Arrêtée durant la marche du 19e vendredi de mobilisation populaire : Une jeune femme de 19 ans placée sous mandat de dépôt

Arrêtée durant la marche du 19e vendredi de mobilisation populaire : Une jeune femme de 19 ans placée sous mandat de dépôt

Meriem Kaci

Après la détention provisoire, prononcée dimanche contre 16 manifestants pour port de l’emblème amazigh, le juge d’instruction près le tribunal Sidi-M’hamed a placé, hier, sous mandat de dépôt une jeune femme de 19 ans arrêtée lors de la marche du 19e vendredi de contestation populaire.

La jeune fille, qui portait un pin’s orné aux couleurs nationales et moitié aux couleurs de l’emblème amazigh au moment de son interpellation, est poursuivie pour atteinte à l’unité nationale, apprend-on de sources bien informées. C’est la troisième fois que des manifestants sont placés sous mandat de dépôt pour les mêmes griefs, énoncés dans l’article 79 du Code pénal, soulignent des avocats près du dossier. Aujourd’hui, la Chambre d’accusation du tribunal Sidi-M’hamed examinera la demande introduite par les avocats de la défense pour la liberté provisoire de 13 prévenus arrêtés vendredi à l’occasion du 18e acte de mobilisation populaire contre le système, apprend-on du collectif des avocats pour le changement et la dignité. Les manifestants arrêtés en possession d’un drapeau berbère et poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale» ont été placés par le juge d’instruction sous mandat de dépôt depuis le 21 juin dernier. Aucune audience n’est programmée pour l’instant par le tribunal, qui examinera aujourd’hui l’appel introduit par les avocats.

En s’appuyant sur la Constitution de mars 2016, les avocats rappellent l’article 04 qui énonce le caractère officiel de tamazight et la dimension amazighe du pays. Pour eux, le statut accordé à tamazight après un long combat ne peut être «renié ou remis en question » en interpellant tout individu qui brandit l’étendard berbère. D’ailleurs, l’article 06 de la même Constitution n’interdit pas l’exhibition publique de l’emblème amazigh et n’interdit pas le port d’un emblème autre que le drapeau national, mais prévoit une peine en cas d’outrage au drapeau national prévu par l’article 146 du Code pénal.

CHLEF : les prévenus porteurs de drapeau berbère taxés de «séparatistes»
Si les manifestants arrêtés au niveau d’Alger sont bien traités dans l’administration carcérale, ce n’est pas le cas des manifestants arrêtés à Chlef lors du 18e vendredi de marche populaire. Ces derniers ont signalé à leurs familles qu’ils étaient «victimes de dépassements », et taxés par l’administration carcérale de « séparatistes » alors qu’ils étaient au moment de leur interpellation en possession de deux drapeaux, national et berbère. Ils sont également poursuivis pour «atteinte à l’unité nationale », s’indigne le collectif dans un communiqué rendu public. Une accusation «infondée, qui leur a valu l’acharnement et la maltraitance des gardiens, des autres détenus et du personnel médical de la maison d’arrêt de Chlef», dénonce le collectif. 

Ce dernier s’indigne également du fait que « le médecin de la maison d’arrêt ait refusé de voir les deux prévenus après l’agression qu’ils ont subies». Le collectif qui craint que leurs clients aient «le même sort que le regretté Kamal Eddine Fekhar», décédé dans un hôpital de Blida après une grève de la faim de plus de 50 jours, qu’il avait entamée au lendemain de son incarcération, interpelle le directeur de la maison d’arrêt ainsi que le Procureur général près la Cour de la même ville. Il les met «devant leurs responsabilités dans le cas où un scénario Fekhar se reproduit avec leurs clients ».