesse et d’extrême importance, loin d’être simple ou aisée, requérant de la patience et de la sagesse avec les subordonnés, et une attention complète et continue à leur environnement de travail, à leurs conditions de vie et leur relationnel, en veillant en permanence à réunir tous les facteurs à même de garantir leur bon moral, que nous considérons comme étant l’une de nos priorités au sein de l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale.»

L’ex-commandant de la Gendarmerie nationale n’a-t-il pas pu se montrer, seulement, à la hauteur des lourdes responsabilités que confère ce corps stratégique de sécurité ? Ce corps particulier accomplit, effectivement, des missions civiles, militaires et judiciaires extrêmement importantes. Il est donc constamment sollicité pour accomplir et mener des missions de maintien de l’ordre, de lutte antiterroriste, de force publique, et d’auxiliaire de la justice.

Le corps de la gendarmerie est également appelé à mener des enquêtes et à traquer les différents crimes organisés. D’où la question de savoir si, en l’espèce, le limogeage de Menad Nouba n’a pas un quelconque lien avec l’affaire de l’été, celle de la cocaïne saisie au port d’Oran ? Ce qui est toutefois certain, pour le moment, est, d’abord, le fait que l’ensemble des services de sécurité «civils» ont changé de main en à peine une semaine et, ensuite, la célérité et la fermeté avec laquelle Bouteflika «frappe» dans cette affaire, à seulement quelques mois avant la présidentielle.

K. A.