Il faut attendre au moins un mois pour voir la production saoudienne de pétrole revenir à ses niveaux d’avant-l’attaque de samedi dernier.
En effet, quelque trois millions de barils de pétrole saoudien par jour resteront indisponibles pendant un mois, soit environ la moitié de la production suspendue après les attaques ayant ciblé des infrastructures majeures, a estimé, hier, le spécialiste de l’analyse des marchés pétroliers S&P Platts.
Les attaques de drones ayant visé les installations pétrolières saoudiennes ont entraîné un manque à gagner de 5,7 millions de barils par jour (bpj) pour le marché, soit 6% de la production mondiale.
Bien que les Saoudiens se soient mis dans une course contre la montre pour que les installations endommagées soient remises en service, il est peu probable que la production saoudienne puisse atteindre les 10 millions de barils/jour avant plusieurs semaines. Le manque à gagner généré par les attaques de samedi ont fait rebondir fortement les cours du brut, atteignant les 68 dollars sur le marché londonien et 60 dollars sur la place new-yorkaise à l’issue de la première journée des transactions de la semaine. Cependant, les prix du pétrole ont légèrement fléchi, hier, après les hausses record de la veille, alors que l’incertitude règne sur les marchés mondiaux quant au calendrier de relance de sa production par l’Arabie saoudite, poids lourd de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep). Le Brent a perdu 6% de sa valeur, hier, soit près de 5 dollars, rassuré, semble-t-il par les chiffres sur les stocks mondiaux de brut en mesure de compenser les pertes saoudiennes.
Traditionnellement, le royaume wahhabite pompe environ 9,9 millions de barils par jour, dont 7 millions sont exportés, notamment vers les marchés asiatiques. Selon la société basée à Londres Capital Economics, les stocks mondiaux de brut, estimés à environ 6,1 milliards de barils, devraient être en mesure de compenser la perte de production. D’où la rechute spectaculaire des cours après un rebond historique sur la même journée. Mais pas seulement.
Risques d’un conflit régional
Les prix du pétrole ont rechuté, hier, après des informations de presse indiquant que la production saoudienne pourrait être rétablie d’ici un mois, après leur flambée record de la veille.
Ces informations ont accrédité l’idée selon laquelle l’Arabie Saoudite, un poids lourd de l’échiquier pétrolier mondial, devrait revenir sur le marché beaucoup plus rapidement que précédemment anticipé.
Ce qui fait dire à Capital Economics que les prix du pétrole pourraient retomber à environ 60 dollars
(54 euros) le baril si l’Arabie saoudite réussit à rétablir sa production totale dans les délais annoncés, ou à l’inverse atteindre 85 dollars (77 euros) le baril si cela prend des mois et que les tensions persistent. Cependant, au-delà de leur impact sur le marché pétrolier, les attaques ayant pris pour cible les installations pétrolières saoudiennes ont ravivé les craintes d’un conflit dans la région, Ryad et Washington pointant du doigt le rôle de l’Iran dans ces attaques. Téhéran a nié son implication mais estimé que les Houthis avaient le droit de se «défendre » face à l’intervention militaire de l’Arabie saoudite et ses alliés au Yémen. Hier, les Américains sont allés jusqu’à certifier que les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes ont été lancées depuis le sol iranien. En effet, les Etats-Unis ont dit avoir la certitude que l’attaque du week-end contre l’Arabie saoudite a été menée depuis le sol iranien et que des missiles de croisière ont été utilisés, a indiqué, hier, à l’AFP un responsable américain. L’administration américaine est en train de préparer un dossier pour prouver ses dires et convaincre la communauté internationale, notamment les Européens, à l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine, a précisé ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. C’est dire que ces attaques ayant visé le pétrole saoudien, le cœur battant de l’économie du royaume, pourrait donner lieu à un conflit majeur dans la région.