Autoritarisme

Autoritarisme

La coalition des députés de l’opposition, renforcés par quelques élus encartés FLN, a procédé, hier, non sans entraves, au lancement solennel d’une pétition de dénonciation du projet de loi de finances 2016, voté dans un climat de tension extrême, il y a une dizaine de jours.

Il lui a été imposé, une fois encore, de passer par une polémique avec l’intendance de la chambre basse du Parlement avant de pouvoir y arriver. L’administration de l’APN, pour laquelle le projet de loi en question étant déjà voté, il ne serait pas réglementairement admis que les députés poursuivent d’organiser la riposte depuis l’hémicycle, a opposé un refus obstiné à la réunion prévue hier. Un refus dont a fini par avoir raison la détermination des députés. Mais l’arbitraire est commis. Car, quand des députés sont réduits à défoncer les portes, au sein même de l’enceinte parlementaire où ils siègent, pour pouvoir animer une conférence de presse, c’est que l’autoritarisme a franchi un nouveau et dangereux palier. La décision de l’administration de l’APN d’interdire aux journalistes d’accéder à l’hémicycle et aux parlementaires de disposer d’un espace pour parler du projet de loi de finances 2016, de ce qui les regarde donc, est une restriction des libertés politiques que les élus du peuple sont en droit d’exercer… partout, mais surtout à l’intérieur de l’hémicycle Zighoud-Youcef.

Une restriction des libertés politiques que l’opposition subit sans discontinuer depuis plusieurs années. Signe de panique ? C’en est assurément un. Car en quoi une conférence de presse de députés, quand bien même déployant les bannières de l’opposition, dans l’enceinte de l’APN, serait en porte-à-faux avec le règlement de l’Assemblée ? Et la pétition, donc ? D’autant que la saisine de Bouteflika n’est pas nécessairement le moyen le plus indiqué pour faire barrage au projet de loi objet de controverses. Surtout que beaucoup de députés parmi les signataires doutent que les courriers parviennent au chef de l’État. La réaction de la direction de l’APN est manifestement motivée par d’autres considérations, la volonté de faire payer à l’opposition parlementaire son chahut du 30 novembre dernier n’étant pas exclue.