Ouvert mercredi 14 février au grand public, le musée olympique algérien a accueilli les élèves de deux écoles primaires à Alger. Mais le lendemain, très peu de visiteurs s’y trouvaient pour admirer des joyaux qui rappellent les plus beaux exploits du sport algérien.
Malgré son inauguration officielle en janvier, des ouvriers mettaient toujours les dernières touches à la façade vitrée et à l’intérieur du musée. L’échafaudage qui gêne légèrement l’entrée a peut-être découragé les moins curieux, mais ceux qui ont persisté ont pu apprécier des centaines de pièces exposées.
L’immeuble, situé en face de la salle omnisports Harcha Hassan à Alger, s’élève sur 7 étages et s’étale sur un terrain de 521m². Le musée, dirigé par Mohamed Lazhari, le premier athlète algérien à participer aux jeux olympiques (Tokyo, 1964), occupe les trois premiers paliers, tandis que l’académie olympique occupe le reste du bâtiment.
A l’intérieur, des armoires en verre longent le hall de la réception des deux côtés. Elles contiennent divers trophées, diplômes et attestations remportés par des sportifs algériens dans divers disciplines et compétitions internationales.
Des photos des équipes nationales de football de différentes époques sont accrochées au dessus de chaque armoire.
“Ça donne la chaire de poule”, confie Lakhdar, 67 ans, visiblement ému devant une photo de la sélection algérienne en date du 1er janvier 1964. “Ils étaient tous des grands joueurs, j’ai grandi en les regardant jouer. J’ai même rencontré Rachid Makhloufi une fois”, ajoute-t-il. Il enchaîne une petite discussion avec un employé du musée pour tenter d’identifier chacun des footballeurs sur la photo.
De la nostalgie, mais pas que chez les visiteurs âgées. Plus loin dans le même palier, deux étudiantes regardent une des nombreuses tables d’exposition. “Mon père monopolisait la télé quand j’étais petite pour voir les JO, surtout l’athlétisme”, confie Imene, 24 ans, devant des souliers de Nouria Benida Merah, la médaillée d’or du 1500m à Sydney en 2000.
D’autres ouvriers peignent les murs de la cage d’escaliers pour accéder au 1er étage. Cela expliquerait, en partie, l’absence totale de visiteurs dans ce palier. On y trouve par contre une autre demie douzaine de tables d’exposition ainsi que des tableaux et des armoires. Le 2e niveau n’est pas encore accessible mais selon un plan exposé, il contient deux salles de lecture et une salle de projection.
Seul un montage photo est dédié à Taoufik Makhloufi, l’unique médaillé algérien des deux dernières olympiades. La majorité des pièces rappellent plutôt les années 90 et le début des années 2000, une période du sport algérien où un semblant de stratégie en athlétisme, judo et boxe avait porté ses fruits, notamment à travers la récolte de nombreuses médailles aux JO.
Des drapeaux, des tenues officielles, des pins, des kimonos, des posters et des badges, la plupart des objets ont été offerts au musée par les athlètes eux-mêmes, comme ce maillot de Said Guerni Djabir ou des souliers de Noureddine Morceli.
Certaines pièces sont des dons de fédérations, comme ce poster de la légende nippone Yukio Endo, triple médaillé d’or aux JO de 1964, offert par la fédération japonaise de gymnastique.
D’autres éléments peuvent être empruntées, comme la seule coupe d’Afrique des Nations remportée par l’Algérie en 1990 et exposée la veille à l’occasion de l’ouverture au public.
Si les deux étudiantes ont entendu parler du musée la veille à la télévision, Lakhdar, le sexagénaire, est un habitant du quartier. Ils sont d’ailleurs les seuls visiteurs rencontrés sur place en ce jeudi 17 février.
Pour attirer plus de monde, M. Lazhari compte organiser une journée pour la presse prochainement. “Ça sera une occasion pour faire connaître le musée olympique, mais aussi pour voir ce que les médias peuvent nous apporter”, explique-t-il.
Cet ancien gymnaste a d’autres projets pour son musée afin qu’il ne devienne pas “une galerie figée”. Il veut organiser périodiquement des rencontres avec les anciens sportifs algériens ayant participé aux jeux olympiques pour leur donner la parole et leur rendre hommage.
“Nous avons 480 athlètes qui ont participer aux JO, mais qui les connaît aujourd’hui?”, regrette-t-il.
Autant de personnages et d’objets historiques ne peuvent qu’inspirer et faire rêver des écoliers et des jeunes visiteurs à devenir de futurs grands athlètes. Pour peu que l’échafaudage qui gêne l’entrée du musée soit vite enlevé, et qu’une politique du sport algérien, un éternel chantier, leur ouvrent des possibilités.