Azazga :Une petite ville qui a tout l’air d’une grande

Azazga :Une petite ville qui a tout l’air d’une grande

Azazga grouille de monde. Ses artères qui percent pour ainsi dire sa forêt de béton sont assaillies à longueur de journée de véhicules, lui donnant ainsi l’aspect d’une ruche. L’activité y foisonne. Les commerces ne désemplissent pas. Même en milieu de journée, lorsque le soleil est à son zénith et que la chaleur estivale rend l’atmosphère inhospitalière, Azazga sait se montrer généreuse. Ses restaurants, dont la réputation transcende largement ses frontières, attirent les fins gourmets de toutes parts.

Porte de l’est de la Kabylie, elle ouvre grande et belle la voie vers l’évasion. Vers le verdoyant Yakourène et la route sinueuse menant à Béjaïa, ciselée d’entre les forêts et les massifs majestueux qui se croisent et se décroisent au gré d’un relief rebelle, chanté et immortalisé par la poésie kabyle. Azazga a gagné son rang de ville même lorsqu’elle était village. Son marché hebdomadaire attirait et attire encore les villages les plus reculés. Chaque samedi, elle se pare de riches étals sur lesquels les produits de consommation et d’autres utilités s’arrachent dès l’aube. La concurrence qui met aux prises les commerçants de cette mythique place de négoce semble déborder à longueur de la semaine et la fièvre s’est emparée de tout le circuit commercial de l’agglomération.

« J’habite à Lyon et je travaille depuis 30 ans dans la restauration. Ma foi, ici à Azazga on prépare de la bonne nourriture », confie un émigré venu en famille déjeuner dans un des restaurants familiaux de la ville. Trouver une table vide à midi relève presque de l’impossible. Slalomant à pas rapides entre les tables, les garçons de salle, toujours souriants, se plient en quatre pour satisfaire le moindre désir de leurs hôtes. Si un problème surgit, il est de suite pris en charge et réglé en un quart de tour. Le patron derrière sa caisse enregistreuse, et malgré la pression du boulot, trouve invariablement le temps d’échanger quelques mots avec ses clients. « Mon plaisir, c’est de voir le client satisfait. C’est ma devise. On ne change jamais les bonnes recettes, au sens figuré comme au sens propre », affirme un restaurateur avec une note d’humour. L’ambiance détendue, où le client se sent vraiment roi, entoure, a priori, les tables de tous les restaurants, du moins ceux que nous avons visités.

« Avec la concurrence qui règne, il nous est difficile de fidéliser les clients. Alors on essaye tout le temps d’innover en intégrant de nouveaux plats dans le menu, ou en réduisant les prix », confie un autre patron. Et d’ajouter : « Par exemple, je ramène plusieurs ingrédients de l’étranger pour mieux réussir mes plats ». Avec tant de concurrence, le client est par implication gagnant à tous les coups. « Pour ne rien vous cacher, j’ai fait la tournée des restaurants pour dénicher les meilleures propositions de menus. Si les plats proposés ne diffèrent pas trop, on peut trouver en revanche des prix abordables pour un très bon service », révèle un père de famille d’Alger qui fait souvent escale à Azazga. Ville de transit par excellence, Azazga, avec sa situation géographique qui fait d’elle un carrefour immanquable, accueille chaque jour des centaines de visiteurs. Sentant a priori le filon, des investisseurs y ont développé des activités dans différents créneaux commerciaux. N’étant pas en reste, des concessionnaires de voitures jalonnent la ville, et les supérettes, même des grandes surfaces, y trouvent leur compte.

Les banques n’y manquent pas. « J’ai bien fait de passer par là, car j’ai pu retirer de l’argent d’un DAB qui m’a servi à acheter un ordinateur portable vendu en promotion dans la ville. J’ai fait une bonne affaire », raconte une commerçante d’Alger qui a programmé de passer quelques jours de vacances dans son village natal à Yakourène. Transiter par Azazga pour aboutir à Yakourène n’est plus un passage obligé. Avec l’ouverture de l’évitement de la ville, une voie express relie directement Tizi Ouzou à la sortie est d’Azazga. Le trajet, on l’effectue en une demi-heure à l’aise. Seulement, la section commençant après l’intersection allant à Tizi Bouchène jusqu’en amont de l’hôpital, oblige souvent les anciennes voitures à s’arrêter, le temps que la température du circuit de refroidissement du moteur baisse. « Je préfère passer par l’ancienne route pour éviter des misères à ma vieille voiture.

C’est aussi pour moi une opportunité pour faire le plein d’achats à Azazga », précise un retraité de Béjaïa, rencontré dans un restaurant à Azazga, qui vient de rendre visite à son fils habitant Boumerdès. Bien que la voie express ait réduit largement le temps des trajets et offre aux usagers toute latitude d’éviter les encombrements de l’ancienne route, la ville d’Azazga garde toujours dans son giron, le temps d’une pause, des centaines, pour ne pas dire des milliers de personnes qui transitent à travers ses contrées. Cette relation n’est pas près de s’estomper tant ses enfants redoublent d’ingéniosité pour perpétuer sa réputation d’havre d’accueil et de place de négoce par excellence.