Baha Eddine Tliba fait encore parler de lui,Un député agresse un journaliste à l’APN

Baha Eddine Tliba fait encore parler de lui,Un député agresse un journaliste à l’APN

Du FND au FLN, il n’y a qu’un pas. La ch’kara fera le reste…

Au lieu d’agresser les journalistes, les députés feraient mieux de faire une déclaration de patrimoine conformément à l’ordonnance relative à la déclaration de patrimoine et au statut de député.

Un acte d’agression contre un journaliste s’ajoute à la longue liste d’agressions commises contre les hommes de la presse. La scène s’est déroulée le 4 juin 2013 dans l’enceinte de l’Assemblée populaire nationale (APN), à l’occasion du discours prononcé par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, devant les députés. La victime est Farouk Batiche, reporter photographe à l’Agence France Presse (AFP). L’agresseur n’est autre que le député du Front de libération nationale (FLN), Baha Eddine Tliba Ce «personnage à frasques qu’un malheureux concours de l’histoire a indûment propulsé au rang de député», pour reprendre le communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ) «s’en est pris d’une manière vulgaire au reporter photographe alors qu’il assurait la couverture du discours du Premier ministre turc».

Ainsi, après les procès faits par certains députés contre les journalistes qui viseraient la déstabilisation du pays, ce parlementaire passe aux actes «concrets» en s’en prenant directement aux représentants de la corporation. Plus grave, cet incident malheureux s’est produit au sein d’une institution dont la mission est de contrôler l’action du gouvernement (quelle noble mission) et de donner âme aux aspirations populaires à travers les propositions de lois et les questions adressées aux membres du gouvernement.

On a beau chercher dans les textes régissant le fonctionnement et les attributions des députés, on n’a jamais trouvé un article qui leur confère la prérogative d’agresser les citoyens, les agents de l’administration ou les journalistes. Ces députés feraient, en effet, mieux d’ouvrir des permanences au niveau de leur circonscription pour recueillir les doléances de leurs concitoyens et d’en défendre les droits. Ils seraient également bien inspirés de faire une déclaration de patrimoine en début et en fin de mandat conformément à l’ordonnance relative à la déclaration de patrimoine.

C’est aussi une obligation inscrite dans le statut de député. Ils seraient aussi bien inspiré de faire leur travail de député au lieu d’exercer des pressions sur le président de l’APN pour des augmentations salariales. Dans le cas des députés FLN, ils sont allés jusqu’à envisager de pousser le président de l’APN à la démission, après avoir gelé la décision de l’augmentation. Le SNJ, qui annonce une action en justice contre le député Baha Eddine Tliba, a demandé l’entame, sans délai, de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire pour que la justice puisse se pencher sur son cas. Dans la Constitution algérienne, trois articles traitent de l’immunité parlementaire dont l’ambiguïté est savamment entretenue.

En effet, la Constitution protège le député dans l’exercice de son pouvoir législatif. Elle ne protège pas les criminels, fussent-ils des députés.

L’article 109 de la loi fondamentale édicte que les députés «ne peuvent faire l’objet de poursuite, d’arrestation ou en général de toute action civile ou pénale ou pression, en raison des opinions qu’ils ont exprimées, des propos qu’ils ont tenus ou des votes qu’ils ont émis dans l’exercice de leur mandat». Clair, net et précis.

L’agresseur du photographe de l’AFP n’est pas réputé pour des prises de positions politiques ou les dénonciations des dérives gouvernementales. Il est connu pour autre chose que ça. Faut-il rappeler que le député a été élu sur la liste du Front national démocratique (FND) à Annaba avant de passer au FLN. Dans le site de l’APN, ce député appartient toujours au FND.

L’article 110 de la Constitution stipule que les poursuites ne peuvent être engagées contre un député ou un membre du Conseil de la Nation, pour crime ou délit, que sur renonciation expresse de l’intéressé ou sur autorisation, selon le cas, de l’APN qui décide à la majorité de ses membres la levée de son immunité. A se demander dans ce sens pourquoi l’APN protège ces individus?

Pour le SNJ, à travers l’entame de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire de l’agresseur «il y va de la crédibilité même de cette institution dont l’image est plusieurs fois ternie par les agissements néfastes de ce récidiviste». De quelle crédibilité s’agit-il?