Attentats: la peur traverse Boualem Sansal «à Paris comme à Alger»

Attentats: la peur traverse Boualem Sansal «à Paris comme à Alger»

Invité dans la matinale de France culture, l’écrivain du roman à succès 2084, La fin du monde est revenu sur la guerre d’Algérie qui a frappé son pays natal avant de confier que son effroi de la terreur islamiste ne lui laisse plus de répit en France.

L’écrivain à succès Boualem Sansal a mis au centre de son œuvre la dénonciation de l’islamisme. Son dernier roman, 2084, La fin du monde, qui a reçu du Grand Prix du roman de l’Académie française, raconte l’avènement d’un empire planétaire intégriste.

Invité au micro de Guillaume Erner sur la matinale de France Culture, l’auteur algérien a rappelé que «ce qui se passe à Paris résonne à Alger et ce qui se passe à Alger résonne à Paris».

Celui qui a connu la période de la guerre civile (1991 – 2002) qui a ensanglanté son pays natal, a rappelé les prémices de la décennie noire. «Comme à la veille d’un tremblement de terre, on sentait quelque chose venir» raconte-t-il. «Et puis on cherchait à négocier avec soi-même pour savoir quoi faire, on se demandait, est-ce qu’il faut détourner le regard, se préparer, fuir? Puis la chose a explosé, comme un séisme, et là c’était le sauve qui peut. Il fallait alors prendre des décisions de façon quasi-instinctive, sans avoir le temps de réfléchir.»

Cette interview a également été une occasion pour l’auteur de rappeler que l’histoire est écrite par des majorités actives. Il évoque, toujours à propos de cette guerre civile, le retournement qui a conduit à ce qu’il appelle «l’humiliation suprême», et à l’islamisation d’une partie de son pays: «Une société de gens raisonnables, qui parle de démocratie, de culture et de philosophie, va petit à petit changer de mains et être accordé à des ignorants, souvent très jeunes, mentalement déglingués. Le pire est de voir la société intelligente accepter cette domination. Cela, avant de poser une question rhétorique: «Est-ce le syndrome de Stockholm?»

La peur a conquis de nouveaux territoires

L’auteur de 66 ans, censuré dans son pays pour sa critique de l’islamisme, a avoué ne plus se sentir en sécurité en France, comme il avait pu l’être toute sa vie. «Jusqu’à l’année dernière, quand je venais en France, la peur disparaissait. J’éprouvais un soulagement considérable en arrivant à Roissy. Je me disais que le temps pour lequel je venais en France, je serai tranquille. Ce n’est plus le cas, maintenant la peur est partout. Elle me suit. Avant je la laissais à Alger, quand je traversais l’aéroport d’Alger, j’étais dans le soulagement et là, elle me suit. Maintenant j’ai peur même à Paris.»