Le collectif des travailleurs et le syndicat du Théâtre régional de Béjaïa sont toujours sur le qui-vive.
Bien que relativement soulagés par le geste de l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (Onda), qui leur a accordé un chèque de 10 millions de dinars, le collectif des travailleurs et le syndicat du Théâtre régional de Béjaïa sont toujours sur le qui-vive. La solidarité, manifestée à leur égard par le DG de l’Onda, ne semble pas les sortir d’affaire car il faudrait plus pour sauver leur institution.
Ils ont affirmé, hier lors d’une réunion, tenue au théâtre, qu’ils sont plus que jamais mobilisés et déterminés à sauvegarder leur outil de travail : le théâtre. C’est du moins le message qu’ils ont voulu transmettre à la tutelle : le ministère de la Culture auquel ils comptent adresser, sous peu, une plate-forme de revendications afin de réitérer leurs principales revendications. En l’occurrence, le maintien des 25 contractuels dont les contrats arrivent à expiration le 31 janvier prochain ; la révision à la hausse de la dotation du ministère au financement du TRB, amputée, pour rappel de 58%. Et enfin, de régler les dettes du TRB, qui incombent, déclarera-t-on avec insistance, à l’ancienne direction. Une dette de 4,6 milliards qu’ils mettent au passif de l’ancien directeur, Omar Fetmouche.
Explications : il faut savoir, affirmera-t-on, que “1,6 milliard représente ce que doit l’ancienne direction depuis 2012 à la Cnas. Mais sur nos fiches de paie, l’IRG a été déduit, à la source. Et on demande maintenant aux travailleurs de payer les charges et les pénalités induites par ce retard”. Plus encore, ajoutera-t-on : “On doit payer aussi 1 milliard de centimes pour les retraités. Ils sont partis sans percevoir le moindre centime.
L’ancienne direction doit aussi 8 millions de dinars aux fournisseurs…” Cependant, se sont-ils interrogés : “Les cachets de la mise en scène pour les pièces ont été perçus au centime près.” C’est la raison pour laquelle le collectif des travailleurs et les syndicalistes du TRB, qui se sont réunis hier, comptent réclamer aussi dans leur plate-forme de revendications, “une commission d’enquête indépendante”. Ils accusent, à ce sujet, la tutelle de n’avoir pas fait preuve, particulièrement, de rigueur professionnelle dans la gestion de l’argent public.
“Car s’il y a eu un suivi, rigoureux bien sûr, au niveau de la tutelle, on aurait fait l’économie de tout cela”, ont déclaré avec insistance les travailleurs du TRB. Mais ce n’est pas le cas, a-t-on dénoncé. “Et c’est à nous de payer les pots cassés. Ce n’est pas juste”. Et à l’adresse du ministre de la Culture, qui espère voir les théâtres régionaux s’autonomiser davantage, ils rétorquent : “Est-ce qu’il y a un marché culturel en Algérie ? Non. Il y a absence de mécanisme d’un marché culturel comme chez nos voisins, le Maroc ou la Tunisie.
Chez nous, ils ont tout bloqué. Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas s’auto-suffire.” Interrogés sur l’impact du Festival international du théâtre sur le TRB et sur la vie culturelle locale, les artistes présents à la rencontre ont répondu à l’unanimité qu’il n’y en pas.
D’ailleurs, ils sont convaincus qu’il sera délocalisé. “Le théâtre ne tire aucun bénéfice financier”. Plus encore, le personnel du TRB ne bénéficie même pas des échanges prévus dans le cadre de ce festival. Pour eux, il s’agit d’un regroupement de personnes sans réel impact sur la vie culturelle locale.