Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, le Président Abdelmadjid Tebboune a ordonné de réviser à la hausse l’allocation chômage, les pensions de retraite et les salaires des travailleurs en vue d’introduire la décision dans la loi de finances de 2023.
La question qui se pose, cependant, est comment ces revalorisations peuvent-elles être appliquées dans le respect des équilibres financiers, comme l’avait exigé le Chef de l’État.
S’exprimant sur le sujet, l’analyste économique, Dr Ahmed El Hidouci de l’université de Blida, a apporté des explications sur les quatre leviers principaux que ld gouvernement devrait actionner, en vue de l’augmentation des salaires,
Augmentation des salaires : vers la révision de l’IRG ?
Le premier consiste à baisser le montant de l’impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires supérieurs à 30 000 DA. Ici deux options s’offrent à l’exécutif : relever le seuil des salaires complètement exonérés de l’IRG à 35 000 ou à 40 000 DA ; ou bien appliquer un abattement proportionnel pour toutes les catégories salariales.
Pour rappel, le gouvernement avait déjà procédé dans la loi de finances 2022 à une refonte de l’IRG dont la principale mesure fut l’exonération totale des revenus inférieurs à 30 000 DA/mois.
Le second levier que le gouvernement peut activer est l’augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique soit en relevant la valeur monétaire du point indiciaire, soit en ajoutant des points supplémentaires aux grilles des fonctionnaires. Une révision engendrera un accroissement mécanique des salaires.
Sachant que la valeur actuelle du point indiciaire est de 45 DA, donnons un exemple pour chaque cas de figure. (1) Si la valeur du point indiciaire est ramenée à 50 DA (+5 DA), un travailleur qui possédait sur sa grille 1000 points verra son salaire augmenter de 5 DA multipliés par 1000 points, soit de 5000 DA/mois ; (2) Si la valeur du point indiciaire reste inchangée (45 DA) et qu’on ajoute 100 points à l’indice, les revenus mensuels du fonctionnaire vont croître de 45 DA multipliés par 100 points, soit de 4500 DA/mois.
Le troisième levier qu’El Hidouci a mentionné est l’augmentation nominale et directe des salaires à travers le rajout de nouvelles primes comme cela a été le cas en 2008, lorsque le gouvernement de l’époque avait décidé de hausser les salaires des travailleurs de 2000 DA. Toutefois, l’expert en économie estime qu’il est peu probable que les autorités choisissent cette option.
Enfin, le quatrième et dernier levier consiste à revaloriser le salaire national minimum garanti (SNMG). Une décision qu’avait déjà prise le Président Tebboune en 2020, au lendemain de son élection à la tête du pays, puis officialisée en avril 2021. À l’issue du décret présidentiel du 7 avril 2021, le SNMG, qui était de 18 000 DA, a été porté à 20 000 dinars. Ce qui correspond à un taux horaire de 115,38 DA.
En conclusion de son intervention, Ahmed El Hidouci a exclu la possibilité d’assister à des augmentations spectaculaires de la valeur nominale des salaires. Néanmoins, l’analyste a qualifié cette démarche de positive, car selon lui, le président Tebboune a mis en place un système de revalorisation graduelle des salaires chaque année, alors qu’auparavant cela se faisait tous les dix ans, voire plus.
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De son côté, le président de l’Organisation nationale du développement économique (ONDE) et membre de la Coordination nationale du patronat (CNP), Roubai Nasreddine Mounir, a appelé à l’organisation, dans les plus brefs délais, d’une tripartite gouvernement-syndicats-patronat pour discuter des récentes mesures, dont principalement les augmentations de salaire et la nouvelle loi sur l’investissement.