Les sénateurs ont voté, jeudi, à l’unanimité, la loi amendant et complétant le code pénal, dans ses dispositions inhérentes à la protection de la femme contre toutes les formes de violence. Cette loi, pourtant adoptée par la chambre basse depuis le mois de mars, est restée bloquée au niveau du Conseil de la nation, très probablement par peur, de la part de Bensalah et de son bureau, de donner du grain à moudre aux islamistes, toujours prompts à dégainer leur fetwa quand il s’agit de légiférer sur le statut de la femme, leur ennemie préférée.
Qu’à cela ne tienne pour cette perte de temps de dix mois (de décembre à mars), dès lors que l’hypothèque est levée sur cette loi qui marque un petit pas. C’est un bonus à mettre au crédit des sénateurs qui, à quelques jours des sénatoriales, auront, ainsi, fait avancer un tantinet la cause féminine en Algérie, même si le texte n’est pas franchement révolutionnaire. Le mérite, tout de même, dans l’aboutissement de ce texte, revient incontestablement aux organisations féminines qui, par la détermination, la force de conviction qui ont porté leur combat depuis des mois, permettraient, peut-être, d’endiguer le phénomène de la violence faite aux femmes qui ne cesse de s’amplifier, à cause de l’impunité. Juste un chiffre pour illustrer la dimension de ce phénomène : 7 375 cas de femmes violentées. Aussi considérable qu’il paraisse, ce chiffre est pourtant loin de la réalité, car elles sont des milliers de femmes qui continuent de souffrir en silence, de subir cette violence comme une fatalité, plutôt que de la dénoncer, de peur de déstabiliser le foyer ou de subir l’opprobre de la société. Avec cette loi qui pénalise la violence, voire qui la criminalise, s’agissant des agressions sexuelles, c’est une brèche qui s’ouvre dans le mur de la peur. Les auteurs des violences, dont le machisme atavique est souvent légitimé par des prêcheurs mysogines, devraient désormais réfléchir à deux fois avant de jouer à faire subir des humiliations, voire des mutilations à leurs épouses, leurs sœurs et autres. C’est du moins ce qu’attendent les organisations féminines, mais aussi les défenseurs des droits de la femme en général qui se sont battus pour faire passer cette loi, afin de rendre à la femme algérienne sa dignité. Mais, c’est loin d’être acquis, pour autant, car dans les tribunaux, de nombreux magistrats font passer leurs convictions religieuses devant l’exigence de dire le droit.