Avec une production médiocre à Bouira, L’huile d’olive sera chère

Avec une production médiocre à Bouira, L’huile d’olive sera chère
On ne se bouscule pas devant les huileries

Le temps où le quintal de grains donnait jusqu’à 25 litres d’huile est révolu laissant la place à un rendement ne dépassant pas les 18 litres au quintal.

La nature semble prendre exemple et se met au diapason de la société. La production oléicole sera faible selon les spécialistes. La raison essentielle reste le phénomène d’alternance. En effet, l’olivier produit toujours une année sur deux. La cueillette qui a déjà été entamée dans certaines parties de la wilaya, à l’instar des régions de M’chedallah et Chorfa n’est pas reluisante. On ne se bouscule pas devant les huileries où quelques tas meublent les parcs. La filière reste une activité primordiale dans la partie Est de la wilaya où l’on recense plus de 80% du parc olivier que compte la wilaya.

La récolte créera des postes d’emploi saisonniers au niveau des 211 huileries implantées au niveau de Bouira. L’achat et la vente représentent aussi deux fonctions prisées en cette période de l’année et résorbent le fort taux de chômage temporellement. Le manque constaté influera aussi sur la qualité mais aussi le prix de l’huile. En période faste, le produit raffiné était cédé à 600 DA. Cette année et selon les professionnels, le prix dépassera les 1000 DA pour atteindre peut-être les 1200 DA le litre. Cette hausse résulte aussi du fait que la culture et la production de l’huile demeurent une activité ancestrale et limitée au domaine familial. La pluviométrie est un autre facteur qui aura influé sur le rendement.

Le temps où le quintal de grains donnait jusqu’à 25 litres d’huile est révolu laissant la place à un rendement ne dépassant pas les 18 litres au quintal. Au niveau de la qualité, il faut préciser que le taux d’acidité est dicté par l’abondance de l’eau et l’irrigation des oliviers. La filière n’a pas bénéficié des aides et des soutiens comme les autres activités agricoles. La raison est évidente, elle est due en partie au caractère juridique des oliveraies qui appartiennent à des personnes concernées par l’indivision. Devant le manque à gagner, certains recourent à des méthodes pas très catholiques en mélangeant l’huile d’olive avec d’autres substances industrielles.

L’inexistence d’un circuit organisé pour la commercialisation laisse le champ libre aux spéculateurs qui proposent une huile «kabyle» sur les marchés et autres routes de la wilaya. Devant autant de désagréments, les producteurs, surtout ceux des zones à haut potentiel, perdent espoir de voir le produit inscrit comme produit du terroir. Ce désespoir se voit à la manière dont sont traités les grains des trois principales variétés, l’Achemlal, la Rougette ou la Blanquette. Ce don du ciel est ramassé dans des sacs en plastique pour être entreposés et entassés à même le sol avant de passer au pressoir. La qualité est de facto atténuée par ce traitement.

Ce constat est confirmé par un professionnel qui pense qu’a priori la qualité reste tributaire de l’entretien de l’arbre, de la maturité du grain, du stockage. Seule le réunion de ces facteurs donnera une huile avec un taux d’acidité minime et en mesure de concurrencer les produits des autres pays du Bassin méditerranéen. Pour arriver à satisfaire ces trois paramètres, la filière a besoin d’une réorganisation radicale. Les pouvoirs publics par le biais des banques, doivent financer à titre indicatif les projets de conditionnement, en facilitant la création d’unités d’emballage et de conditionnement. Ils mettront fin à cette filière tentaculaire qui gravite autour de ce produit aux mille vertus.

D’ici là, les quelques familles qui continuent de perpétuer une activité héritée depuis des millénaires, continueront à se satisfaire de ce que donnera la nature.