Par Lyès Menacer
Sur le lieu du massacre de 160 Peuls, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avait déclaré qu’il était de la responsabilité de l’État d’assurer la sécurité des citoyens.
Le massacre de civils se poursuit dans le centre du Mali, où les violences communautaires ont encore fait six victimes au moins au sein de l’ethnie Dogon, moins d’une semaine après la tuerie dont étaient victime plus de 160 habitants d’un village peul, ont indiqué des sources sécuritaires maliennes et la Mission de l’ONU (Minusma). “Le village dogon de Ouadou a été attaqué par des hommes armés. Des maisons ont été incendiées, le bilan provisoire est de quatre morts.
Dans un autre village du cercle de Bankass, deux femmes ont également été tuées”, a déclaré à l’AFP Oumar Diallo, conseiller municipal dans ce secteur près de la frontière avec le Burkina Faso. La Minusma a précisé que l’attaque de Ouadou s’était produite dans la nuit de lundi à mardi. “Plusieurs maisons ont été brûlées, du bétail a été volé. Un bilan préliminaire fait état de quatre personnes tuées, dont une jeune fille. Les habitants se sont réfugiés dans les villages avoisinants”, selon le communiqué. “Aujourd’hui mardi également dans le hameau dogon de Kere Kere, dans le cercle de Bankass, au moins deux femmes auraient été tuées, une autre blessée”, a ajouté la Minusma.
Samedi, des individus armés, habillés en tenues militaires, ont massacré 160 habitants d’un village peul d’Ogassogou, toujours dans la province de Mopti. Ce qui laisse croire à certains que les deux attaques de villages dogons sont venues en réaction à celle de samedi. Mais la réalité est plus complexe, car il ne s’agit pas seulement de banale question de vengeances. La problématique de l’insécurité dans le centre du Mali soulève moult questions et inquiétudes aussi bien à Bamako qu’au niveau régional et international. Une équipe de l’ONU est d’ailleurs sur place pour enquêter sur ces massacres qui ont fait en 2018 plus de 500 morts, selon un décompte officiel de l’Organisation des Nations unies. “Les violences répétées commises dans le centre du Mali sont extrêmement graves”, a déclaré le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, cité dans le texte. “Il est primordial que ceux qui ont participé ou contribué à ces exactions fassent l’objet d’une enquête et de poursuites. Cette spirale de la violence doit cesser immédiatement”, a-t-il affirmé. “Des équipes des droits de l’homme enquêtent actuellement et soutiennent les autorités locales compétentes pour que ces crimes ne restent pas impunis”, a souligné la Minusma.
Cependant, cela suffirait-il à éteindre le feu des violences inter-ethniques et inter-communautaires au Mali ? peu de gens croient en la fin de ces violences, sans un véritable retour de l’autorité de l’État dans le centre et le nord du Mali, où les milices règnent au milieu d’un chaos socioéconomique et sécuritaire des plus inquiétants. Certaines de ces milices ont même été autorisées par Bamako, pour suppléer à l’absence de l’armée et de la police dans certaines zones, une option qui a montré ces limites et ouvert la voie à tous les abus, peut-on constater.
Lyès Menacer