13 septembre 2009. Le coup de starter de l’année scolaire était donné. Plus de 8 millions d’élèves avaient rejoint alors les bancs des écoles.
Finies les vacances, place au travail. Bonheur dans les classes. Chaleureuses étaient les retrouvailles. Les élèves ne savaient pas que dans quelques jours ils vivront, exception faite de l’année blanche 1994/1995 en Kabylie, l’une des plus cauchemardesques années que le secteur n’ait jamais connue.
De l’avis même du premier responsable du secteur, l’année 2009/2010 sort de l’ordinaire. Les établissements scolaires ont connu, en raison des grèves des enseignants, une paralysie totale. Un préjudice qui dépasse de loin celui causé par la grève de 2003.
Irrités par les tergiversations du ministère de l’Éducation nationale concernant le dossier portant régime indemnitaire, ces derniers ont fait appel à la solution extrême pour faire entendre leurs voix: la protestation. Résultat : arrêt total et fatal des cours. Un retard considérable dans l’avancement des programmes.
Les élèves sont inquiets. Le spectre de l’année blanche planait. Il faut dire que le scenario était attendu. Dès le début, tous les clignotants étaient au rouge: 40% des élèves n’avaient pas entamé, à temps, leur rentrée. Motif : Manque notable d’établissements scolaires. Nombre important d’entre eux n’ont pas été livrés.
Sur le plan purement pédagogique, les choses n’ont pas été, également, au rendezvous. Surcharge des classes : 44 élèves par subdivision pédagogique, la moyenne. Déficit en matière d’enseignants notamment dans certaines filières, français entre autres.Volume horaire insupportable. Programmes surchargés. D’autres « invités surprises » ont tenu à marquer de leurs présences et de leurs empreintes cette année.
Il s’agit du nouveau week-end, grippe A, Coupe du monde sans oublier les enseignants contractuels et leur éternelle revendication : l’intégration dans leurs postes respectifs. Les pédagogues, de par ces « ingrédients », ont prédi une année mouvementée. Ils n’ont pas tort…Retour sur une année scolaire pas comme les autres
Nouveau week-end, la «maison» Benbouzid en ébullition
Premier «incident» : le nouveau week-end que le pays a adopté. Cette nouvelle conjoncture n’était pas sans chambouler les cartes du ministre de l’Éducation nationale. Des rencontres, des réunions et des consultations ont été observées et menées. Finalité : trouver la meilleure formule possible, magique qu’elle soit, à même de s’adapter à la donne « surprise ».
Les propositions pleuvaient : le département de Benbouzid mit en place trois propositions : Assurer la scolarité des élèves d’une manière continue tout au long des cinq (5) journées du dimanche à jeudi de 8h à 12h et de 13h :30 à 17h :30. Soit deux (2) jours de repos par semaine (vendredi et samedi) pour les élèves.
La 2e proposition était de faire fonctionner les établissements le samedi après-midi de 13h à 17h et du dimanche au jeudi en consacrant l’après-midi du mardi au repos. Alors que la 3e proposition était de faire fonctionner les établissements la matinée du samedi de 8h à 12h et du dimanche à jeudi en consacrant l’après-midi du mardi au repos.
Les syndicats autonomes, quant à eux, préconisaient une batterie de mesures : le Conseil des lycées d’Alger (CLA) a recommandé de revenir à l’ancien weekend. Pour cette structure syndicale, le secteur de l’éducation nationale n’avait pas à adopter le nouveau week-end. Il a plaidé l’application du système de 45 minutes à condition que la tutelle procède à l’allégement du programme.
L’utilisation du vendredi matin est, également, recommandée par ce syndicat. Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), estimait qu’il y avait bel et bien, précipitation dans la décision portant mise en oeuvre du nouveau week-end.
« Les responsables du secteur n’ont pas le courage qu’il faut pour travailler le vendredi», avait-il déclaré. Selon lui, il aurait dû, et ce, dans l’intérêt du secteur, de garder l’ancien système. Cependant, ces recommandations n’ont pas trouvé d’échos et d’écoute auprès du premier responsable de secteur.
Celui-ci, était catégorique : pas question de toucher à la journée du vendredi. C’est ainsi qu’il s’est penché, contre vents et marées, pour le vendredi et samedi, journées, de repos tout en consacrant l’après-midi de mardi au repos. Le fameux programme de 45 minutes le cours, il a été appliqué dans certaines wilayas pilotes et sa généralisation à travers tous les établissements scolaires pourrait intervenir au cours de l’année prochaine. Au sein des établissements scolaires, c’est la débandade.
Chacun fait selon ses moyens: Certains établissements, pour réduire les heures du travail qui durent, selon l’actuel emploi du temps jusqu’à 17h30, ont tenu à utiliser le samedi matin comme journée de travail alors que d’autres ont penché pour le mardi après-midi.
Le Conseil des lycées d’Algérie croyait dur comme fer que le ministère de l’Éducation nationale, par « ces agissements prémédités » pousse vers le pourrissement dont l’objet en est, sans contexte, de faire oublier les véritables problèmes qui sévissaient dans le secteur.
Grippe A… la fièvre monte
Le secteur de l’éducation n’est pas épargné par la grippe A/H1N1.Trois cas d’élèves scolarisés à Beni Saf (Aïn Témouchent) ont été enregistrés.
L’angoisse s’est alors emparée au sein de la famille éducative. D’autres cas sont annoncés au niveau des autres établissements scolaires, notamment à Alger. Élèves, parents et enseignants sont inquiets. C’est la psychose. Il n’y a pas mille et une solutions devant une épidémie qui ravage le monde entier. Et les vaccins tant espérés tardent à venir.
Des voix parmi les parents d’élèves réclament la fermeture des classes. Objectif : éviter la propagation de la pandémie. Un appel vite écouté et exécuté par le ministère de l’Éducation nationale. Celui-ci a décidé la fermeture des classes touchées pour une période de 7 jours. Cette manière de procéder n’était pas pour autant pour convaincre les syndicalistes du secteur.
Ces derniers n’étaient pas allés par quatre chemins pour fustiger une telle décision. Le chargé de la communication au sein du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, soutient qu’il s’agissait bel et bien d’une fausse solution aux conséquences fâcheuses : retards dans les programmes.
Pour lui, le bon sens aurait été de mettre en place de véritables mesures de prévention et de sensibilisation mais surtout intensifier le contrôle médical au niveau des établissements scolaires.
Soulignons que le département de Benbouzid, en collaboration avec le ministère de la Santé, a mis en place un dispositif de prévention et de prise en charge. Un dispositif qui n’a pas convaincu pour autant les enseignants qui ont déploré le manque de sensibilisation au sein des établissements scolaires où les élèves étaient livrés à eux mêmes… comme c’est toujours le cas, d’ailleurs.
La protesta gagne du terrain
Les syndicats autonomes ont, une nouvelle fois, fait parler d’eux. Des grèves cycliques mais illimitées, ont été observées tout au long de cette année. Raison : la non prise en charge, par la tutelle, de leur revendications « socioprofessionnelles ».Celles-ci s’articulaient autour de trois points : le régime indemnitaire, le dossier ayant trait aux oeuvres sociales et enfin la médecine du travail. C’est l’ensemble des syndicats qui ont pris part à ce mouvement.
Il s’agit du Cnapest, Snapest, Cla, Satef et l’Unpef. D’autres entités à l’image du Snte ont tenu leurs actions séparément tout en plaidant la même cause, c’est-àdire, des augmentations salariales dignes et un meilleur cadre de vie. Les nombreuses douches froides infligées par le département de Benbouzid aux appels au dialogue des partenaires sociaux n’étaient pas pour arranger les choses.
La grève était, alors, inévitable. Celle-ci a duré cinq semaines avant que le ministre de l’Éducation n’ait daigné enfin bouger le petit doigt et répondre positivement aux doléances des syndicalistes, notamment le point relatif au régime indemnitaire. Sauf que le mal était déjà fait : un retard considérable dans l’achèvement des cours a été enregistré alors que l’année tirait à sa fin et les examens se pointent à l’horizon.
Le temps perdu était tellement énorme que son rattrapage relève du « domaine de l’impossible ». Il s’agit, là, d’un avis des enseignants. Ces derniers estimaient que la récupération nécessite au minimum trois mois. Un autre couac qui s’ajoute à toutes ces fausses notes est celui relatif à la date de déroulement du concours des enseignants. Son non-déroulement à temps a suscité la grogne de ces derniers.
Prévu durant l’été, le fameux et tant sésame attendu a été, à chaque fois, reporté, sans aucune « raison valable ». Benbouzid, quant à lui, a eu sa propre justification : « ce n’est pas moi, c’est la faute à la Fonction publique seule habilitée à organiser ce genre d’épreuves ».
Inutile de revenir, ici, sur le bras de fer qui a opposé, des jours durant, les deux institutions. Une chose est sûre, la nontenue de ce concours a fait réagir, par des actions de protestation, les enseignants contractuels qui réclamaient leurs intégrations mais aussi les syndicats autonomes.
Et ce n’est pas les reproches qui manquent : Meziane Meriane s’est dit «navré» que le ministère n’ait pas pris en considération les recommandations de son syndicat, plaidant la fixation du calendrier des épreuves, toutes catégories confondues, avant chaque rentrée scolaire.
Bac… quand Saâdane épingle Benbouzid
Les examens du baccalauréat se profilent d’ores et déjà à l’horizon. Ces derniers sont programmés pour le 6 juin prochain au lieu du 13 comme prévu initialement. Le pourquoi du comment de ce chamboulement de dernière minute est la participation de l’équipe algérienne de football à la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud. Benbouzid voulaient par ce « décalage » offrir à « ses » élèves, après une année harassante, une belle récréation.
Un « cadeau » de fin d’année. Mais voila que ce changement n’a pas été du goût de certains pédagogues qui trouvent à la fois inadmissible et étrange la démarche du premier responsable du secteur.
Et ce n’est pas sans raison : Elle aura comme désagrément majeur, la réduction du temps de préparation des élèves. La durée sera de 10 jours au lieu de 15. Pour les enseignants une bonne et parfaite préparation ne peut pas se faire en 10 jours. D’autant que cette année a été traversée par des zones de turbulence non sans influencer sur le moral des élèves.
C’est pourquoi certaines voix réclamaient l’impérieuse nécessité d’organiser une deuxième session. Sauf que sur cette question, le premier responsable du secteur a été catégorique : « L’examen du baccalauréat se déroulera cette année en une seule session, le 6 juin », a-t-il souligné, non sans marteler que la moyenne requise restera de 10/20 ; une manière de refouler toute idée de rachat.
Concernant le retard accusé en raison de la grève, Benbouzid a affirmé qu’il ne dépassait pas les 10 jours. Selon lui, tout a été remis à l’ordre concernant le temps perdu. En somme, le ministre de l’Éducation nationale rassure quant au bon déroulement des épreuves.
Il a affirmé que les moyens mobilisés cette année sont autrement supérieurs à ceux de l’année passée en termes de surveillance, d’observateurs et de matériels. Mais voila que les toutes dernières instructions de la tutelle aux chefs des centres d’examens fixant le nombre d’élèves par classe d’examen à 25 au lieu de 20, a provoqué la colère des enseignants. Pour ces pédagogues, cette procédure pourrait pousser les élèves à la triche. D’autant que le nombre de surveillants (3 enseignants) n’a pas changé.
C’est ainsi qu’ils demandent à ce que ces instructions soient annulées. Pour le moment, l’appel des enseignants à la tutelle n’a pas suscité de retour d’écoute. Ces instructions sont toujours en vigueur. Ce qui fait dire à ces derniers qu’« il y a une volonté inavouée de la part du département de Benbouzid de manipuler les résultats du Bac dont l’objet est de donner un taux appréciable pour couronner de succès une année déjà…gâchée.
Amokrane Hamiche