Automobile : « l’alternative » de Zeghdar et la réponse des opérateurs

Automobile : « l’alternative » de Zeghdar et la réponse des opérateurs

Depuis l’intervention du président de la République, vers la fin de l’année dernière, concernant le dossier de l’importation automobile, le black-out a encore régné pendant plusieurs semaines. Au cours de la semaine dernière, le ministre en charge du dossier est enfin sorti de son silence.

C’était lors du Forum de la Radio nationale, tenu lundi dernier, que le ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar avait fait le point sur la situation. Selon lui, le nouveau cahier des charges fixant les conditions d’importation de véhicules neufs est « fin prêt ». Le document se trouve au niveau du Secrétariat général du Gouvernement.

Vers la fin de la même semaine, le ministre est revenu, cette fois-ci devant les membres de l’Assemblée APN, pour lancer une autre alternative, autre que celle des concessionnaires. En réponse à une question d’un député, Zeghdar a indiqué que les citoyens peuvent importer des voitures avec leur propre argent.

Or, cela doit répondre à une condition ; « ces voitures doivent être neuves », explique encore le même responsable. Lors de son intervention, il a également assuré « qu’aucun agrément n’a été accordé aux concessionnaires ».

En outre, le premier responsable du secteur industriel a réitéré la volonté des autorités à mettre en place une véritable industrie de l’automobile, éludant ainsi l’opération de l’importation « juste pour l’importation ». « Nous voulons une véritable industrie », a-t-il souligné.

Le pessimisme règne encore chez les concessionnaires

En toute vraisemblance, le dossier de l’importation automobile reste encore bloqué. Si la commission technique en charge de l’étude des dossiers affirme que les demandes des concessionnaires ne répondent toujours pas aux clauses du cahier des charges, les concessionnaires dénoncent « l’absence d’une volonté d’accorder les agréments, et ce, malgré les instructions du président ».

Lors de ces dernières interventions, le ministre a nié l’octroi d’agrément pour aucun des 73 dossiers déposés auprès de la commission technique, encore moins des 46 recours introduits. De surcroit, il a affirmé que « l’importation sera désormais soumise à un contrôle et non pour seulement une réponse à la demande du marché ».

Dans une énième lettre formulée par le groupement des concessionnaires automobiles, cette fois-ci en réponse au ministre, les opérateurs ont affiché leurs inquiétudes quant au début effectif de l’opération de l’importation, et ce, suite aux dernières déclarations du ministre.

Dans leur lettre publiée hier vendredi, ils ont, en effet, exprimé leurs « inquiétudes quant aux mesures qui vont à l’encontre des instructions du président de la République qui avait insisté, en décembre dernier, sur la nécessité d’accélérer la délivrance des agréments ».

Qu’en pensent les concessionnaires des alternatives de Zeghdar ?

À propos de la possibilité de l’importation des voitures par les citoyens, annoncée par le ministre, les concessionnaires se sont montrés extrêmement critiques. Selon eux, le citoyen qui importera un véhicule fera sans doute recours au marché noir des devises. Il s’agit, encore une fois selon eux, « d’une contradiction au plan d’action du gouvernement » qui envisage de capter les fonds en circulation sur le marché parallèle.

Dans la même lancée, les intervenants ont estimé que la production d’un premier véhicule algérien n’interviendra pas avant 2026, et ce, en réponse aux déclarations du ministre sur des négociations en cours avec des constructeurs internationaux. Pour eux, cela requiert la conclusion d’accords avec les constructeurs, ensuite toute une année pour préparer et équiper les usines et les installations nécessaires.

« Et tout ce qui prétend le contraire ne veux qu’induire le peuple en erreur, car il est impossible d’atteindre un taux d’intégration de 40% en un temps record. Sinon, on revivra l’expérience de gonflage de pneus », ajoute encore le groupement des concessionnaires.

Par ailleurs, il convient de noter que la commission technique relevant du ministère en charge du dossier continue ses sorties sur le terrain dans le but d’inspecter la compatibilité des structures et des sièges des concessionnaires avec les clauses du cahier des charges. La dernière sortie a été effectuée jeudi dernier.