Le patron du groupe industriel GH, Sefiane Hasnaoui a pris mardi dans la soirée les commandes de l’association des concessionnaires automobiles algériens AC2A.
Déjà vice-président, le pro priétaire de Nissan Algérie, candidat unique après le désistement de Mourad Olmi, patron de SOVAC (Volkswagen), a été élu à l’unanimité au cours de l’assemblée générale qui s’est tenue mardi soir.
Sur la table, le nouveau président de l’AC2A aura un menu copieux: mener à bon port les «réformes» introduites dans le secteur automobile par le gouvernement en particulier le nouveau cahier des charges remanié, mais qui a maintenu l’obligation pour les concessionnaires de mettre en place dans trois années au maximum une industrie automobile locale.
L’AC2A ayant sous sa coupe près de 95% du marché automobile, il est fort à parier que le secteur va connaître de sérieuses bourrasques dans quelques années. Le nouveau président de l’association des concessionnaires automobiles, aura une mission difficile: moraliser le marché automobile algérien et, surtout, mettre l’activité en conformité avec le nouveau cahier des charges du gouvernement.
Dans un récent entretien accordé à un média algérien en marge du dernier salon de l’automobile, Sefiane Hasnaoui avait estimé qu’au sein de l’AC2A et de ses membres «nous disposons d’une organisation professionnelle et d’une bonne organisation des concessionnaires à travers le territoire national et dont nous sommes garants.
Car, on est dans la vente, l’aprèsvente, la formation etc.» Sur le nouveau cahier des charges qui impose aux concessionnaires de mettre en place une activité industrielle ou semi-industrielle liée à l’industrie de l’automobile, il a relevé que «nous sommes dans l’obligation d’investir avant le 31 décembre 2016. Du coup, l’année 2015 est l’année de la maturité du lancement et des projets pour être au rendez-vous avec la loi». L’élection d’un nouveau président devrait permettre à l’association de rebondir par rapport à la nouvelle loi régissant le secteur.
En effet, le ministère de l´Industrie et des Mines avait rendu public au printemps dernier un arrêté, à travers le Journal officiel n °46, réglementant l´activité des concessionnaires et, en particulier l´importation des véhicules neufs, et l´obligation qui leur est faite de mettre en place des projets industriels ou semi-industriels. Les concessionnaires, selon l´article 2 de cet arrêté, «ne peuvent importer que les marques de véhicules mentionnées dans leurs cahiers des charges». Et, s’il n’est autorisé, selon ce cahier des charges, à n’importer qu’une seule marque, il ne pourra plus en importer d’autres.
La grande nouveauté dans cette nouvelle législation réglementant le commerce de véhicules neufs est que, dorénavant, les concessionnaires sont tenus de « réaliser un investissement dans l´activité industrielle ». Une disposition qui divise les concessionnaires. Car l´article 3 de cet arrêté stipule que «les concessionnaires automobiles sont tenus de réaliser un investissement dans l´activité industrielle et/ou semi-industrielle portant notamment sur la fabrication d´ensembles et/ou sous-ensembles de pièces destinées à l´industrie automobile».
Ce point de la nouvelle loi divise les concessionnaires, en particulier les importateurs multimarques, pas chauds pour des investissements lourds en termes de production locale de pièces de rechange. En outre, « l’investissement doit être réalisé dans un délai maximum de 3 ans à compter du 1er janvier 2014 pour les concessionnaires déjà en activité », précise l’article 3 du cahier des charges du ministère de l’Industrie.
Pour les autres concessionnaires, l´investissement doit être réalisé dans un délai maximum de 3 ans à compter de la date d´octroi de l´agrément définitif, selon le même article 3. Pour autant, les concessionnaires ont la liberté de choisir le mode de financement de ces investissements, en fonds propres ou en partenariat avec des investisseurs nationaux ou des partenaires étrangers, pour monter des projets, dans le secteur de l´automobile. Et, si le gouvernement est revenu sur certaines dispositions du cahier des charges, en supprimant l’obligation pour les voitures importées à partir d’avril 2015 les airbags latéraux, l’ESP et l’ABS, avec un assouplissement de la domiciliation bancaire, l’esprit de la loi sur les importations de véhicules neufs reste inchangé.
La mission de Sefiane Hasnaoui est donc de préparer les concessionnaires automobiles à mettre en place une semi-industrie spécialisées, au moins de la pièce de rechange, sinon de la fabrication dans des usines des composants essentiels des voitures qu’ils commercialisent. Mission impossible ? Pas évident, si Renault, déjà installé en Algérie -et Peugeotinvestit sur le marché local, encouragent l’émergence d’une industrie algérienne de la soustraitance.
Yazid Alilat