Des friperies de Souk Ahras où il achetait ses équipements pour s’entraîner au sommet olympique en 2012 et cette médaille d’or du 1500 m à Londres, Taoufi Makhloufi a dû avaler des kilomètres sur les pistes. S’il a conquis l’Olympe, il lui reste un titre universel à glaner lors des Mondiaux. Pour cela, il devra patienter, car il s’est vu obligé de renoncer à ceux de cet été qui ont débuté hier à… Londres. Dans un entretien accordé à l’AFP, le demi-fondiste s’est montré ambitieux pour réaliser son rêve ultime avec un éventuel record en ligne de mire.
Pour un coup dur, c’en est un. Pas seulement pour l’athlétisme algérien puisqu’il était une véritable chance de médaille, mais aussi pour le concerné lui-même. En effet, Makhloufi devra différer son ambition de décrocher l’or mondial jusqu’à 2019 et l’édition de Doha (Qatar). Toutefois, s’il s’est dit «triste de rater ce rendez-vous» à cause d’une blessure musculaire au mollet, l’athlète de 29 ans veut «se rattraper» en battant un jour le record du monde du 1500 m. «J’ambitionne de battre au moins un record du monde, probablement celui du 1500 m». Une référence détenue depuis 1998 par le Marocain Hicham El Guerrouj en 3’26″00, près de 3 secondes plus rapide que Makhloufi dont le record personnel est de 3’28″75. Si l’écart paraît «petit», il faut savoir qu’il faudra un travail énorme pour essayer de tutoyer ce chrono qui résiste depuis presque 20 ans maintenant. Cela en dit long sur la difficulté de ce défi. Mais ce n’est pas une mission impossible pour le double médaillé d’argent aux Olympiades 2016 de Rio. Revenant sur son enfance à Souk Ahras, où il a grandi dans un milieu pauvre, il raconte qu’il trouvait son équipement «dans les friperies». Ces conditions l’ont poussé à «trouver une voie qui change ma vie, l’athlétisme a été cette voie», révèle celui qui «n’écarte pas la possibilité de courir un jour sur des distances plus longues, comme le 5000 m» même s’il reste «pour l’instant concentré sur le demi-fond, 800 et 1500 m» Quelques années plus tard, le sportif algérien le plus titré lors des JO a pu inscrire son nom en lettres d’or dans les annales du sport algérien et planétaire. «Je voulais laisser mon empreinte et, Dieu merci, c’est fait», s’est félicité le successeur de Noureddine Morceli.
La vie sans Philippe Dupont
Par ailleurs, le détenteur du record d’Algérie du 1 000 m en 2 min 13 s 08 et du 800 m en 1 min 42 s 61 a évoqué l’aspect technique de sa carrière. Depuis sa séparation en mars dernier avec son entraîneur français Philippe Dupont, qui est aussi manager du demi-fond à la Fédération française d’athlétisme, Makhloufi est sans coach. «Je suis toujours en contact avec Philippe Dupont, on se parle tout le temps, il me conseille» mais pour le moment, «il ne peut pas m’entraîner à cause d’une question de concurrence» avec les athlètes français, indique le quintuple champion d’Algérie. En effet, le fait que le Français Pierre-Ambroise Bosse (800 m) ait échoué au pied du podium lors des joutes brésiliennes, cela a compromis la relation professionnelle entre le Dz et celui qui le coachait. «Philippe Dupont était à la fois mon entraîneur et responsable des athlètes du demi-fond français. Une situation qui a créé des problèmes quand j’ai décroché une médaille avant certains athlètes français», révèle Makhloufi qui espère «que le ministère algérien des Sports et son homologue français, ainsi que les deux fédérations, trouvent une solution. Un juste milieu qui puisse nous convenir à tous les deux.» Outre ce partenariat, Makhloufi assure que «le travail, la volonté et la confiance en soi déterminent tes objectifs.» Les Algériens lui souhaitent certainement le meilleur parce qu’il a toujours donné le meilleur de lui même sur la piste…