La plupart des habitants de cette localité redoutent le pire, après avoir vécu dans des conditions lamentables.
Les ruptures de stock de minerai de fer, dont pâtit le complexe sidérurgique depuis plus de quinze jours, et la certitude maintenant que les sites de l’Ouenza et de Boukhadra, principales sources d’approvisionnement de cette installation, ne pourront plus être exploités de manière durable font craindre le pire aux travailleurs de Sider El-Hadjar, où le haut-fourneau est à l’arrêt pour une durée indéterminée.
Répercutées par le syndicat d’entreprise et confirmées par la direction du site sidérurgique, ces informations alarmantes laissent entrevoir, en effet, des jours sombres aux quelque 5 000 familles qui dépendent directement du géant de l’acier. Mais pas seulement. Au niveau de la ville minière de l’Ouenza, c’est la panique qui s’est emparée d’une population entière, qui ne vit que du produit des gisements de minerai.
Informés de la grave situation que traverse l’entreprise des Mines de fer de l’Est (MFE), la plupart des habitants de cette localité redoutent le pire, après avoir vécu dans des conditions lamentables. Fils de mineurs ou mineurs eux-mêmes, retraités ou chômeurs, ils n’avaient jusqu’ici d’autre choix que de s’accommoder de ce qui s’offre à eux dans cette agglomération : des journées trop chaudes en été sinon glaciales en hiver et aucun autre loisir que de se rendre au café du coin.
Faute de perspectives d’emploi stable, jeunes et moins jeunes s’adonnent avec plus ou moins de bonheur à l’activité de prédilection de tous les frontaliers, la contrebande des carburants vers la Tunisie toute proche et l’import illégal de marchandises de consommation courante, telles que les pâtes alimentaires, le concentré de tomates, la chammia et autre harissa.
Ce qui est certain, c’est que la localité, qui abrite près de 53 000 âmes, n’a à offrir à ses administrés que le minimum sur les plans social, éducatif et sanitaire, mais strictement rien question distractions ou activités culturelles.
Difficile de croire, après ce constat désolant, que l’Ouenza est la commune chef-lieu de l’une des douze daïras de la wilaya de Tébessa et qu’elle est théoriquement la plus prospère d’entre toutes, grâce à ces carrières de minerai de fer autour desquelles s’est construite la ville.
Ainsi, les jeunes sans emploi, diplômés ou pas, sont là à briguer un poste dans l’une des structures de cette entreprise. Un vain espoir au vu de la situation que traverse justement l’entreprise MFE, dont les effectifs sont au complet et qui ne peut répondre de fait à cette demande massive, même par le biais des dispositifs d’insertion de l’État.
Cette quête légitime, mais impossible à satisfaire, a valu bien des déboires à la direction de cette entreprise, harcelée à intervalles réguliers par ces centaines de chômeurs, qui n’hésitent pas à chaque fois à bloquer l’accès du siège de l’entreprise, allant, parfois, jusqu’à agresser les principaux responsables.
Il n’en demeure pas moins que la mine est et restera la principale ressource de l’Ouenza et que de son développement dépend la survie de cette commune, qui ressemble plus à un immense douar qu’à un pôle économique.
A. Allia