Assassiné le 18 octobre 1970 à Francfort, en Allemagne, le meurtre de Krim Belkacem, l’un des dirigeants de la révolution algérienne, reste toujours entouré de mystères. Lors de la célébration du 51e anniversaire de son assassinat, son fils revient avec de nouvelles révélations.
Rencontré au cimetière d’El Ali à Alger, où est enterré son père depuis le 24 octobre 1984, date où son corps avait été rapatrié d’Allemagne, Ahmed Krim rappelle qu’il y avait « complicité et trahison » dans l’assassinat de son père. Il témoigne que son père s’interrogeait sur l’attitude « des autorités françaises à son égard » quelques jours avant son assassinat.
« Je ne comprends pas pourquoi l’on refuse de m’accorder un visa pour la France », avait déclaré Krim Belkacem à des proches quelques jours avant son assassinat. À ce propos, son fils précise que son défunt père n’avait pas ce problème auparavant.
« À l’époque de Pompidou, on lui avait imposé un permis de séjour, donc il lui faut un visa à chaque fois qu’il voulait se rendre en France », témoigne Ahmed Krim avant de préciser « qu’à chaque demande, on lui accordait le visa sans problème ».
Quelques jours avant son assassinat et « alors qu’il voulait se rendre en France pour une réunion avec les mercenaires envoyés par le système », le consulat de France en Suisse lui avait refusé le visa. Par conséquent, « il était obligé de se rendre à Frankfurt », ajoute encore l’interlocuteur.
Plus loin dans ses révélations, le fils du héros de la guerre de libération nationale cite plusieurs noms de personnalités impliquées, selon lui, dans l’assassinat de son père. En effet, il a cité un certain Mahfoudh Abadou, Ousselimani un neveu de Abane Ramdan, Ait Mesbah et Bouhouche.
« Les autorités avaient refusé son enterrement au Maroc »
Pour l’enterrement de Krim Belkacem, son fils affirme qu’il voulait que ça soit au Maroc. Selon lui, les autorités algériennes de l’époque avaient refusé cela, malgré que l’Ambassade d’Algérie au Maroc était favorable « par principe », a-t-il dit.
Alors qu’il préparait les démarches afin d’enterrer son père au Maroc, Ahmed Krim révèle que « deux personnes du ministère de l’Intérieur sont venues me dire que son enterrement au Maroc est refusé ».
Pour rappel, le 18 octobre 1970, Krim Belkacem avait été retrouvé étranglé par sa cravate dans une chambre d’hôtel à Francfort. Il fut enterré dans le carré musulman de la ville allemande. Le 24 octobre 1984, son corps avait été rapatrié et enterré au « carré des Martyrs » au cimetière d’El Alia, à Alger.