Il y a une année, le directeur général de l’Office Algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), M. Mohamed Belabdi, avait déclaré qu’ « une autosuffisance en blé dur est largement « à notre portée « , il faudrait seulement mieux organiser les techniques d’irrigation dans les régions Nord « .
Dans une déclaration à la Radio Chaîne 3, M. Mohamed Belabdi, a précisé que 600 000 hectares en irrigué suffiraient pour assurer l’autosuffisance du pays en blé dur, à condition que les agriculteurs suivent les itinéraires techniques afin de produire un minimum de 50 quintaux à l’hectare. Et pas plus tard que jeudi dernier, le ministre du Commerce, Saïd Djellab, a indiqué à El-Taref qu’il y a « une possibilité cette année de ne pas recourir à l’importation du blé, grâce à différentes mesures prises par le gouvernement, notamment celles concernant l’assainissement des minoteries ».
« La possibilité de ne pas recourir à l’importation de produit subventionné existe eu égard aux mesures prises par le gouvernement à l’encontre de certains propriétaires de minoteries frauduleux qui contournent les lois pour profiter des subventions allouées par l’Etat », a précisé le ministre lors d’une visite de travail. En suivant cette déclaration, on pourrait comprendre que ce n’est pas par rapport à la production que l’Algérie pourrait ne plus recourir à l’importation du blé dur. Mais, le ministre a bien tenu à préciser, justement que « La production abondante de différents types de céréales enregistrée cette année et la valorisation du produit national de blé dur, tendre et d’orge permettra de ne pas recourir à l’importation du blé cette année ».
Et cette déclaration rappelle bien celle faite par le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Cherif Omari, à Constantine où il a indiqué que « L’Algérie peut cette année se passer de l’importation de l’orge ».
»Le marché algérien est suffisamment approvisionné en orge et tous les indicateurs relèvent que le pays se passera de l’importation de ce produit », a indiqué le ministre lors d’un point de presse, en marge d’une visite dans la forêt de Djebel El-Ouahch touchée en début de ce mois par un incendie. Et il se trouve justement que s’agissant de la production du blé dur, le ministre a indiqué que l’Algérie a pu assurer une »autosuffisance de 10 mois en la matière » assurant que cet effort est »à consolider par le suivi et l’accompagnement de cette filière pour des résultats meilleurs ». Mieux encore, M. Omari a, par ailleurs souligné que la production du blé tendre continue de faire l’objet »d’un chantier ouvert au ministère de l’Agriculture avec la perspective de conforter le rendement de cette filière » relevant que la consommation du blé tendre, aliment de base dans beaucoup de produits alimentaires notamment le pain est »à revoir ». Il a dans ce sens avancé que »pas moins de 10 millions de petits pains sont jetés quotidiennement ».
Des chiffres et contradiction
Evoquant la question du stockage des céréales, le ministre qui a évoqué une récolte »historique attendue » devant dépasser la quantité réalisée la précédente saison estimée à 27 millions de quintaux, a fait part de l’adoption »prochainement » par le Gouvernement de plusieurs mesures de soutien et d’accompagnement pour consolider la production nationale céréalière.
D’ailleurs à la fin du mois dernier, le ministre avait bien indiqué que la valeur de la production agricole des céréales a dépassé 220 milliards DA en 2018 dont 141 milliards DA de blé dur. Intervenant à l’occasion de la conférence nationale sur le développement de la filière céréalière, M. Omari a précisé que la valeur de la production de cette filière représentait 7,5 % de la production agricole globale du pays, offrant plus de 1,2 million de postes de travail auxquels s’ajoutent les postes d’emploi au sein des entreprises activant dans l’industrie manufacturière primaire (minoteries de céréales et de farine) et secondaire (confiserie et de pâtes alimentaires).
Ce volume de production « ne suffit pas pour couvrir les besoins de consommation en la matière, ce qui nous pousse à recourir à l’importation notamment de blé tendre par quantités considérables et de manière croissante », a-t-il souligné.
Enfin, il a rappelé que plus de 600 exploitations agricoles activent dans la production céréalière sur une superficie de 3,5 millions d’hectares, soit 41% de la superficie agricole utile, tout en estimant que la production céréalière demeure « relativement timide » ne dépassant pas 41 millions de quintaux durant la période 2013-2018.
Par ailleurs et selon des chiffres publiés récemment, « l’Algérie a importé pas moins de 4,6 millions de tonnes de blé depuis les ports français à la fin avril dernier. Un niveau record d’importation en hausse de 34% par rapport à la campagne 2017/2018 et représentant trois fois le niveau d’importation enregistré durant l’exercice 2016/2017 ». D’ailleurs, cette augmentation des volumes importés ne cadre pas avec la volonté affichée par le gouvernement de réduire au maximum la sortie des devises. Elle est en contradiction avec les statistiques officielles affirmant l’augmentation de la production nationale : « L’Algérie a réalisé une récolte record de 3,9 millions de tonnes sur la campagne 2018/2019, soit une hausse de 61% de la production dont 3,15 millions de tonnes de blé dur. »
S. B.