Les incidents enregistrés hier à l’intérieur de la Cour d’Oran ont suscité une vague de condamnations de la part d’organisations du secteur de la justice et de représentations politiques et de la société civile.
C’est le cas de l’Union nationale des ordres des avocats qui a dénoncé énergiquement et condamné, dans un communiqué, «l’assaut des services de sécurité» dans la Cour d’Oran pour évacuer les magistrats qui refusaient de libérer leurs bureaux, suite au dernier mouvement opéré par le ministère de la Justice. En effet, dans un communiqué signé par son président, Ahmed Sai, l’Union nationale des ordres des avocats (UNOA) a dénoncé le «comportement» de la force publique qu’elle considère comme une «atteinte dangereuse à la souveraineté du pouvoir judiciaire» et une «attitude inacceptable sous quelque prétexte que ce soit». L’UNOA rappelle pour l’occasion que la grève des magistrats, qui a entamé sa deuxième semaine, a provoqué une paralysie dans les tribunaux, qui a eu de «grandes conséquences sur les droits et les libertés des justiciables».
Pour sa part, le bureau d’Oran de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a dénoncé ce qui s’est produit à la Cour de la première ville de l’Ouest. «Ce qui se passe à Oran en ce moment est grave, la gendarmerie a investi violemment la Cour d’Oran pour réprimer les magistrats en grève», s’est indigné la même organisation. La LADDH, tout en réitérant sa «solidarité avec les magistrats, condamne cette nouvelle escalade» et appelle au «respect des droits humains». «Il n’y a rien qui justifie ce recours à la force contre des magistrats qui ne rappellent que le respect du droit», a indiqué la LADDH, selon le partage de son vice-président Saïd Salhi.
De son côté, l’avocat Ahmine Noureddine a condamné l’agression dont ont fait l’objet des magistrats dans la Cour d’Oran, estimant «impératif» d’apporter soutien et solidarité pour parvenir aux objectifs recherchés, à savoir «l’indépendance de la justice et l’Etat de droit». Le même avocat a plaidé à une «consécration effective de la séparation des pouvoirs».
Le parti de Jil Jadid a fait part, quant à lui, de son inquiétude d’une telle évolution. «La dégradation dangereuse de la relation entre les magistrats et leur tutelle, avec l’intrusion de la force publique dans le conflit, engage l’Algérie dans une spirale inquiétante au plus haut point», a indiqué Soufiane Djilali, président du parti.
Ce dernier a indiqué, qu’en «ces moments d’incertitudes, le pays a besoin d’être écouté», relevant que «le jusqu’au-boutisme et la force ne sont pas une solution».
De son côté le club des magistrats, qui dénonce un «comportement lâche», affirme que c’est un «précédent dans le monde». «Cela dénote du degré du narcissisme et de la dictature que subissent les magistrats et qui est arrivé jusqu’à la réquisition de la force publique pour réprimer par l’agression des juges et des procureurs de la République dont le seul tort est d’avoir voulu s’affranchir effectivement d’un ministère brutal», ajoute-t-il.
Fayçal Djoudi