Le 25 février 2010, le directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, est abattu dans son bureau du QG de la police, à Alger. Il avait 72 ans. Peu de temps après, l’enquête trouve le coupable. Il s’agit du chef de l’unité aérienne de la DGSN, le colonel Chouaïb Oultache.
Le 27 février 2017, le tribunal criminel près la Cour d’Alger prononce la peine capitale contre Chouaïb Oultache. Le 5 mars 2021, le tribunal correctionnel près la Cour d’Alger revoit le jugement et condamne l’accusé à la prison à perpétuité. On pensait l’affaire définitivement résolue, mais voilà qu’en cette fin d’année 2022, elle s’apprête à refaire surface.
En effet, la Cour suprême a accepté le pourvoi en cassation de la défense de Chouaïb Oultache contre le verdict rendu le 5 mars de l’année dernière. La justice avait condamné l’ex-chef de l’unité aérienne de la DGSN, dans le cadre de l’affaire de l’assassinat d’Ali Tounsi, à la prison à vie pour « homicide volontaire avec préméditation, tentative de meurtre et possession d’arme à feu de 4e catégorie sans autorisation ».
Pour tenter de se disculper, Chouaïb Oultache avait affirmé aux juges : « C’était (Ali Tounsi) un ami de longue date. On se connaissait depuis 30 ans. Il n’y avait entre nous aucune espèce de malentendu, ni sur des questions d’argent, ni de femmes, ni d’alcools ».
Oultache emploiera ensuite tous les stratagèmes susceptibles de le soustraire à la peine capitale. Il dira par exemple : « Je suis un moudjahid, et un moudjahid ne peut pas tuer un autre moudjahid ». Par la suite, il ajoutera que la dernière phrase qu’il a entendue sur les lieux du crime, avant de perdre connaissance, était : « Tuez-les tous les deux ». Il pointait ainsi les cadres de la Direction générale de la sûreté nationale.
Va-t-on connaître le fin mot de l’affaire de l’assassinat d’Ali Tounsi ?
Par ailleurs, on prévoit que la Cour suprême renvoie le pourvoi en cassation devant le tribunal correctionnel près la Cour d’Alger pour une programmation prochaine du dossier.
L’on s’attend donc, pour ce troisième procès, à ce que l’accusé révèle enfin les mystères qui entourent l’assassinat d’Ali Tounsi le 25 février 2010 qui avait choqué l’opinion publique à l’époque. Car les précédents procès et enquêtes n’ont pas révélés tous les détails concernant cette affaire énigmatique.
Lors de son premier procès pour corruption, le colonel Oultache s’était abstenu de mentionner quoi que ce soit sur l’affaire du meurtre de l’ex-DGSN. Tandis que, lors de son audience au tribunal correctionnel en 2017, il a soutenu qu’il était « innocent », et a accusé d’autres parties d’avoir commis le crime sans toutefois révéler leur identité.
Pour rappel, en juin 2015, la cour de Boumerdès avait condamné Chouaib Oultache, dans une affaire de dilapidation de deniers publics, à une peine de trois ans de prison ferme assortie d’une amende de 100 000 DA. Les charges retenues contre l’ancien directeur de l’unité aérienne de la DGSN étaient : « passation illégale de marché », « dilapidation de deniers publics » et « abus d’autorité ».
Cette affaire qui remonte à 2007 et dont les dessous ont été révélés après l’assassinat du colonel Ali Tounsi, — concerne la signature d’un contrat douteux d’acquisition d’équipement informatique au profit de la DGSN avec l’entreprise Algerian Business Multimédia (ABM). L’enquête a conclu qu’Oulatche avait usé de son influence pour offrir le marché à la société ABM dont son gendre occupait le poste de directeur général adjoint.