Saïd Sadi, l’ex-homme fort du RCD, sort enfin de son silence et réagit fortement face à la crise politique que le pays traverse actuellement. L’un des premiers militants pour la cause berbère, n’a pas manqué de prendre la défense de la kabylie, qu’il estime « offerte en victime expiatoire », le temps « de recomposer le système ».
Chasse à l’homme. C’est ainsi que le docteur Sadi a décidé de titrer sa dernière publication partagée aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Dans ce texte dont le style traduit une certaine urgence, l’homme politique qui a décidé de se consacrer à l’écriture de ses mémoires, dénonce fortement les arrestations, les interpellations et les convocations, « souvent en violation des lois en vigueur », et « qui ciblent des individus ou des organisations en Kabylie ».
Sadi précise « qu’aucun des acteurs visés n’a revendiqué ou commis le moindre acte de violence ». Pour lui, cet acharnement des autorités sur la Kabylie remontre « à la funeste année 1957 lorsque l’opacité et la violence firent basculer le destin algérien dans le règne de l’imposture où la Kabylie fut régulièrement désignée comme la menace originelle qui pèserait sur la nation ». Selon Sadi donc, à chaque fois que le régime se retrouve devant une crise politique majeure, comme « celle qu’il traverse aujourd’hui » qui « ne manque ni d’intensité ni de complexité », le même « scénario n’a pas manqué d’être exhumé ».
Un apartheid en Algérie ?
Selon Sadi, on n’en est pas loin. Le Docteur en psychiatrie très tôt reconverti dans la politique, affirme que les dépassements que le pays connait actuellement découlent de ce qui « s’apparente à une forme d’apartheid où la loi s’applique de façon sélective selon le statut social, l’origine régionale ou la proximité avec le pouvoir du justiciable ». Le militant démocrate assure cependant que « notre devoir est de faire preuve d’autant de détermination que de vigilance ». Pour ce qui est des solutions, Sadi préconise, après « une assistance morale et matérielle due aux familles » des détenus, de « sensibiliser l’opinion nationale et internationale ».
L’ex-président du RCD n’a pas manqué de rappeler qu’on « a vu un chef d’État qualifier de traître l’architecte de la Révolution et entendu plus récemment, une députée proférer des ignominies envers des personnages historiques ou des populations amazighes », ce qui n’a pas fait bouger la justice. Il s’agit donc d’après Sadi d’une « ségrégation » qui « est une atteinte au droit », et « une offense à la mémoire de ceux qui se sont élevés autrefois contre le double collège ». En outre, ces attaques contre la Kabylie témoignent, selon Saïd Sadi, de la situation générale du pays qui « n’est pas rassurante », tient-il à préciser.
Pour finir, Saïd Sadi soutient que l’on est face à « une longue et vieille maladie algérienne ». Mais c’est une « raison de plus pour demeurer lucide », assure-t-il, car « les anciennes recettes sont périmées et une réflexion devant réinitialiser notre logiciel est urgente ».