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Depuis le début du mois en cours, 47 personnes ont été asphyxiées par ce gaz toxique, tandis que 444 autres ont été secourues, d’après un bilan de la Protection civile.
C’est un gaz inodore et invisible et c’est là tout son danger. Le monoxyde de carbone autrement appelé «le gaz qui tue» ou le «tueur silencieux», ôte, sournoisement, des dizaines de vies. Chaque année à la même période, des personnes meurent par le simple fait d’avoir inhalé ses émissions. Depuis le début du mois en cours, 47 personnes ont été asphyxiées par ce gaz toxique, tandis que 444 autres ont été secourues, d’après un bilan de la Protection civile. On en conviendra, ce chiffre donne des frissons. Le constat est on ne peut plus alarmant. Que se passe-t-il? C’est la grande question qui, vraisemblablement demeure sans réponse bien claire. Dès lors, deux facteurs sont pointés du doigt. D’un côté, on parle de l’inconscience qui caractérise beaucoup de nos concitoyens. Sachant qu’en ces temps de grand froid, la grande majorité des foyers allume ses appareils de chauffage en fermant toute bouche d’aération, empêchant ainsi l’air d’entrer et de se régénérer à l’intérieur. Inconscience pour certains, ignorance pour d’autres on dira. Car oui, cela doit sonner comme une évidence pour tout le monde.
D’un autre côté, l’ampleur qu’à pris ce phénomène au fil du temps est aussi imputé à la commercialisation d’un matériel jugé défectueux. Sinon, comment expliquer que l’aggravation de cette situation coïncide justement avec l’arrivée dans le marché de dizaines de marques qui produisent des appareils de combustion au gaz.
Cette problématique a été soulevée depuis un bon moment maintenant. Mais le département concerné se contente tout simplement de parler de la prise d’une série de mesures pour endiguer le phénomène. On a entendu parler de ces mêmes mesures l’année dernière, et même en 2016. Mais comme on l’aura constaté, la donne reste inchangée sur le terrain. Nous ne sommes pas encore à la fin de l’hiver et le bilan est déjà très lourd. Où va-t-on de la sorte? Qu’attendent les autorités pour réagir de manière efficiente à ce problème?
En 2017 rappelons-le, le ministère du Commerce avait initié une enquête nationale portant sur la vérification de la conformité des appareils à gaz à usage domestique. Il en est ressorti que «93% des échantillons de détendeurs à gaz testés ne répondent pas aux exigences normatives de sécurité et celles liées à l’information du consommateur.» Cela laisse à penser que ce danger concerne de nombreux appareils de chauffage qu’on utilise. En 2014, le même département a également, après une enquête, affirmé que «la quasi-totalité des appareils de chauffage contrôlés entre fin 2014 et début 2015 dans le cadre d’une enquête sur les causes des accidents domestiques ayant entraîné le décès de leurs utilisateurs ou leur hospitalisation par inhalation de monoxyde de carbone sont non conformes aux normes». Ainsi, on se demande, qu’a-t-on fait de concret depuis?
Par ailleurs, si l’on faisait un bilan comparatif du nombre de décès entre la même période en 2017, à savoir janvier, on note qu’il y a tout de même eu une légère hausse du nombre de décès par le monoxyde de carbone. En effet, 41 morts par asphyxie ont été recensés l’année écoulée, contre 47 en 2018. Cependant, dans la mesure où il reste quelques jours avant la fin du mois, et que par conséquent de nouveau décès sont à prévoir, le bilan risque de s’alourdir davantage.
On conclura donc, que le danger de ce gaz a pris de l’ampleur par rapport à l’année dernière et encore plus à celle la précédant. Inquiétant! Tel est le constat final.
Notons que les services de la Protection civile ont indiqué, hier, que «deux personnes ont perdu la vie, intoxiquées par des fuites de monoxyde de carbone, émanant d’un chauffage dans la wilaya de Béjaïa au cours des dernières 24 heures, alors que 66 autres ont été secourues dans d’autres wilayas du pays».
La même source a encore fait état de l’intervention de la Protection civile pour sauver «50 personnes incommodées par le monoxyde de carbone CO émanant des appareils de chauffage et chauffe-bains, au niveau des wilayas d’Alger 10 personnes, Batna avec six personnes, Bordj Bou Arréridj trois personnes, Constantine avec 14 personnes, Oum El Bouaghi trois personnes, Saïda quatre personnes, Sétif deux personnes, Guelma trois personnes et Laghouat cinq personnes, les victimes ont été traitées sur place puis évacuées dans un état satisfaisant vers les établissements de santé par nos secours».