Toutes les saisons sont propices au voyage en Algérie. Et alors que le printemps vient à peine d’amorcer son retour, voilà que les pluies ne lui donnent pas le loisir de s’installer en ces derniers jours de mars.
« Le mois des fous » a ainsi fait des siennes dans l’Oranie cette année encore, en arrosant tantôt de précipitations les villes côtières, tantôt en les inondant d’un soleil de plomb. Le froid et le gel ont été aussi de la partie, ne laissant pas de répit aux chauffages dans les chaumières ou aux feux de bois dans les haouchs. La kachabia et le burnous sont encore de mise. D’autant que les derniers flocons de neige ont recouvert des prairies entières à l’extrême ouest du pays. Les derniers, semble-t-il de l’année. Ces caprices de dame nature n’en rendent que plus beaux les paysages parsemés de marguerites et de genêts. Et ce soudain rafraîchissement du temps en a surpris plus d’un, qui au gré des milliers de kilomètres qui séparent Alger des villes frontalières du Maroc, est de légers vêtements vêtu, l’insouciance des beaux jours en prime dans le corps et l’esprit. Surtout en ces haltes salvatrices aux aires de détente qui ont été érigées le long de l’autoroute Est-Ouest. Une route qui l’été dernier encore offrait les commodités voulues aux automobilistes, tant ils roulaient comme sur un tapis. Aujourd’hui, des encombrement monstres la jalonnent et rendent les déplacements astreignants. Des bouchons occasionnés par des déviations qui font emprunter aux usagers la même voie, l’autre étant en réfection. Et sur les tronçons qui attendent d’être entretenus, la chaussée se fait irrégulière, en raison de nids-de- poule, de crevasses, et par endroits est complètement affaissée. Souvent les conducteurs surpris par ces détériorations manquent de perdre le contrôle de leur véhicule, d’ailleurs, il en est qui sont victimes d’accidents ou qui en provoquent, c’est selon. Les plus avertis, prévoyants, ne disculpent pas ces automobilistes, car, disent-ils, quand on sait qu’il y a des travaux de réfection pour ces raisons de détérioration, il y a une vitesse à respecter, surtout lorsqu’on arrive au point focal de la déviation. Puisque c’est là que généralement les accidents arrivent. Des dizaines d’ouvriers s’affairent dans ces chantiers semés un peu partout. De gros engins creusent, bitument et recouvrent la chaussée pour livrer le plus tôt possible et bien la nouvelle chaussée, revue et corrigée. Sur les aires de stationnement, les voyageurs s’offrent un moment de détente, autour d’un café, d’une limonade ou carrément se sustentent car le voyage est encore long. Un tour aux sanitaires maintenant payants, car, livrés récemment au privé pour leur entretien, ils ont bien meilleure allure. Là aussi, les lieux ont subi des réparations, comme la chasse d’eau, la robinetterie, les poignées des portes et les verrous… tout a été changé. Une touche de gaieté, les dessins qui enjolivent les toilettes réservées aux enfants, enjolivées de couleurs. La femme de charge veille au grain. Armée d’un frottoir et d’une serpillère, elle nettoie après le passage d’un client. Elle remet du papier hygiénique, frotte les lavabos… contre 10 DA. Il y en a qui allongent plus de pièces, par respect, pour les encourager. Pour ceux qui veulent faire des achats de dernière minute, il y a une supérette qui pourvoie à ces urgences. Et ceux qui s’arrêtent au moment de l’appel à la prière, il y a une salle aménagée pour qu’ils puissent accomplir leur devoir religieux. Dans la salle d’eau, il y a même des savates pour leurs ablutions.
Maintenant, le voyage peut continuer
Sur la route, des barrages de la Gendarmerie nationale. Une présence qui rassure et sécurise. Les noms des villes défilent et avec des paysages aussi singuliers les uns que les autres. Tout est vert alentour. Aux abords de l’autoroute, les espaces verdoyants mettent un peu de vie sur ce long tronçon routier qui fatigue et ennuie presque. A la différence de la vieille route bien animée et qui vous fait traverser des villages qui sortent de l’anonymat à la faveur d’une pancarte indicatrice. N’était le souci de la distance parcourue plus rapidement, cet itinéraire reste, de loin, le meilleur. Sur l’autoroute, on devine les villages éloignés, de par la silhouette des toitures, des ruelles qui serpentent de l’autre côté de la vallée. Les étendues vertes à perte de vue offrent des parcelles de terre travaillées, des vergers en fleurs… La vie rurale a encore ce charme indiscutable qui fait renouer avec le calme et la tranquillité. Il y a de la peine à croire que ces troupeaux de moutons, de vaches et de chèvres poursuivis par les jappements de chiens de garde, l’œil aguerri du berger souvent jeune, ne sortent pas d’une carte postale. Tant le paysage est paisible. Soudain, au pied d’une montagne, surgit une multitude de noms de villes. Et à chacun d’opter pour sa destination. Les pôles urbains et leur cacophonie viennent trancher avec la verdure à l’infini. Voici à présent le béton qui a ravi depuis longtemps la couleur à la nature que quelques espaces verts, des rangées de palmiers, viennent en trompe-l’œil humaniser les grandes façades en vert, les tours élancées vers le ciel et les barrières de trémies et autres échangeurs, en vain. Des aménagements à la mode que toutes les villes ont adoptés. Comme pour ne pas faire de jaloux. Ce qui ne diminue en rien aux embouteillages qui caractérisent les grandes cités urbaines. Oran, Mostaganem, Tlemcen, Maghnia, Aïn Témouchent, Sidi Bel-Abbès, Beni Saf… accueillent différemment avec chacune sa particularité, dans une invitation au voyage. A la découverte. Un aller avec retour. Telle une belle promesse d’offrir ce que la voisine n’a pas su apporter. L’étranger se laisse faire, non sans cette sensation d’avoir changé d’air et d’avoir comblé un manque, celui de faire du pays. En attendant de mieux le parcourir avec les infrastructures adéquates et les hommes qu’il faut pour les gérer. Vous avez dit tourisme ?