Autoroute est-ouest: Le projet du siècle a dix ans

Autoroute est-ouest: Le projet du siècle a dix ans

Rappelons que les travaux de l’autoroute des Hauts-Plateaux devant relier la wilaya de Tlemcen à celle de Tébessa et dont la réalisation serait également confiée à des entreprises nationales, devaient être lancés dans le courant du 1er semestre 2012.

Avec un linéaire de 1700 km, l’autoroute Est-Ouest constitue un enjeu majeur pour l’Agence nationale des autoroutes (ANA). Sauf que le tracé principal de cette autoroute reste toujours d’une longueur maximale de 1216 km, car la partie Dréan-Oum Teboul est encore loin d’être pleinement engagée. Le projet du siècle va boucler en décembre prochain ses dix ans de travaux et de réfections continues. Les nombreuses dégradations de la chaussée, que ce soit dans la commune de Lakhdaria où la réhabilitation du tronçon a dépassé largement la durée initiale pour flirter avec le triple du temps stipulé par le contrat, aux environs de Bouira ou de Bordj Bou Arréridj, témoignent depuis plusieurs années déjà de la «malédiction» qui caractérise les grands chantiers des plans quinquennaux 2005-2010 et 2010-2014. Il n’existe pratiquement aucun projet qui n’ait nécessité le double du temps envisagé dans les études. Pour quelles raisons? Bien malin celui qui saurait le dire! Les études bâclées, les commissions, les retards de paiements et les difficultés naturelles imprévues et imprévisibles sont autant d’arguments, régulièrement servis par les entreprises chargées de la réalisation.

On frémit dès lors à l’idée que ce défi fait partie d’un programme beaucoup plus ambitieux qui devrait porter le linéaire du réseau national à 5600 km! Car au projet en cours, s’ajoute celui, faramineux, de l’autoroute des Hauts-Plateaux ainsi que celui de 24 autoroutes pénétrantes destinées au raccordement des principales villes du nord et du sud du pays. Après un véritable feuilleton entre mars et septembre 2014, on a vu l’entreprise japonaise Cojal, chargée de la réalisation du tronçon Constantine – Oum Teboul via Dréan, jeter l’éponge pour beaucoup à cause d’un différend lié au tunnel de djebel Ouahch. Là encore, les études bousculées par le maître d’ouvrage, en l’occurrence l’inénarrable Amar Ghoul, avaient gravement sous-estimé les contraintes liées à la nature des sols et, comme de coutume, les paiements ont souverainement traîné en longueur, grevant les motivations de Cojal.

Le plus extraordinaire dans cette affaire, c’est que les travaux confiés à des entreprises publiques seraient, déclarait avec emphase le responsable de la direction technique de l’ANA voici deux semaines à peine, achevés à la fin décembre 2016 pour la partie en souffrance Dréan – Oum Teboul! Un vrai miracle, après tant d’années d’expectative! 84 km concrétisés en si peu de temps, ou les entreprises publiques concernées sont des majors dans le domaine ou il y a de l’eau dans le gaz des gestionnaires dudit projet. Rappelons juste que les travaux de l’autoroute des Hauts-Plateaux devant relier la wilaya de Tlemcen à celle de Tébessa et dont la réalisation serait également confiée à des entreprises nationales, devaient être lancés dans le courant du 1er semestre 2012, selon une déclaration du ministre des Travaux publics de l’époque, Amar Ghoul. Au cours d’une séance plénière du Conseil de la Nation consacrée aux questions orales, il avait en effet affirmé qu’après l’élaboration des études relatives à ce projet de 1020 km, il sera procédé à la réalisation du tronçon reliant Tiaret à la frontière algéro-tunisienne (800 km) durant le 1er semestre 2012, alors que ceux relatifs au tronçon Tlemcen-frontière algéro-marocaine débuteront durant le 2ème semestre de la même année. Faut-il un commentaire, aujourd’hui, pour une telle galéjade?

Les mêmes responsables de l’ANA reconnaissent que les tronçons en réfection sont situés à El- Affroune (25 km), Bouira (33 km), Bordj Bou-Arréridj, Khemis Miliana, Aïn Defla, Relizane et Tlemcen, soit un total de 175 km. Il s’agit, disent-ils, «des tronçons livrés avant l’année 2008 et dont les études ont été achevées avant 2005, avec des critères nationaux qui sont loin des standards internationaux». Et les opérations de réhabilitation se succèdent au rythme des désagrégations hivernales, entre autres, depuis plusieurs années déjà. Là encore, l’optimisme est de rigueur à l’ANA, un optimisme presque égal à celui de Amar Ghoul quand il dirigeait les opérations. L’ensemble des travaux devra s’achever dans quatre mois! Un pari pour le moins téméraire, mais pourquoi pas. On peut toujours rêver…