»Astewtew n cciṭan » un nouveau roman graphique en tamazight

 »Astewtew n cciṭan » un nouveau roman graphique en tamazight

Dans un communiqué publié sur son site, l’artiste finlandais Ilpo Koskela a annoncé la date de parution de son nouveau roman graphique en tamazight  »Astewtew n cciṭan » (le murmure du diable), traduit du finnois en tamazight par Hamza Amarouche. Ce livre sera publié en Algérie le 3 octobre 2016, chez Oxygen Publishing House, à l’occasion du Festival international de la bande dessinée FIBDA. Pendant le FIBDA, ce livre sera présent au stand d’Oxygen Publishing House, par la suite, il sera disponibles sur les étals des libraires algériennes à partir du 9 octobre, juste après la clôture du festival.

Cette nouvelle parution va assurément enrichir le 9e art en tamazight, d’une autre part, elle vivifie de plus en plus les échanges littéraires amazigho-nordiques. À rappeler que ces échanges ont remarquablement émergé pendant les deux dernières années, et ceci est, notablement, une suite d’une démarche d’envergure qui a été lancée en 2013 entre le traducteur Hamza Amarouche et l’institution des échanges littéraires finlandaise – FILI- à Helsinki.

A cet égard, Hamza Amarouche pense que promouvoir tamazight par la traduction littéraire est un moyen puissant pour faire connaître tamazight dans les pays nordiques. Pour cela, Oxygen Publishing House a déjà lancé un objectif pour que tamazight sera présente d’ici à 2019 dans tous les pays scandinaves.

 »Aujourd’hui, tamazight a commencé à arracher sa place entre les autres langues en Finlande, et cela grâce aussi à l’élite finlandaise qui nous a soutenu dès début. En Finlande, nous avons signé quatre contrats pour traduire en tamazight des BD et des livres pour enfants. Deux contrats ont d’ailleurs été signés avec Otava et Tammi, les deux plus grands éditeurs en Finlande. », a dit Hamza Amarouche.

De son côté, l’artiste finlandais Ilpo Koskela pense que c’est intéressant que les Amazighs puissent aujourd’hui écrire et notamment lire de la fiction en tamazight, car ceci relance l’esprit de la civilisation amazighe et surtout donne de l’espoir pour les générations futures.

 »J’ai été très touché l’année passée quand j’ai visité le festival international de la bande dessinée d’Alger. On nous a chaleureusement accueillis, et j’ai rencontré beaucoup d’Algériens qui ont aimé mon livre et salué cette démarche visant à traduire en tamazight mes livres. Pendant le FIBDA, j’ai eu plusieurs conversations avec beaucoup de monde et les médias ont bien parlé de notre présence », a-t-il affirmé.

Selon l’artiste finlandais, « Agherrabu n ugafa » a donné un bon souffle au roman graphique en tamazight, car il s’agit d’une histoire qui raconte une aventure mais qui porte aussi une valeur universelle.

 »Astewtew n cciṭan retrace des événements politiques, mais l’histoire pourrait quasiment être compliquée par rapport à Yahti », a-t-il ajouté. C’est avant tout un roman graphique sur les traces de la guerre froide:

Avril 1961, les deux aventuriers Aleks et Charlie partent dans une mission secrète à Cuba pour trouver Mr Menendez, un spécialiste  »trocedor » du cigare cubain. Cependant, leur plan se trouve face à des grands obstacles dès leur arrivée à La Havane.

 »Astewtew n cciṭan » retrace trois grands événements dans le monde marquant la guerre froide.

D’abord Youri Gagarine (1934-1968), est le premier homme à avoir effectué, le 12 avril 1961, un vol dans l’espace. En outre, Le roman revient sur les crimes de guerres pendant la Seconde guerre mondiale en évoquant le procès de l’ex-SS Hauptsturmführer nazi Adolf Eichmann qui comparaît, le 11 avril 1961, à Jérusalem pour quinze chefs d’accusation. Le roman rappelle que ce procès attira des journalistes de partout, et fut presque intégralement filmé pour les télévisions du monde entier.

Ces deux événements sont suivis, le 17 avril 1961, par le débarquement de la Baie des Cochons, lorsque 1400 hommes soutenus par une force aérienne ont tenté de renverser Fidel Castro.

 »Astewtew n cciṭan », est un rétroviseur qui retrace cette période qui a marqué, pas seulement l’histoire de la guerre froide, mais plutôt toute l’humanité.

C.P.

Ilpo Koskela et Hamza Amarouche

Deux questions à Hamza Amarouche, l’auteur de la traduction

Le Matindz : Comment est née l’histoire de la traduction de ce livre en tamazight ?

Hamza Amarouche : Quand j’ai lu le roman  »Le murmure du diable » de Ilpo Koskela, j’ai aimé l’histoire, car non seulement elle décrit la révolution cubaine de l’intérieure, mais plutôt elle raconte de grands événements qui qui ont marqué la guerre froide.

En somme, j’aime ce roman car il travaille sur des sujets retraçant des vraies histoires dans le passé. Le réalisme est souvent présent dans les romans graphique de Ilpo Koskela.

En Finlande, on aime beaucoup ce style car il réagit contre le sentimentalisme romantique qui existe souvent dans la BD nordique.

Je pense que Koskela a imposé son style et il a un public important en Finlande.

 »Astewtew n ccitan » vise à représenter le plus fidèlement possible la réalité sur la révolution cubaine telle qu’elle est. Le roman transmet par exemple même les dialogues des paysans qui sont contre le nouveau régime de Fidel Castro et Che Guevara.

En somme, le roman relance l’histoire du premier homme dans l’espace, l’affaire des crimes de guerre pendant la Seconde guerre mondiale, le procès de l’ex-officier nazi Adolf Eichmann qui comparaît, le 11 avril 1961, à Jérusalem pour quinze chefs d’accusation, et enfin le débarquement de la Baie des Cochons : 1 400 hommes soutenus par une force aérienne tentent de renverser Castro.

Comment avez-vous décidé de traduire ce livre ?

Quand j’ai lu l’histoire, j’ai pensé que c’est une bonne occasion pour que le lecteur amazigh puisse découvrir une phase importante de la guerre froide (Avril 1961). Lire l’histoire de l’humanité en tamazight a son charme. Un sentiment vraiment profond.

Je pense souvent que la littérature amazighe doit traverser les frontières pour rencontrer d’autres littératures, découvrir d’autres civilisations et l’histoire de toute l’humanité. Je sens que l’opportunité est bien arrivée pour que notre langue puisse voyager à travers la traduction.

Quand j’ai parlé avec Ilpo Koskela sur ce deuxième projet, il était motivé. Il est artiste mais aussi créateur qui ne croit pas aux frontières, et surtout il apporte une admiration remarquable au peuple et la civilisation amazighs. Toutes ces motivations m’ont donc poussé à lancer ce projet de traduction.

À l’occasion, je rappelle qu’Oxygen Publishing House, est une petite maison d’édition typiquement algérienne, spécialisée dans la traduction en tamazight de la littérature nordique, notamment la BD.