Auteur, compositeur et parolier du genre chaâbi Karim Aouidat: la magie de l’attraction

Auteur, compositeur et parolier du genre chaâbi Karim Aouidat: la magie de l’attraction

Tant que la musique populaire algérienne, appelée «le chaâbi» continue d’attirer de nouvelles générations, elle a encore de beaux jours devant elle. Tous ses interprètes sont en train d’oeuvrer pour maintenir très haut la barre de ce genre musical, qui se veut celui de la constance, de la convivialité et des simples.

Parmi ceux qui veillent à suivre les pas et traces de leurs aînés, figure Karim Aouidat, fils de Bab El Oued, l’ex-quartier populaire européen d’avant l’indépendance, le pendant du «quartier musulman», la Casbah (Basse-Casbah). Il s’est frayé un chemin qui le dirige tout droit vers le rang des grands. Pas évident d’y parvenir quand on se remémore les noms des «monstres sacrés» qui ont marqué le genre chaâbi de leurs empreintes. Cependant, ceux qui suivent de près les oeuvres de Karim Aouidat, savent pertinemment et se disent persuadés que l’homme a tous les atouts en sa faveur pour se placer au rang qui lui sied… celui de cheikh (maître, ndlr), de par, entre autres, sa voix d’or et sa dextérité instrumentale au mandole.

Dès son jeune âge, il se distinguait de ses camarades par sa curiosité. Et c’est cette curiosité, justement, qui l’avait mené vers la découverte du genre chaâbi dans un quartier où émergeait, alors, celui qu’on surnommait «Cheikh el bled», feu Amar Ezzahi en l’occurrence. «A mes débuts, je l’imitais sans cesse avant de prendre un autre chemin. Toutefois, il restera toujours mon repère», se rappelle Karim. Il assistait, souvent, à ses fêtes de mariages et s’inspirait de lui. Ceux qui se trouvaient avec lui, savouraient l’interprétation, mais le jeune Karim s’intéressait à d’autres choses en parallèle, tels la façon de se comporter sur scène d’Ezzahi, ses enchaînements ainsi que d’autres aspects qui lui ont été, on ne peut plus, bénéfiques dans la suite de sa carrière. Ezzahi comme repère, certes, mais celui qui avait pour autant marqué sa carrière, n’est autre que le poète, musicien, et ami de Hadj M’hamed El Anka, Abdelkader Zouaoui, qui a quitté ce bas monde il y a à peine deux mois. Le défunt, qui a été pour beaucoup dans l’émergence d’Ezzahi, El Koubbi, Bourdib et autre H’cène Saïd, a décelé en Karim Aouidat les qualités d’un futur ardent défenseur de la musique chaâbie et surtout son porte-flambeau. Il lui avait conseillé d’intégrer une école de chant et de musique afin d’évoluer et se mettre sur le droit chemin. «Et c’est chose faite puisque j’ai intégré l’école El Assilia, sous la conduite de Abdelkader Moukli, qui, faut-il le signaler, m’a été d’un grand apport», nous a-t-il dit précisé. Karim n’oublie pas et n’oubliera jamais ce mélomane érudit, qui lui a mis le pied à l’étrier. Preuve en est, dans chacun de ses textes, Karim fait un clin d’oeil à son maître dans «Beyt Esselem». «Je voyais, et je vois toujours, en la musique un compagnon dans la vie quotidienne de chaque individu. En d’autres termes c’est une thérapie ou une cure», dit-il.

Après plusieurs années où il fut un des chouchous des fêtes de mariages et circoncisions – et il l’est encore -, il décida, en 2006, de sortir son premier album «Ennes taâef ennas», qui fut une réussite, de par les avis des spécialistes et mordus du chaâbi. Et cet album a été le dernier pour lui, refusant, par la suite, de travailler avec les éditeurs. «Les éditeurs dans leur grande majorité, suivent la tendance. Ils veulent sortir gagnants en éditant un album live, fait dans un cabaret avec des mots mal placés et qui nuisent aux jeunes, que de le faire avec des chanteurs du chaâbi, où se trouvent toujours les paroles sages», regrette-t-il.

Mais malgré cela, Karim ne baisse pas les bras et continue de suivre le chemin de ses aînés, en rappelant aux nostalgiques, à chaque soirée animée, ce bon vieux temps.

Chose qui fait qu’on joue des coudes pour espérer marier son fils, son frère ou son cousin sur les airs de son concert. «La nouvelle génération de la musique chaâbie ne doit pas baisser les bras et devra continuer son chemin de bataille pour atteindre l’objectif qu’elle s’est assigné», insiste-t-il. Toujours à la recherche des textes rares, Karim se place dans cette catégorie de chanteurs antimonotonie. Il ne veut jamais imiter, mais innover. D’ailleurs, tout le monde aura remarqué le nouveau souffle qu’il donne aux anciens textes, avec, dans un seul qcid, quatre à cinq mélodies, si ce n’est plus. Chose qui témoigne de sa parfaite maîtrise de ce qu’il est en train de faire. «Depuis mon plus jeune âge, j’essaye d’écrire des textes et leur attribuer des musiques, avant que je ne le fasse d’une façon organisée. En somme, et en toute modestie, je dirais que je ne suis qu’un petit chanteur – auteur-compositeur», souligne-t-il encore. Ses textes sont souvent tirés d’expériences personnelles. «Parfois, mes textes sont tirés d’autres expériences de personnes que je connais ou de ce que vit la société algérienne actuellement», explique-t-il, non sans reconnaître que le terrain n’est pas du tout favorable à la jeune génération du chaâbi.

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