Automobile, l’Algérie asphyxiée par un modèle archaïque de la mobilité

Automobile, l’Algérie asphyxiée par un modèle archaïque de la mobilité

L’automobile incarne le XXe siècle. Elle est entrée en crise au tournant du millénaire. Symbole de liberté, de prospérité, et grande filière industrielle elle était. Source d’émanation de CO2, de chaos urbain et de délocalisations compétitives elle est devenue. Les nations qui ont connu leur rush sur l’automobile à la fin des trente glorieuses, 1945-1975, sont en train de passer à autre chose. Un régime de mobilité alternatif. Moins de déplacements grâce à la e.économie, plus d’utilisation de transport collectif grâce à leur densité grandissante, plus de modularité dans l’utilisation des voitures, avec les très petites citadines, le covoiturage et les systèmes auto-lib (location).

L’image du col blanc au volant de sa belle berline dans le trafic autoroutier le matin dans les grandes agglomérations du monde industriel n’est plus valorisante. Elle est en passe de devenir archaïque. Vestige d’un autre paradigme. Celui justement du siècle dernier où la voiture cristallisait l’accomplissement individuel dans le capitalisme. Le Salon de l’automobile d’Alger est un événement du siècle dernier. Celui où la voiture est centrale dans l’inventaire des actifs et dans l’imaginaire de la réussite. Les Algériens en sont, comme de nombreux «frères» de pays à revenus intermédiaires, à l’ère de la conquête de l’autonomie  et de la mobilité.
De l’individuation aussi. Le désenchantement pour la voiture qui gagne les Scandinaves ou les Californiens appartient à un autre monde. L’Algérie s’est installée, elle, sur un plateau de 300 000 nouvelles immatriculations par an. Près d’un million de nouvelles voitures en circulation tous les 40 mois. L’Afrique du Sud, premier PIB du continent, est dépassée. Le modèle de croissance automobile algérien est le type même du développement inégal et combiné. Îlot de luxe technologique dans un environnement mental arriéré. Conséquence, la voiture tue 4000 Algériens en moyenne annuelle depuis 5 ans. Près de 18 000 accidents en zone urbaine en 2011. Guerre civile de forte intensité.