Audition de Bouguerra Soltani dans l’affaire de Khalifa Bank, Les convictions religieuses s’invitent au tribunal

Audition de Bouguerra Soltani dans l’affaire de Khalifa Bank, Les convictions religieuses s’invitent au tribunal

C’est un ex-ministre du Travail et de la Sécurité sociale (décembre 1999-mai 2001) qui s’est présenté aujourd’hui devant le tribunal criminel de Blida, qui continue à construire sa conviction dans le cadre du procès en appel de la caisse principal de Khalifa Bank.

Après la vérification du président de l’audience de son affiliation, Bouguerra Soltani, dit Bouguerra demandera avec insistance au tribunal de corriger les dates pendant lesquelles il avait occupé le poste de ministre du Travail et de la Sécurité sociale. « Je vous prie, monsieur le président de corriger l’erreur survenue dans l’arrêt de renvoi. J’ai occupé ce poste du 27 décembre 1999 au 28 mai 2001. Je n’étais plus en poste en 2002,» précise l’ex-président du MSP. En effet, C’est Mohamed Larbi Abdelmoumène qui lui a succédé avant de céder la place à Tayeb Louh en juin 2002.

Cela n’a pas empêché pour autant le tribunal de l’interroger quant à la tenue du conseil d’administration de la CNAS qui avait décidé du dépôt d’une partie de ses fonds à Khalifa Bank et si un quelconque procès-verbal lui a été adressé par le biais de ses services (secrétariat général ou chef de cabinet). L’ex-ministre de la PME-Pme répond par la négative. « Si cela avait été le cas, j’aurais opposé mon véto. » Antar Menouar lui en demande les causes. « D’abord en raison de mes convictions religieuses. Je considère que l’argent des caisses sociales est comparable à la zakat. C’est l’argent des cotisants qui est redistribué. C’est la même chose pour la zakat », martèle le témoin tout en insistant sur le fait que personne ne l’avait mis au courant des dépôts. « Même l’inspection générale des finances ne m’a pas informé. »

L’avocat de Abdelmoumène Khalifa saisit les convictions religieuses du témoin au vol en lui signalant que l’Algérie pratiquait le droit positif et non la chariaâ. Ce à quoi il répondra que « selon l’article 2 de la constitution, l’Islam est la religion de l’Etat ». Le magistrat intervient pour mettre fin à la polémique. Bouguerra Soltani poursuit son témoignage : « Les caisses sociales ne sont pas des entreprises commerciales. De plus, de par les dispositions de la constitution, la médecine est gratuite, le logement distribué gracieusement, pourquoi elles auraient besoin de se renflouer ? L’argument du déficit ne tient pas la route. »

«Khalifa Airways a réglé le problème du transport aérien»

Tout de suite après, Bouguerra Soltani tient un autre langage : « S’il n’y avait pas la disposition de la loi de Finances 2000 qui stipule expressément que l’argent des caisses de sécurité sociale ne devait aller nul par que dans les coffres du Trésor public, je n’aurais pas refusé ces dépôts, compte tenu des taux d’intérêt allant jusqu’à 18% que proposait Khalifa Bank. Il s’explique encore plus : « Ce taux d’intérêt est un hameçon qui attire son appât. Beaucoup de citoyens ont vendu qui leur logement, qui leur voiture pour déposer l’argent dans cette banque privée pour en tirer de substantiels bénéfices. Je connais de très hautes personnalités de l’Etat qui y ont effectué des dépôts. »

Interrogé sur sa présence à une cérémonie organisée par l’ex-golden-boy pour la création de Khalifa Airways, le témoin ne le dément pas. « La banque est agréée par l’Etat tout comme la compagnie aérienne. De plus, ajoute-t-il il faut comprendra que Khalifa Airways a réglé le problème du transport aérien pour beaucoup d’Algériens. J’estime que c’est un acquis. »

De nouveau, Me Lezzar saisit la perche et lui demande si l’emploi de 22.000 travailleurs par le groupe Khalifa n’était pas un acquis. L’ex-ministre de la Pêche le corrige en lui faisant remarquer qu’il s’agissait de 6.200 employés. Le président de l’audience demande à l’avocat de Abdelmoumène un peu de retenue et lui fait remarquer que la question était hors propos. Suite à quoi le témoin est remercié par le tribunal et autorisé à s’en aller.

Le tribunal attendait la présence de Abdelmadjid sidi Saïd, à l’époque président du conseil d’administration de la CNAS qui avait déclaré en 2007 qu’il assumait « le faux » qu’il avait commis, n’a pas répondu à la convocation. Renseignement pris, nous apprendrons que le secrétaire général de l’UGTA se trouve à Genève pour prendre part au conseil d’administration du Bureau international du travail (BIT) pour sa deuxième session ordinaire de l’année.

Faouzia Ababsa