La machine diplomatique internationale est actionnée à plein régime. L’acte de piraterie commis lundi dernier par l’armée israélienne a mis dans des situations délicates ses alliés comme ses ennemis.
Une action de bravoure menée par moins d’un millier d’humanistes, issus d’une quarantaine de pays différents, a ébranlé un mutisme complice et condamnable sur l’épineux sujet du blocus de la bande de Ghaza imposé par Israël.
Hier, toutes les instances internationales, presque tous les dirigeants de la planète, les activistes humanistes et les personnalités célèbres ont pris position, qui pour dénoncer l’opération abjecte menée en pleines eaux internationales par l’armée régulière d’un pays membre de l’ONU, qui pour tenter de relativiser la gravité de l’acte.
Après les pressions imposées à l’entité sioniste par tous les organismes internationaux, dont l’OTAN, pour qu’elle libère les «otages», chose faite dès hier matin, les dénonciations et réunions de concertation pour décider des mesures à prendre contre cette nouvelle ignominie, la réaction la plus virulente reste celle de la Turquie.
Par des déclarations incendiaires et des discours enflammés, le président turc et son Premier ministre ont quasiment scellé le sort de leurs relations avec l’entité sioniste. Le Parlement turc a exigé hier des mesures «efficaces» contre Israël.
«La Turquie doit utiliser les moyens légaux nationaux et internationaux à disposition contre Israël», selon une déclaration adoptée à l’unanimité. Celle-ci demande, entre autres, la création d’une commission internationale indépendante pour enquêter sur l’agression, des excuses de la part d’Israël et au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter dans les plus brefs délais une résolution condamnant Israël et comprenant des sanctions.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a repris les débats hier matin pour préparer une résolution réclamant une enquête sur cet acte de piratage et cette agression caractérisée contre un convoi humanitaire. Cette résolution préparée par le Pakistan, le Soudan et le représentant palestinien devait être soumise au vote dès mardi dernier, mais «afin de laisser le temps d’examiner des demandes d’amendement dans le cadre de consultations informelles», comme l’indiquait un diplomate occidental à l’AFP, le vote devait se dérouler hier. Concernant cette enquête, dont les grandes lignes du texte reprennent la demande du Conseil de sécurité de l’ONU, les pays occidentaux souhaitent garantir les modalités pour la rendre «conforme aux critères internationaux». Une manière comme une autre de trouver une formule acceptable par l’entité sioniste.
La position américaine dans cette nouvelle transgression aux lois internationales commise par Israël reste des plus troubles. Sans vouloir trop se mouiller, les responsables de la Maison-Blanche adoptent une attitude flegmatique. Les Etats-Unis feront partie des trois pays qui se sont prononcés contre la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’Homme, la France et le Royaume-Uni ayant préféré s’abstenir -notons que 32 pays sur 47 membres du Conseil ont voté pour. Sans condamner l’acte abject, Washington soutient toutefois l’appel de l’ONU à une enquête rapide impartiale, crédible et transparente –mais menée par Israël.
Les délégués de la Ligue arabe convoqués mardi dernier examinent les mesures juridiques pour poursuivre les agresseurs de la
Flottille de la liberté. Lors de cette rencontre, les Arabes ont décidé d’appuyer la position turque et se concertent sur les prochaines décisions à prendre contre l’entité sioniste.
Les répliques de pays comme le Qatar et le Koweït qui ont décidé de mettre un terme à leur participation aux négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens restent courageuses mais insuffisantes.
Il est à noter l’affirmation du secrétaire général de la Ligue qui indique que plusieurs propositions arabes revendiquaient le retrait de l’initiative arabe de paix. Une réunion devait avoir lieu hier soir au Caire.
En attendant mieux, signalons que la présidence du Nicaragua a annoncé la suspension des relations diplomatiques avec Israël.
Une note satisfaisante, reste la mobilisation générale autour de la nécessité de mettre fin au blocus inhumain imposé à la bande de Ghaza, et l’ouverture du terminal de Raffah que tout le monde espère définitive et non pas
seulement conjoncturelle.
Par Samir Azzoug